Préparation de la conférence de Paris sur le climat

La France mise sur les énergies renouvelables

9 mai 2014, par Céline Tabou

Le ministre des affaires étrangères et du développement international, Laurent Fabius, a été entendu, mardi 6 mai, par les membres de la commission des Affaires étrangères et la commission du développement durable sur la préparation de la Conférence de Paris 2015 sur le climat.

A cette occasion, Raymond Val, président de la Commission développement durable, a tenu à rappeler qu’en 2001, « c’est Paul Vergès, qui a créé l’Observatoire National sur les Effets du Réchauffement Climatique, l’ONERC en relation avec le GIEC » qui « fournit des documents intéressants » afin d’essayer « d’évaluer ce que cela couterait si on ne faisait rien face aux changements climatiques et inversement, le coût de l’action si on commence assez tôt dans une forme de prise de conscience et d’action ».

Réconcilier écologie et économie par le bas carbone

Après avoir évoqué le degré d’urgence et les opportunités d’agir pour lutter contre les changements climatiques, Laurent Fabius a mis en avant une « ligne directrice » qui sera suivie lors de la Conférence internationale sur le Climat à Paris en 2015. Prenant appui sur « la principale préoccupation » du GIEC, le ministre a mit en avant « le triplement, voir quadruplement de la production d’énergie sobre en carbone ».

Laurent Fabius a expliqué que « dans un monde où le coût des sources énergétiques » est de plus en plus élevé, et « où les énergies renouvelables évoluent rapidement », « où les conséquences des énergies fossiles sur la santé sont de plus en plus clair », « où l’innovation du bas carbone commence à réconcilier écologie et économie », il est important de « voir une chance à saisir, c’est à dire une contrainte redoutable, mais une chance ».

Le ministre a ainsi indiqué que le gouvernement s’engagera lors de la Conférence de Paris à mettre en exergue la solution d’une « production d’énergie sobre en carbone ». Face aux nombreuses préconisations présentées par les récents rapports du GIEC, Laurent Fabius a assuré que « si l’on reste inactif, on va léguer à nos enfants un monde en rupture avec celui que l’on a connu, dangereux et extrêmement difficile à vivre ». Cependant, une ligne directrice a été choisie par l’Etat Français pour ParisClimat2015.

Aller vers un accord juridiquement contraignant

Mitigé face à la nécessité d’un engagement commun lors de la conférence, Laurent Fabius a aspiré à ce que « les grands pays et les plus petits pays voient dans l’économie sobre en carbone une voie alternative de développement ». « L’enjeu de l’accord universel à Paris est de fournir un cadre, mettre en place des outils pour agir ensemble, mieux et plus vite » a-t-il expliqué.

De plus l’un des points essentiels des négociations, pour le ministre est « d’aider les pays en développement à s’adapter et s’engager sur une voie d’un développement durable par le transfert de technologie et la mise en place d’un financement notamment à travers un fonds vert"’, a indiqué Laurent Fabius, devant les sénateurs, médias et membres de la Commission développement durable du Sénat.

L’accord pour Laurent Fabius « est clair », il doit s’agir « d’un accord applicable à tous, juridiquement contraignant et comportant des engagements de réduction d’émission, compatible dans la durée avec une réduction maximum de 2° ». Les résultats du GIEC ont assuré que pour parvenir à limiter le réchauffement de la planète à 2 °C avant la fin du siècle, les Etats doivent lancer une véritable révolution économique.

Céline Tabou

Trois axes pour la Conférence de Paris


Pour le ministre, le cadre juridique sera « si on y parvient, une première dans l’histoire des négociations climatiques ». Pour lui, la conférence de Durban (2011) a « forgé une vision collective de ce à quoi pourrait ressembler un accord utile », la conférence de Paris sera axée sur trois principes pour Laurent Fabius :

- « la mise en place d’un cadre robuste de règle et mécanisme pour garantir la transparence sur sa mise en œuvre, c’est à dire garantir des engagements à Paris, qui ne seront pas des paroles en l’air, et permettre le renforcement et l’évolution des le temps des engagements nationaux" ;

- « des engagements de réduction des émissions de gaz à effet de serre déterminer nationalement. La flexibilité doit être une caractéristique clé », c’est à dire ne pas seulement agir sur le papier, qui devient par la suite obsolète après signature mais que cet accord puisse accueillir des engagements successifs sans renégociation de l’ensemble d’entre elles ;

- enfin, « Paris sera le moment de cristallisation d’initiative » de l’ensemble des acteurs concernés afin de « montrer que la lutte contre le dérèglement climatique est possible mais non seulement souhaitable » pour apporter une soutenabilité de la croissance et du bien être.

Laurent Fabius oublie les Etats insulaires


Evoquant les enjeux pour les pays mondiaux et les engagements pris par la Chine, les Etats-Unis et entre autre le Brésil, le ministre des affaires étrangères n’a pas cité une seule fois la situation des Etats insulaires, qui s’inquiètent face à « un désastre aux proportions gigantesques ». Ces Etats représentent 28% des pays en développement et 20% de tous les pays membres de l’ONU, soit moins de 1% de la population mondiale. En 2012, Michel Jarraud, secrétaire général de l’Organisation météorologique mondiale avait assuré que « ces milliards de tonnes de CO2 additionnels dans notre atmosphère vont rester pendant des siècles, et réchauffer encore plus notre planète, et cela aura des répercussions sur tous les aspects de la vie sur terre ».

Du point de vue français, les Outremers doivent faire face à ce défi mondial et parvenir à s’adapter à ces changements climatiques avérés et prouvés. A l’annonce de l’organisation de la Conférence de Paris, le sénateur Paul Vergès a interpellé l’opinion réunionnaise, les élus de La Réunion et des départements d’Outremer, les représentants institutionnels et la société civile à peser sur cette conférence. Car les îles sont les premières victimes des changements climatiques. En effet, pour les représentants d’organismes sur l’environnement, pour réduire les émissions de gaz à effet de serre et éviter la catastrophe, il faut « utiliser les moyens » existants tels que « l’hydraulique, l’alizée, l’éolien, le soleil, la canne à sucre et sa bagasse, le volcan, où on a découvert une ressource en eau, l’océan ». Des ressources dont disposent les Outremers et qui ont été pour La Réunion, un moyen d’exceller mondialement, avec le programme Gerri, aujourd’hui totalement remis en cause.

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Messages

  • Je constate hélas que notre ministre des affaires étrangères oublie que l’énergie nucléaire est beaucoup moins polluantes que les soit disant énergies renouvelables dont la plupart sont intermittentes comme le vent et le solaire et exigisent pour assure le back up d’avoir recours à des centales à gaz ou pire à des centrales au charbon comme en Allemagne ou au Danemark, ces pays "verts" qui ont vu leurs émissions de CO2 en 2013 augmenter respectivement de 2 et4,8 %, alors que notre pays et on se doit de le clamer quand on est ministre des affaires étrangéres est le pays qui produit le moins de tous les pays du monde pour son électricté

    Hélas nos chers politiques parlent sans savoir

    C.RINGOT
    Ancien expert à la Direction de l’Energie de la Commission Européenne

  • La catastrophe économique et écologique de l’Energiewende ne vous suffit-elle pas à ouvrir les yeux ? Même le SPD (socialiste allemand) du même bord que le Ministre, tant Schröder que S.Gabriel reconnaissent que leurs subventions pour l’énergie renouvelable conduisent à un triple échec :
    1- Le CO² ne baisse pas mais monte à cause de leur variabilité incontrôlable,
    2- Les coûts explosent (750€/an et ménage) pour seulement 13% du courant fourni,
    3- 500 milliards d’€ investis pour RIEN qui auraient pu servir pour d’autres utilisations (hôpitaux, écoles, routes, gardes d’enfants, etc...).
    Alors ? Voulez vous qu’on se souvienne de vous comme des incapables de résister aux pressions de vos 1.6% de votants "amis et EELV" alors que vous avez assez de réserves de majorité au Parlement pour les faire taire ?

  • Le ministre dit que les renouvelables évoluent rapidement toutefois il faut noter que le photovoltaïque est né dans les années 70 soit il y a près de 40 ans alors que le nucléaire a mis 25 ans entre ZOé (1950, énergie 0) et les PWR des années 75 pour devenir mature donc compétitif. Il faut admettre que nous avons affaire à un problème structurel du renouvelable. Des énergies diffuses existent à profusion (vent, soleil,vagues) mais étant très peu concentrées sont très chères à utiliser et on ne voit pas à un horizon raisonnable comment elles pourraient devenir compétitives ; il faut des subventions publiques pour que leur utilisation perdure. La CSPE serait mieux employée si elle finançait de la R&D plutôt que de servir à fabriquer en série des kWh très chèrement surpayés par les consommateurs.


Témoignages - 80e année


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