Un État menacé de disparition saisit la justice

La Micronésie dénonce les effets d’une centrale thermique tchèque

30 mai 2011

La Micronésie est un pays de 110.000 habitants menacé à court terme par les effets du changement climatique. À cause de la montée du niveau de l’océan, le pays risque de disparaître, et que deviendra son peuple ? Alors quand un industriel tchèque annonce qu’il poursuit l’exploitation d’une centrale thermique, la Micronésie demande à la justice d’intervenir.

Une étude d’impact, c’est la demande que la Micronésie, un État du Pacifique, a faite auprès de la justice. Cette étude concerne la prolongation de l’exploitation d’une centrale thermique en République tchèque. Le propriétaire de la centrale est la plus grande entreprise d’Europe centrale, CEZ. C’est un géant qui joue dans la cour d’EDF. Mais cela n’a pas empêché un pays de 110.000 habitants de demander des comptes, alors que la centrale en cause est située dans un autre hémisphère, à plus de 10.000 kilomètres de la Micronésie.
Ce recours est basé sur une réalité. Dans le changement climatique, les pollueurs ne sont pas les payeurs pour le moment. En effet, les pays les plus touchés par les effets du changement climatique sont de très faibles émetteurs de gaz à effet de serre. Et pour certains d’entre eux, la question de la disparition dans les décennies qui viennent est plus qu’une éventualité si jamais la pollution persiste.

Demande appuyée sur le droit international

À l’autre bout de la Terre, les pays d’Europe et d’Amérique du Nord brûlent depuis plus de 150 ans des quantités considérables de charbon et de pétrole et ils continuent sur cette lancée. Or, l’Europe et l’Amérique du Nord ne sont pas menacées de disparaître sous les flots d’ici la fin du siècle.
Ce n’est pas le cas de la Micronésie qui connaît dès maintenant les effets désastreux d’un changement climatique qu’elle n’a pas provoqué. Ce sont l’érosion des côtés, et la salinisation des nappes phréatiques. La vie devient de plus en plus difficile pour les Micronésiens. Alors quand leur gouvernement apprend qu’une centrale thermique située en République tchèque devant fermer en 2020 est non seulement maintenue en activité, mais verra sa production augmenter, ils décident de saisir la justice.
L’exploitant a beau arguer que la centrale modernisée polluera moins que l’actuelle, cela ne fait pas fléchir les Micronésiens.
Pour faire aboutir leur cause, ils s’appuient un texte intitulé "Évaluation transnationale des impacts environnementaux". De plus, l’office de l’environnement des États fédérés de Micronésie a écrit au gouvernement tchèque un courrier dans lequel il estime que « chaque centrale joue un rôle important et nécessite une évaluation internationale ». « Il existe quelque 5.000 centrales semblables à travers le monde qui contribuent aux émissions globales de CO2 », souligne l’Office micronésien dans le courrier envoyé à Prague. Cette action va créer un précédent pour tous les autres petits pays confrontés au réchauffement de la planète, qui réclament une plus grande prise en compte de leur sort par les pays développés, a indiqué jeudi Greenpeace à la chaîne australienne ABC.
Et à La Réunion ?

Voilà sans doute une démarche qui fera réfléchir à La Réunion. Actuellement, EDF est en train de faire construire à côté de la mer une centrale thermique. Lors du lancement du projet, son objectif était de remplacer l’actuelle centrale qui n’allait bientôt plus être aux normes. Cela signifie que c’est une opération de modernisation visant à prolonger la vie d’une centrale thermique en la délocalisant. À cela s’ajoutent les déclarations dans la presse du directeur régional d’EDF en décembre dernier, affirmant qu’il est nécessaire de construire deux turbines au fuel dans le Sud, ce qui est une centrale thermique supplémentaire.
Non seulement ce type d’équipement augmente la dépendance de La Réunion aux énergies fossiles, mais il a aussi de très graves conséquences pour des peuples situés bien au-delà de l’horizon. Manifestement, cet impact n’a pas été pris en compte dans ce projet. Il est pourtant essentiel.

M.M.


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