Des vents à 315 km/h, des vagues de plusieurs mètres

La Réunion peut-elle résister à Haiyan ?

12 novembre 2013, par Manuel Marchal

Hier s’est ouvert à Varsovie la Conférence des Nations-Unies sur le Climat. Elle a lieu dans un contexte inédit : le plus puissant cyclone jamais mesuré s’est abattu sur les Philippines. Plus de 10.000 morts, c’est un avertissement considérable pour La Réunion.

Depuis que les premiers bilans du passage du cyclone Haiyan sont diffusés, une émotion s’est étendue au monde entier. Le typhon Haiyan s’est abattu sur les Philippines. C’est le cyclone le plus puissant jamais observé depuis que les mesures existent. Des vents de 315 kilomètres par heure, des vagues de plusieurs mètres, et des pluies diluviennes ont tout ravagé. Les premiers témoignages font état de dégâts comparables à ceux du tsunami en Indonésie.

C’est au moment de l’ouverture de la conférence de Varsovie sur le climat que le monde prend connaissance de ces destructions massives. Aujourd’hui, le lien est fait entre le dérèglement climatique et les activités humaines. Force est de constater que s’ils ne sont qu’une infime responsabilité dans la pollution de l’atmosphère par des gaz à effet de serre, les Philippins ont subi le choc de la plus violente conséquence de cette pollution.

Partout où le cyclone est passé, il ne reste rien. Il faudra de nombreuses années pour se relever et espérer retrouver le niveau d’avant le cyclone.

Haiyan au cœur de la conférence de Varsovie

Dans la capitale de la Pologne, scientifiques, responsables politiques, ONG et médias participent jusqu’au 22 novembre à une rencontre importante. C’est la première de ce niveau depuis la publication du 5e rapport du GIEC. Ce document constitue la base scientifique à partir de laquelle se construiront les décisions politiques. Le délai court jusqu’en 2015, pour qu’à cette date, un nouveau traité sur le Climat soit adopté, et il devra aller encore plus loin que le Protocole de Kyoto.

D’entrée de jeu, le délégué des Philippines a placé son pays au centre du débat. Il a déclaré que d’ici à la fin de la conférence, il s’abstiendra de manger. Ce geste est un acte de solidarité avec la partie de son peuple la plus durement éprouvée. Car pendant de longues journées, des rescapés de Haiyan n’auront rien à manger.

C’est là aussi un fait sans précédent : un délégué de la Conférence annuelle sur le Climat sera en grève de la faim pendant toute la durée de la rencontre, par solidarité avec les victimes d’une catastrophe liée au climat.

Normes à la hausse

La Réunion peut aussi être touchée par un cyclone. Et aussitôt, n’importe quel responsable doit se poser la question : La Réunion peut-elle résister à Haiyan ?

Ce typhon amène en effet à réviser à la hausse toutes les normes. Dans notre île, qu’est-ce qui peut résister à des vents à 315 km/h ? Comment les villes côtières peuvent-elles encaisser le choc de vagues géantes avec des vents aussi violents ?

Les Réunionnais ont le droit de savoir comment les responsables politiques comptent s’y prendre pour protéger la population d’un cyclone tel que Haiyan. C’est tout l’enjeu de l’adaptation de notre île au changement climatique. Il faudra aménager le littoral, stopper les projets suicidaires comme la route en mer, endiguer les ravines et remplacer les radiers par des ponts. C’est le chantier du siècle, et il donnera du travail à des milliers de Réunionnais pendant des années.

En 1996, Paul Vergès et Philippe Berne avaient alerté sur les dangers du changement climatique. 17 ans plus tard, le cyclone Haiyan montre ce qui arrivera aux Réunionnais si l’adaptation au changement climatique n’est pas la priorité des responsables politiques de notre île.

M.M.

A la Une de l’actu

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus