Un secteur touristique en danger

La République dominicaine fait face à une prolifération de sargasses

15 juin 2023

Les sargasses sont des algues brunes à l’odeur nauséabonde qui prolifèrent dans la Répoublique dominicaine et de l’île des Caraïbes.

Les eaux du Malecon, le front de mer de Saint-Domingue, sont assombries par des algues marron que des tracteurs se pressent à ramasser. Or la prolifération des sargasses inquiète la République dominicaine qui dépend en grande partie du tourisme.

Actuellement, les zones les plus affectées sont Saint Domingue et San Pedro de Macoris, sur la côte sud du pays. Les algues pourrissent sur les plages et dégagent une odeur fétide.

Les quantités de sargasses sont plus faibles dans l’est, dans la province de Altagracia où se situent les célèbres stations balnéaires de Punta Cana et de La Romana.

Mais des rapports reçus par le ministère dominicain du Tourisme indiquent qu’en avril des sargasses étaient présents sur 42,5% des plages surveillées de cette zone touristique. En janvier seules 25% étaient impactées.

Entre janvier et mars quelque 24 millions de tonnes d’algues ont atteint les côtes dominicaines, contre 14 millions au cours de la même période en 2022. Les experts prévoient que les quantités vont encore augmenter.

« Il y a dix ans, on voyait les sargasses trois mois par an, mais aujourd’hui elles sont là presque toute l’année de mars à novembre », a expliqué le biologiste marin Andrea Valcarcel, chef de la division des laboratoires océaniques du pays.

Les hôteliers craignent que cette situation impactent leur image et le confort des touristes. Pur remédier à cela, ils paient des brigades pour ramasser les algues à Punta Cana. « Les sargasses représentent un fardeau économique majeur. La plupart des hôtels en souffrent et ont investi dans des barrières (pour empêcher l’avancée des algues) et le ramassage des algues en mer comme sur terre », a expliqué à l’Agence France Presse, David Llivre, président de l’association hôtelière.

« Si le volume continue d’augmenter, cela pourrait avoir un effet négatif » sur le tourisme, a indiqué ce dernier, alors que la République dominicaine (10,5 millions d’habitants) a accueilli 8,5 millions de visiteurs en 2022.

Depuis une douzaine d’années, ces algues brunes envahissent les littoraux des Caraïbes, de Guyane, d’Amérique centrale, du Golfe du Mexique, mais aussi de Côte d’Ivoire, du Bénin ou du Togo.

Elles étouffent la biodiversité et posent des problèmes sanitaires en raison des dégagements de gaz nocifs pour la santé (sulfure d’hydrogène, ammoniac) suite à leur décomposition, mais également environnementaux et économiques.

Les causes de leur prolifération sont encore étudiées. La hausse de l’activité agricole avec la présence de fertilisants dans les eaux, l’apport en sels nutritifs liés à la déforestation de l’Amazonie, la modification des courants, les brumes du Sahara ou le réchauffement climatique sont les pistes les plus évoquées pour expliquer la présence de ces sargasses.

Les sargasses perturbent également la production d’électricité en République dominicaine, où au moins 1.200 mégawatts sont produits dans des centrales thermiques utilisant de l’eau de mer. Certaines centrales sont d’ailleurs obligées de « cesser de fonctionner » ou de « réduire » leur production en raison du « risque de dommages internes dus à la pénétration des sargasses », a souligné le ministre de l’Energie Antonio Almonte.


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