Une personne disparue et d’importants dégâts à La Réunion

La houle rappelle une priorité : adaptation au changement climatique

24 juillet 2017, par Manuel Marchal

Une personne portée disparue et d’importants dégâts à cause de la houle dimanche, la vulnérabilité de La Réunion est une fois de plus rappelée. La vigilance forte houle est maintenue jusqu’à ce matin.

Au cours de ces derniers jours, l’Ouest et le Sud de La Réunion étaient sur la trajectoire d’un important train de houle. Le pic de ce phénomène a eu lieu hier, avec des vagues de près de 10 mètres. Météo France a décidé de maintenir la vigilance forte houle jusqu’à ce lundi à 8 heures.

Hier, une personne sortie en mer pour faire du paddle a été portée disparue. Plusieurs maisons situées sur le littoral de Saint-Louis ont été touchées à des degrés divers, et des blessés sont à déplorer. À l’heure de l’internet mobile, l’arrivée de la menace était connue à l’avance. Cela n’a pas malheureusement empêché la disparition d’une personne, alors qu’à Saint-Louis on a frôlé le drame.

Gageons que cet épisode puisse accélérer la prise de conscience de la vulnérabilité de notre île et de sa population aux dégâts de la mer. En effet, la houle est une des manifestations des cyclones, et La Réunion est une île tropicale. Pareille catastrophe ne manquera pas de se reproduire, avec des dégâts qui pourront être plus importants.

Le monde connaît une augmentation des phénomènes climatiques extrêmes liés au changement climatique. Le réchauffement des températures a deux conséquences directes pour notre île : la hausse du niveau de la mer et la fragilisation du récif corallien.

L’aménagement du territoire de notre île a conduit à concentrer près du littoral la majorité de la population et des équipements. Chaque année, la vulnérabilité est plus grande à cause du réchauffement climatique. La hausse du niveau de la mer renforcera la puissance des vagues, tandis que la barrière coralienne ne pourra plus aussi efficacement protéger nos côtes en raison de son affaiblissement à cause du blanchiment des coraux causé par l’augmentation de la température de l’océan. Ce sont donc des zones littorales fortement peuplées qui seront toujours plus menacées par les dégâts des eaux.

Alerte lancée depuis 20 ans

Cela fait près de 20 ans que Paul Vergès avait à l’époque alerté sur les effets à venir du changement climatique. Au cours de ces 20 dernières années, ces prévisions se sont vérifiées, avec l’augmentation des phénomènes extrêmes comme les vagues de chaleur, les cyclones très intenses ou la fonte des glaciers. Paul Vergès avait mené cette bataille sur le terrain politique, en faisant voter à l’unanimité une loi faisant de la lutte contre les émissions de gaz à effet de serre une priorité nationale. De cette loi a découlé la création de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) présidé jusqu’en novembre dernier par Paul Vergès.

Une des missions de l’ONERC est d’inciter les collectivités à proposer des actions pour l’adaptation au changement climatique. À La Réunion, la priorité est de protéger la population du littoral. À défaut de pouvoir relocaliser des dizaines de milliers d’habitants, il est essentiel de trouver un moyen de les mettre en sécurité. S’adapter au changement climatique à La Réunion suppose également de ne plus construire dans des zones à risque. Or il s’avère que la plus importante opération d’urbanisation est une ville nouvelle devant accueillir plusieurs dizaines de milliers d’habitants dans une plaine littorale, à Cambaie. Force est de constater que l’investissement qui absorbe le plus de crédits publics est le projet d’une route en mer de 12 kilomètres entre Saint-Denis et La Possession. De plus, il est envisagé de construire un nouveau port dans l’Est alors que des fonds publics seraient mieux utilisés pour assurer la protection du port de commerce actuel, qui suffit déjà largement aux besoins de La Réunion.

La houle du week-end dernier rappelle l’importance de construire à mi-pente plutôt que sur le littoral.

L’exemple de la route des Tamarins

Le changement climatique est déjà enclenché, ces conséquences sont connues et ce ne sont pas des arrêtés ponctuels d’interdiction de circuler qui règleront le problème de manière durable.

Les dégâts d’un train de houle soulignent que l’adaptation au changement climatique doit être une donnée essentielle à La Réunion. Cette adaptation est possible. La route des Tamarins en est l’illustration. Elle permet de sécuriser la liaison entre l’Ouest et le Sud de l’île et donc de désenclaver la moitié de la population de La Réunion. Auparavant, les usagers voulant se rendre du Sud au Nord étaient tous vulnérables aux chutes de pierre du cap Lahoussaye, et aux inondations de la route au niveau de La Saline en cas de fortes pluies. La création de la route des Tamarins a permis de s’adapter à ces phénomènes, tout en créant une infrastructure qui ne pourra pas être touchée par les conséquences de la montée du niveau de la mer.

L’aménagement du territoire de La Réunion a besoin d’une autre politique pour que notre île puisse s’adapter au changement climatique. L’existence de la route des Tamarins souligne que les Réunionnais sont capables de faire des propositions allant dans ce sens et de les concrétiser. Souhaitons que cette voie tracée notamment par Paul Vergès puisse se poursuivre.

M.M.

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