Phénomène extrême et persistant

La sécheresse sera-t-elle la norme à La Réunion ?

18 novembre 2014, par Manuel Marchal

La semaine dernière, le Comité sécheresse avait mis en avant un manque de pluie sans précédent depuis 50 ans. L’analyse de la ressource en eau par l’Office réunionnais de l’Eau confirme l’inquiétant phénomène.

Voici la carte de ressources souterraines diffusée par l’Office réunionnais de l’Eau. En rouge, les régions les plus déficitaires.

La semaine dernière, le Comité sécheresse avait constaté la persistance du manque d’eau de pluie à La Réunion par rapport à la normale. C’est ce qu’il avait exprimé dans un communiqué, indiquant notamment que « au cours des 9 derniers mois, de février à octobre, on observe une situation fortement déficitaire, qui classe cette période au 1er rang des plus sèches depuis 50 ans ». Plus loin, le Comité sécheresse précisait que « l’augmentation importante des températures, au-dessus des normales saisonnières, font craindre un accroissement des consommations d’eau et un déséquilibre entre la ressource disponible et les besoins ; les températures observées au mois octobre sont les plus chaudes jamais enregistrées pour un mois d’octobre depuis 45 ans (+1,7°C par rapport à la normale) ».

Hier, l’Office réunionnais de l’Eau a donné un coup de projecteur sur une conséquence de cet épisode climatique. Les ressources en eau souterraines sont inférieures à la normale. Les pluies ne sont pas suffisantes pour les recharger correctement.
C’est dans l’Est et le Sud que le déficit a le plus d’ampleur. Cette situation remet en cause des certitudes. La région Est a en effet la réputation d’être bien plus arrosée que les autres dans notre île. C’est sur la base de ce constat que le chantier du basculement des eaux a été lancé. Mais entre le premier coup de pioche et son achèvement, plus de 20 ans se seront écoulés. Aujourd’hui, la situation n’est plus la même, car le monde ressent de plus en plus les effets du changement climatique. La sécheresse observée ne date pas de 2014. Elle était déjà au coeur des inquiétudes l’an dernier, et l’année d’avant également. En témoignent les demandes d’indemnisation des agriculteurs.

Des exemples parviennent quotidiennement à La Réunion par les médias. Ce sont les inondations au Pakistan ou en France, les cyclones dévastateurs aux Philippines, les gigantesques feux de forêts en Australie, les brutales vagues de froid en Amérique du Nord, les immenses icebergs se détachant de la banquise de l’Antarctique.
C’est un phénomène mondial, et La Réunion ne peut pas être épargnée. Le changement climatique remet en cause de nombreuses vérités établies à cause de sa relative rapidité. À La Réunion, les années se suivent et sont marquées par des records de chaleurs, et des vagues de sécheresse. Ce type de climat ne deviendra-t-il pas la norme ?

Communiqué de l’Office de l’eau Réunion


Les mesures effectuées par l’Office de l’eau Réunion montrent que l’état quantitatif des cours d’eau et des nappes souterraines reste majoritairement déficitaire en octobre 2014.

En ce qui concerne les cours d’eau, les précipitations de la fin du mois de septembre 2014 et les petites crues successives enregistrées en octobre permettent une atténuation des déficits. Le manque d’eau se retrouve essentiellement dans l’Est et le Sud où les indications statistiques sont les suivantes : -56 % sur la Rivière Sainte-Suzanne, -43 % sur le Bras Panon, -42 % sur la Rivière Langevin, -38 % sur la Rivière Saint-Jean, -33 % à la Plaine des Palmistes, -29 % sur la Rivière des Marsouins, -19 % sur la Rivière des Roches et -17 % sur le Bras des Lianes. Dans le Nord, la Rivière Saint-Denis se maintient dans un état conforme aux normales saisonnières (-9 %) et la source Dussac dans les hauts de l’Ouest montre une situation très favorable malgré une diminution marquée des débits en octobre 2014.

En ce qui concerne les eaux souterraines, les niveaux moyens des nappes baissent sur l’Est et le Nord-Ouest de l’île. Ils sont en hausse dans le Nord, à Saint-Paul, à La Saline et dans le Sud. Des déficits importants sont présents dans l’Est, où les minimums connus pour un mois d’octobre sont une nouvelle fois dépassés à Saint-André (-125 % à Champ Borne et -137 % aux Citronniers) et Bras Panon (-141 %). Les secteurs de Saint-Benoit (-89 %), de la Ravine Saint-Gilles (-80 %), de la Ravine Blanche à Saint-Pierre (-41 %), du Gol à Saint-Louis (-39 %), de Saint-Denis (-34 %) et du Port (-32 %) sont également déficitaires. Des niveaux moyens conformes aux normales saisonnières sont mesurés sur la Plaine des Cocos à Saint-Louis (-5 %), à la Plaine des Palmistes (-1 %) et à la Ravine des Chèvres les Bas à Sainte-Marie (+7 %). Seuls les aquifères de la Saline (+54 %), de Saint-Paul ville (+50 %) et de Pierrefonds à Saint-Pierre (+31 %) sont en situation excédentaire par rapport aux normales saisonnières.

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