Un enseignement de Haliba

La sécurité de tous les Réunionnais plutôt qu’une 3e route du littoral

12 mars 2015, par Manuel Marchal

La route du littoral n’est pas la seule voie a avoir souffert du passage au large d’une tempête tropicale modérée. Les habitants de Salazie et de Cilaos étaient coupés du reste du pays pendant plusieurs jours, la route Hubert Delisle dans les hauts de l’Ouest étaient impraticables, tandis que le cap la Houssaye reste toujours fermé entre Saint-Paul et Saint-Gilles. Si la Région Réunion poursuit son projet pharaonique et inutile de nouvelle route en mer, tous ces problèmes ne seront pas résolus car il n’y aura plus d’argent pour des investissements autres que la NRL.

Attention à ne pas franchir un radier submergé.

Depuis lundi soir, la route du littoral est totalement coupée. La date de sa réouverture n’est pas connue. Après un moment de flottement, les Réunionnais ont commencé à s’organiser face à cet événement. Il est vrai que depuis qu’il n’avait fallu attendre que quelques semaines pour voir la route du littoral à peine livrée fermée totalement pour cause d’éboulement. Depuis 50 ans, les Réunionnais connaissent donc ce risque, sur la route qui est sans doute la plus sûre de La Réunion en termes d’accidents.
Le reproche fait à la première route était celui des chutes de pierre. C’est ce qui a justifié la construction d’une seconde route, plus éloignée de la falaise, et à 8 mètres au-dessus du niveau de la mer.

Le précédent de la route actuelle

Avant sa construction, les experts étaient unanimes. Cette route allait définitivement sécuriser la liaison entre Saint-Denis et La Possession. Elle était située plus au large, des sondages avait été faits à 40 mètres et à 80 mètres de la falaise pour s’assurer de la nature des fonds marins. 48.000 tétrapodes devaient permettre à la carapace en béton de résister aux assauts de la houle. Une fois le chantier commencé, il a fallu tout réévaluer à la hausse. 62.500 tétrapodes de 8 tonnes devaient être coulés, sans compter ceux de 25 tonnes. Alors que le scandale enflait, le préfet avait dû reconnaître fin 1974 en séance plénière du Conseil général : « j’admets volontiers qu’il y ait eu des erreurs ». Devant l’explosion des coûts, il a fallu créer une Commission d’enquête, car de 8 milliards de francs CFA initialement, la facture était passée au début du chantier à 13 milliards de francs CFA, presque un doublement. Cette fortune devait assurer la protection des usagers. L’expérience a montré que les usagers n’étaient pas à l’abri des galets, et que la houle était un nouveau danger.

Il a fallu attendre la mandature de Paul Vergès à la Région, près de 30 ans après la mise en service de cette route, pour que les usagers soient à l’abri des chutes de pierre grâce à la pose de filets sur une grande partie de l’itinéraire.

Dans 20 ans une 4e route du littoral ?

Aujourd’hui, la Région tente d’imposer le projet d’une troisième route du littoral. C’est toujours le même entêtement. Comme la seconde, elle s’éloigne un peu plus de la falaise et s’enfonce donc dans la mer, au point d’être une route dans l’océan Indien. Outre un désastre écologique, ce projet expose les usagers aux dangers de la montée des océans. Calculée à partir de données d’un autre siècle, cette route ne pèsera pas lourd face au changement climatique. À ce rythme, dans 20 ans il sera question d’une 4e route du littoral, mais il n’y aura plus d’argent.

Car le projet de Didier Robert va coûter tellement cher qu’il bloquera les investissements nécessaires par ailleurs. Le passage de Haliba a montré l’ampleur de la tâche de modernisation du réseau routier. Ce sont 500 radiers à éradiquer, les routes de Cilaos et de Salazie à sécuriser, la route de moyenne altitude à construire entre Stella et les Lianes. Tout cela ne sera pas possible si tout l’argent est englouti dans un chantier pharaonique de 12 kilomètres de long.

Rares sont les Réunionnais à ne pas emprunter un radier. La sécurité de la population vaut plus qu’une 3e route du littoral.

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