À une semaine de la Conférence de Doha sur le climat : le coup de tonnerre

La Réunion au cœur de la catastrophe climatique

21 novembre 2012

Voici quelques extraits du résumé analytique du rapport de la Banque mondiale, intitulé ’Baissons la chaleur : pourquoi il faut absolument éviter une élévation de 4°C de la température de la planète’.

Le présent rapport s’appuie sur la littérature scientifique et des études récentes pour esquisser les conséquences probables et les risques associés à un réchauffement atteignant 4°C d’ici la fin du siècle. Il s’agit d’une tentative rigoureuse de description d’une série de risques, l’accent étant mis sur les pays en développement, et en particulier sur les populations les plus pauvres.

Un minimum en fonction des engagements déjà pris

Il est toutefois possible de prendre des mesures pour éviter que le réchauffement n’atteigne 4°C et réussir à maintenir l’élévation de la température au-dessous de 2°C.

Si des mesures et des engagements supplémentaires ne sont pas pris pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, le monde connaîtra probablement un réchauffement de plus de 3°C par rapport au climat préindustriel. Même en tablant sur une réalisation totale des engagements actuels, on peut chiffrer à environ 20% le risque d’un réchauffement climatique supérieur à 4°C d’ici 2100.

Si les promesses ne sont pas tenues, une élévation de température de 4°C pourrait intervenir dès les années 2060. De plus, si un tel réchauffement, qui s’accompagnerait d’une élévation d’au moins 0,5 à 1 mètre du niveau de la mer, est atteint d’ici 2100, il ne s’agira pas d’un point final : il faudra s’attendre à la poursuite du réchauffement qui pourrait dépasser 6°C au cours des siècles suivants (avec une montée de plusieurs mètres du niveau des mers).

Au-delà de +1,5°C, des pays disparaîtront

La communauté internationale s’est engagée à limiter le réchauffement à moins de 2°C afin d’éviter tout changement climatique « dangereux »  ; les petits États insulaires en développement (PEID) et les pays les moins avancés (PMA) ont déterminé qu’un réchauffement mondial de 1,5°C marquerait le seuil au-delà duquel leur développement, voire dans certains cas leur survie seraient sérieusement remis en cause. Or, la somme totale des mesures actuelles — en place et prévues — permettra très probablement un réchauffement nettement supérieur à ces niveaux. De fait, au vu des tendances actuelles d’émission, il est plausible que la planète connaisse un réchauffement de 4°C avant la fin du siècle.

Le monde a connu récemment une série d’événements extrêmes qui soulignent la vulnérabilité des pays en développement, mais aussi des pays riches et industrialisés.

Tout dépend des responsables politiques

Si la température de la planète devait s’élever de 4°C par rapport aux niveaux de l’époque préindustrielle (situation ci-après désignée par « planète à +4°C » ), le monde connaîtrait des vagues de chaleur sans précédent, de graves sécheresses et d’importantes inondations dans de nombreuses régions, ce qui aurait de sérieuses répercussions sur les écosystèmes et les services écosystémiques.

Une telle élévation de la température peut encore être évitée : de nombreuses études montrent qu’il existe des méthodes techniquement et économiquement applicables permettant de contenir l’augmentation de la température au-dessous de 2°C. L’ampleur des conséquences pour les pays en développement et le reste du monde sera liée aux décisions que prendront les gouvernements, le secteur privé et la société civile ainsi qu’à leurs choix (dont l’inaction fait malheureusement partie).

44%

Pourcentage des terres agricoles affectées par la sécheresse contre 15,4% aujourd’hui

9 milliards

La population mondiale minimale au moment où se produiront les plus gros changements

43%

Pourcentage de la population confrontée au manque d’eau en 2060, soit plus de 4 milliards d’humains
Un changement d’ère climatique en 100 ans

Les effets avérés du changement climatique induit par les émissions de gaz à effet de serre signalés en 2007 par le Quatrième Rapport d’Evaluation du GIEC ont continué à s’intensifier, à un rythme plus ou moins similaire.

- La concentration du dioxyde de carbone (CO2), principal gaz à effet de serre, a continué d’augmenter : de 278 ppm (parties par million) à l’époque préindustrielle, cette concentration a dépassé 391 ppm en septembre 2012, pour un taux d’augmentation actuel de 1,8 ppm par an.

- Selon les données paléoclimatiques et géologiques disponibles, la planète n’a jamais connu une concentration aussi élevée de CO2 depuis 15 millions d’années.

- Les émissions de CO2 s’élèvent actuellement à environ 35.000 tonnes par an (changement d’affectation des terres compris) et, sans nouvelles mesures, devraient atteindre 41.000 tonnes d’ici 2020.

- La température moyenne du globe a continué à augmenter et se situe actuellement à environ 0,8°C au-dessus des niveaux de l’époque préindustrielle.

Même si un réchauffement planétaire de 0,8°C peut sembler négligeable, de nombreuses conséquences ont déjà été constatées sur le système climatique, et une élévation du réchauffement de 0,8 à 2°C ou plus posera des problèmes encore plus aigus.

Par ailleurs, il est utile de rappeler qu’une augmentation moyenne de la température de 4°C représente un écart proche de celui observé entre les températures que nous connaissons actuellement et celles du dernier âge de glace, époque à laquelle une bonne part de l’Europe centrale et le Nord des États-Unis étaient couverts par des kilomètres de glace (températures moyennes inférieures d’environ 4,5 à 7°C à l’échelle de la planète). De plus, c’est sur un siècle, et non sur des millénaires, que s’observe un changement climatique d’une telle ampleur, causé par les activités humaines.
Prévision de l’impact du changement climatique sur une planète à +4°C

Les effets d’un réchauffement de 4°C ne seront pas également répartis dans le monde ; de plus, les conséquences ne seront pas une simple extension de celles entraînées par un réchauffement de 2°C. Le réchauffement le plus important concernera les terres et variera de 4 à 10°C. Une augmentation de 6°C, voire plus, des températures moyennes sur les mois d’été est à attendre dans certaines régions du monde, notamment dans la zone méditerranéenne, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et les États-Unis.

Les projections relatives à une planète à +4°C signalent une augmentation spectaculaire de l’intensité et de la fréquence de pointes de températures extrêmement chaudes. Les récentes vagues de chaleur telle que celle qu’a connue la Russie en 2010 deviendraient la nouvelle norme estivale sur une planète à +4°C. L’Amérique du Sud tropicale, l’Afrique centrale et les îles tropicales du Pacifique seraient probablement exposées à des vagues régulières de chaleur d’une amplitude et d’une durée sans précédent. Selon ce nouveau régime climatique, les mois les plus frais seraient probablement nettement plus chauds que les mois les plus chauds de la fin du XXème siècle.

Dans les régions telles que la Méditerranée, l’Afrique du Nord, le Moyen-Orient et le plateau tibétain, il est probable que la plupart des mois d’été soient plus chauds que les vagues de chaleur les plus extrêmes subies actuellement. Par exemple, dans la région méditerranéenne, le mois de juillet le plus chaud pourrait afficher une température supérieure de 9°C au plus chaud mois de juillet de la période actuelle.

Ces dernières années, les vagues de chaleur extrême ont eu des conséquences graves, entraînant des décès dus à la canicule, des incendies de forêts et des pertes de récoltes. Les conséquences pour une planète à +4°C de vagues de chaleur extrême telles que prévues dans les projections n’ont pas été évaluées, mais l’on peut s’attendre à ce qu’elles dépassent largement les effets subis jusqu’à aujourd’hui et à ce qu’elles excèdent les capacités d’adaptation de nombreux sociétés et systèmes naturels.
Conséquences les plus graves sous les tropiques

Aucun pays ne sera à l’abri des impacts du changement climatique. Toutefois, la répartition des impacts sera probablement intrinsèquement inégale et plutôt défavorable aux régions les plus pauvres du monde qui disposent de moins de moyens économiques, institutionnels, scientifiques et techniques pour y faire face et s’y adapter. Par exemple :

- même si en valeur absolue, le réchauffement s’annonce plus important sous les hautes latitudes, l’élévation de température sera plus forte sous les tropiques par comparaison avec la plage historique des températures et des extrêmes auxquels les écosystèmes naturels et humains ont déjà dû faire face et s’adapter. Les extrêmes de haute température prévus sous les tropiques sont sans précédent et auront par conséquent des effets considérablement plus importants sur l’agriculture et les écosystèmes ;

- sous les tropiques, la montée du niveau de la mer sera probablement de 15 à 20% supérieure à la moyenne mondiale ;

- l’augmentation de l’intensité des cyclones tropicaux sera probablement ressentie de manière nettement plus aiguë dans les régions de basses latitudes ;

- il faut s’attendre à une désertification et à une augmentation substantielle de la sécheresse dans de nombreuses régions en développement des zones tropicales et subtropicales.
La sécheresse s’installe

Les effets du réchauffement climatique entraînent aussi des changements de nombreux autres aspects climatiques ou environnementaux du système terrestre. Au cours de la dernière décennie, le monde a connu un nombre exceptionnel de vagues de chaleur extrême dont les conséquences ont été sévères.

Depuis les années 60, le changement climatique anthropique a augmenté la fréquence et l’intensité des vagues de chaleur, exacerbant du même coup leurs conséquences sociétales. Dans certaines régions climatiques, une augmentation de l’intensité et/ou de la fréquence des précipitations et des sécheresses extrêmes a été constatée, probablement sous l’influence des activités humaines. En 2010, la Russie a, par exemple, connu une vague de chaleur extrême qui a eu de graves répercussions négatives. Sur la base des estimations préliminaires, cette canicule a causé en Russie 55.000 décès, la perte d’environ 25% des récoltes de l’année, la destruction de 1 million d’hectares ravagés par les incendies et des pertes économiques de l’ordre de 15 milliards de dollars, soit 1% du Produit intérieur brut (PIB).

De même, la surface des régions frappées par la sécheresse a aussi considérablement augmenté au cours des cinquante dernières années, un peu plus rapidement que ne le prévoyaient les modèles climatiques. La sécheresse qui a frappé les États-Unis en 2012 a eu un impact sur environ 80% des terres agricoles, ce qui en fait la plus grave sécheresse depuis les années 50.

La production agricole a souffert de la hausse des températures : des études récentes soulignent que depuis les années 80, la production de maïs et de blé a connu une réduction significative par rapport au niveau qu’elle aurait eu en l’absence de changement climatique.
Les coraux en danger de mort

Augmentation de la concentration de CO2 et de l’acidification des océans.

Outre le réchauffement du système climatique, l’une des plus graves conséquences de l’augmentation de la concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère est liée à sa dissolution dans l’océan et à l’acidification qui en résulte. On a constaté une importante augmentation de l’acidité des océans par rapport à l’époque préindustrielle. Un réchauffement de 4°C ou plus d’ici 2100 correspondrait à une concentration de CO2 supérieure à 800 ppm et à une augmentation d’environ 150% de l’acidité des océans. L’évolution de l’acidité des eaux telle qu’elle est observée et prévue sur le prochain siècle semble ne jamais avoir eu de parallèle dans l’histoire de la Terre. On constate d’ores et déjà les conséquences négatives de l’acidification de l’eau sur les organismes et les écosystèmes marins, également exposés aux effets du réchauffement, de la surpêche et de la destruction de l’habitat.

Les coraux sont particulièrement sensibles aux changements de la température et du pH de l’eau, ainsi qu’à l’intensité et à la fréquence des cyclones tropicaux. Les récifs coralliens assurent une protection des côtes contre l’inondation, les ondes de tempête et les vagues et constituent des zones d’alevinage et d’habitat pour de nombreuses espèces de poissons. Il se pourrait que les récifs coralliens arrêtent de se développer si la concentration de CO2 s’approche de 450 ppm dans les prochaines décennies (concentration correspondant à un réchauffement d’environ 1,4°C dans les années 2030). Avant que cette concentration n’atteigne 550 ppm (soit un réchauffement d’environ 2,4°C dans les années 2060), il est probable que les récifs coralliens de nombreuses régions auront commencé à disparaître. Avec une élévation de 1,5°C de la température, une grande partie des barrières de corail sera déjà menacée par la combinaison du phénomène de blanchissement dû à la chaleur, de l’acidification de l’eau et de l’élévation du niveau de la mer. Dans certaines régions, l’extinction d’écosystèmes coralliens complets, à craindre bien avant que l’élévation de 4°C ne soit atteinte, aurait de graves conséquences pour les espèces qui en dépendent ainsi que pour les populations qui en tirent leur nourriture et leur revenu, et qui en sont dépendantes pour le tourisme et la protection des côtes.
Montée du niveau des mers, inondation et destruction des côtes

Un réchauffement de 4°C entraînera probablement une montée du niveau de la mer de 0,5 à 1 mètre, voire plus, d’ici 2100, et au cours des siècles suivants, le niveau pourrait encore monter de plusieurs mètres. Par comparaison, en limitant le réchauffement à 2°C, on observerait probablement une montée du niveau de la mer de l’ordre de 20 cm d’ici 2100. Toutefois, même si le réchauffement climatique est limité à 2°C, le niveau moyen du niveau de la mer pourrait continuer à monter à l’échelle planétaire, certaines estimations prévoyant une élévation de 1,5 à 4 mètres au-dessus des niveaux actuels d’ici l’année 2300. Pour contenir la montée des eaux au-dessous de 2 mètres, il faudrait probablement réussir à maintenir le réchauffement nettement au-dessous de 1,5°C.

L’élévation du niveau de la mer variera selon les régions : pour un certain nombre de raisons d’origine géophysique, les projections prévoient une montée plus importante de 20% sous les tropiques tandis que l’élévation du niveau des mers serait inférieure à la moyenne sous les plus hautes latitudes.

Sur les projections établies pour 31 pays en développement, deux tiers des risques totaux d’inondations extrêmes concernent 10 villes seulement. Les villes les plus exposées se trouvent au Mozambique, à Madagascar, au Mexique, au Venezuela, en Inde, au Bangladesh, en Indonésie, aux Philippines et au Viet Nam.

Pour les petits États insulaires et les régions de deltas, la montée du niveau des eaux aura probablement des conséquences bien plus graves, notamment en combinaison avec les prévisions d’accroissement de l’intensité des cyclones tropicaux dans de nombreuses régions tropicales, d’autres événements climatiques extrêmes et les effets induits par le changement climatique sur les écosystèmes océaniques (disparition des barrières protectrices par suite de l’élévation des températures et de l’acidité des océans, par exemple).
A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique Conférence de Doha sur le climat

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Messages

  • Après avoir lu votre article je me pose des questions ;que peut être vous pourriez me rpondre.LES CATASTROPHES CLIMATIQUES dpendent nous ;certes,à l’heure actuelle moi je pense que il sera très difficile de pallier à cela.Ne voyons nous pas que l’homme ne vie que de la nature ;donc il a besoin de la détruire pour vivre ?ainsi s’il faut passer la vitesse inférieur cela suppose qu’il faut arrêter de procréer ;or Dieu a dit dans la bible que nous dominerons tout autour de nous.La lutte contre la réduction du CO2 tient il contre de la génération avenir dans 50ans ou 100ans ou on se préoccupe du présent ;si tel est le cas il faut revoir cette lutte.

  • mais fort de ce constat, on prefere emprisonner ceux comme PIERRE EMMANUEL NEUROHR qui dnonce les outils de destructions que représentent l usage de l avion et de la voiture pour tous.quid des investissements majeurs et prioritaires sur les transports en commun
    .au nom de la croissance , des conquetes de parts de marché ,on cours vers la catastrophe , mais en demandant a l orchestre comme sur le TITANIC de jouer plus fort pour ne pas inquiéter les passagers ....bon voyage vers l enfer !!!!

  • Le principal gaz effet de serre n’est pas le dioxyde de carbone mais la vapeur d’eau.


Témoignages - 80e année


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