La Chine et les États-Unis ratifient l’Accord de Paris, adoption définitive sans doute d’ici la fin de l’année
La jeunesse connaîtra une nouvelle civilisation
6 septembre 2016, par Manuel Marchal
Samedi peu avant l’ouverture du sommet du G20 à Hangzhou en Chine, les présidents de la Chine et des États-Unis ont présenté au secrétaire général de l’ONU les documents ratifiant l’Accord de Paris dans leurs pays respectifs. Cette démarche est essentielle dans la mise en application du texte adopté dans la capitale française l’an dernier lors de la COP21. Pour que l’accord s’applique, il doit être ratifié par un minimum de 55 pays, dont la somme des émissions de gaz à effet de serre correspond à 55 % du total mondial.
La Chine et les États-Unis sont les deux premières puissances économiques du monde, ce sont également les deux pays qui émettent le plus de gaz à effet de serre. Avec leur ratification, le seuil des 55 % se rapproche. En effet jusqu’à samedi, les pays qui ont ratifié étaient responsables d’une faible part de la pollution de l’atmosphère. Les premiers États étaient pour la plupart des îles, soit les pays les plus vulnérables aux effets du changement climatique.
Choix décisif de la Chine et des États-Unis
« Avec la Chine et les Etats-Unis accomplissant cette étape historique, nous avons maintenant 26 pays qui ont ratifié l’accord et 39% des émissions mondiales comptabilisées, pour être exact », a précisé le Secrétaire général de l’ONU, se déclarant optimiste de voir 29 autres pays représentant 16% des émissions mondiales ratifier l’accord et le faire entrer en vigueur avant la fin de cette année.
Cette question a d’ailleurs été abordée lundi lors de la conférence de presse clôturant le sommet du G20. Le président chinois Xi Jinping a déclaré devant des journalistes que les membres du Groupe des 20 (G20) s’étaient engagés à faciliter l’entrée en vigueur au plus tôt de l’Accord de Paris. ’Nous sommes tous d’accord de donner l’exemple en appliquant l’accord’, a-t-il indiqué. Ces faits illustrent une marche irréversible vers l’application de l’Accord de Paris. Les deux premières économies du monde ont pris une décision. Les autres vont suivre. La prise de conscience se traduira maintenant dans des actes, afin que la lutte contre le changement climatique soit prise en compte dans les politiques publiques de tous les États de la planète.
Agir vite
Le traité signé dans la capitale française fixe des objectifs ambitieux. Le but est de limiter la hausse de la température moyenne sur Terre à 1,5 degré par rapport à son niveau de l’époque préindustrielle, soit le milieu du 19e siècle. Aujourd’hui, cette hausse est d’environ 1 degré. Cela suffit pour causer d’importants dérèglements. L’année 2015 a été la plus chaude jamais mesurée, et 2016 suit la même tendance. La chaleur provoque la sécheresse dans notre région. Plus d’un million de personnes souffrent de pertes de récolte à Madagascar, elles sont au bord de la famine. Les Philippines, Vanuatu et Fidji ont subi le passage de cyclones les plus puissants jamais mesurés. Les conséquences se font ressentir chez les pollueurs historiques. En France, la production de blé baissera de 30 % cette année. Aux États-Unis, les pompiers peinent à faire face à d’importants feu de forêt tandis qu’en Louisiane, des inondations posent le problème de la reconstruction dans des zones qui n’étaient pas auparavant touchées par de tels phénomènes.
Tout changer en quelques décennies
La limitation de la hausse de la température moyenne à 1,5 degré devra s’accomplir au moment où des continents entiers connaissent la transition démographique qui avait touché l’Europe au 18e et 19e siècle. Sur le Vieux continent, cette hausse rapide de la population s’était accompagnée par le recours massif aux énergies fossiles pour développer l’économie, et par la colonisation du monde. Au cours de ce siècle, cette transition démographique aura des effets bien plus importants. La population de l’Afrique notamment va doubler, elle dépassera 2 milliards d’habitants. Madagascar ne comptait que 4 millions d’habitants en 1946 quand La Réunion a cessé d’être une colonie. 70 ans plus tard, elle abrite 24 millions de personnes. Sa population atteindra 40 millions d’habitants en 2040 et dépassera 50 millions en 2050.
L’accord de Paris signifie que pour assurer le développement des 10 milliards d’êtres humains qui peupleront la Terre au cours de la seconde moitié de ce siècle, les dirigeants du monde se sont entendus sur la nécessité de rompre avec l’utilisation des énergies fossiles qui avaient jusqu’alors appuyé la croissance économique. C’est donc la recherche d’un nouveau modèle de développement basé sur les énergies renouvelables. Cette transformation devra s’opérer dans un délai très court à l’échelle de l’histoire : la jeunesse d’aujourd’hui connaîtra cette nouvelle civilisation.
La Réunion fait partie du monde
Ce changement aura lieu à l’échelle du monde, tel est l’engagement pris et les politiques devront s’adapter dès l’année prochaine partout. La Réunion n’y échappera pas. Elle doit donc dès maintenant se préparer à revenir à la politique d’autonomie énergétique menée entre 1998 et 2010 par la Région Réunion. Cela signifie en particulier revoir toute la politique des transports, responsable de plus de la moitié des émissions de gaz à effet de serre de La Réunion. Dans les conditions créées par l’application de l’accord de Paris, la priorité doit donc être mise sur la reconstruction du chemin de fer et non pas sur celle d’une route en mer et d’un tunnel à l’entrée de Saint-Denis pour la raccorder au réseau routier existant. En effet, une telle réalisation ne ferait que favoriser la consommation d’automobiles et d’énergies fossiles. Elle irait à l’encontre de l’Accord de Paris.
À côté de l’arrêt nécessaire de ce chantier, il est important de se préparer dès maintenant à la transformation de La Réunion en île autosuffisante sur le plan énergétique grâce au soleil, au vent, à la chaleur du volcan, à la force de l’eau et de l’océan. Jusqu’en 2010, l’ARER avait défriché plusieurs pistes. Dans notre île, plusieurs communes sont déjà à énergie positive, dont Sainte-Suzanne. C’est toute un pan de notre économie qui est à construire, ce sont des formations à mettre en place et une éducation à revoir pour que, conformément à l’Accord de Paris, la lutte contre le changement climatique soit une priorité.
M.M.
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