Les effets du changement climatique laissent les experts perplexes

La France se réchauffe plus que prévu

21 octobre 2022

Les émissions de gaz à effet de serre ne baissent pas drastiquement, les températures en France pourraient augmenter en 2100 de 3,8 °C en moyenne par rapport au début du XXe siècle.

Des chercheurs du CNRM (Centre national de recherches météorologies) et du CNRS ont établi que la température moyenne en France en 2100 pourrait connaître une hausse 50 % plus élevée que les précédentes estimations.

Les chercheurs ont exposé quatre scénarios d’évolution des émissions, sans savoir exactement quelles quantités de gaz à effet de seront émises au cours du siècle. Dans le « scénario médian », où les émissions de gaz à effet de serre devraient stagner jusqu’en 2060 puis décroître, le réchauffement devrait donc atteindre 3,8 °C en France en 2100.

Dans le scénario le plus optimiste, avec une baisse rapide et immédiate des émissions globales, le réchauffement national serait de 2,3 °C à la fin du siècle. À l’inverse, l’absence totale d’effort pour réduire les rejets de CO2 va conduire à + 6,7 °C en 2100.

Dans tous les scénarios, la hausse des températures serait plus élevée au cours de l’été que de l’hiver : des étés très chauds et secs ; et des hivers plus cléments, freinant l’agriculture avec une floraison plus précoce et une période de gels comme ces deux dernières années. Cet état de fait risque de devenir la règle, voire même de s’aggraver dans le futur.

Ces résultats ont été publiés le 4 octobre dans la revue Earth Systems Dynamics, par des chercheurs qui ont indiqué qu’en 2020, la température moyenne en France était déjà en hausse de 1,7 °C.

Ce chiffre est plus élevé que le +1,1 °C à +1,2 °C enregistré pour l’ensemble de la planète. La raison de cette différence s’explique par le fait que le réchauffement est moindre sur les océans et autour de l’Équateur. Cependant, il est plus marqué sur les terres émergées aux latitudes moyennes et encore davantage aux pôles.

Aurélien Ribes, chercheur spécialisé sur le climat au CNRM et premier auteur de la publication, a expliqué que pour établir la prévision pour la France, il leur a fallut «  utiliser les données apportées par les observations d’une trentaine de stations météorologiques depuis 120 ans ».

Ces observations ont été liées aux modèles du climat les plus récents du Giec (Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat). Les résultats ont montré qu’il y a une concordance entre les prévisions et les mesures. Cependant, au cours des 40 dernières années, les relevés de températures étaient plus élevés que celles prédites par les modèles.

Ce décalage s’explique la pollution atmosphérique, protectrice contre le réchauffement jusque dans les années 1980 avant la mise en place de stratégies publiques efficaces. "Cet impact des aérosols qui a limité le réchauffement dans une large partie du monde est connu depuis de nombreuses années", a expliqué Aurélien Ribes.

"Mais il s’agit de la première étude d’attribution en France qui montre qu’il y a eu un effet ’parasol’ de ces polluants atmosphériques qui a masqué la quasi-totalité du réchauffement climatique lié aux émissions de gaz à effet de serre jusque dans les années 1980 dans l’Hexagone", a indiqué ce dernier.

Toutefois, les scientifiques expliquent que ces nouveaux modèles ne sont pas assez précis pour donner une idée de ce qu’il va réellement se passer région par région en France en 2100.

Les chercheurs ont fait confiance "aux dizaines de modèles du Giec qui ont une définition de mailles d’environ 100 km de côté", a indiqué Aurélien Ribes. Cependant, un prochain modèle du CNRM devrait diviser par 10 la taille de chaque maille pour prédire plus localement les impacts du réchauffement.

Ces résultats "sont très anxiogènes", selon Frédéric Hourdin, chercheur au CNRS au Laboratoire de météorologie dynamique. "Ils donnent un avenir sombre de ce qui pourra se passer. Ils doivent nous convaincre avant tout de réduire nos émissions de gaz à effet de serre le plus tôt possible. La machine climatique a une énorme inertie. Même si nous arrêtions demain d’émettre des gaz à effet de serre, le réchauffement se poursuivra pendant vingt ou trente ans", a précisé le scientifique.


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