Selon le président de la COP15 sur la désertification

La solution à la « pandémie de changement climatique » en Afrique

14 août 2023

L’Afrique subit de plein fouet les effets du changement climatique alors que notre continent a très peu contribué à la pollution de l’atmosphère par des gaz à effet de serre. Pour Alain-Richard Donwahi, président de la COP15 sur la désertification d’Abidjan, estime que les Afrique dispose des ressources nécessaires pour apporter au monde une solution au problème du changement climatique, qualifié de « pandémie ».

Le monde approche lentement du point de non-retour de la déforestation et de la désertification, mais il y a encore une chance d’inverser ce processus si la communauté internationale commence à agir maintenant, selon l’ONU. Rien qu’en Afrique de l’Ouest, le désert s’étend de kilomètres par an dans les zones semi-arides, affectant considérablement le secteur agricole.
Les pays développés et l’Afrique elle-même devraient se tourner vers le continent pour trouver la solution à la crise climatique, car ses ressources naturelles pourraient être un outil pour réduire les émissions de gaz à effet de serre, améliorer la sécurité alimentaire et préserver la biodiversité, a déclaré Alain-Richard Donwahi, ancien ministre de la Défense de Côte d’Ivoire qui a présidé l’an dernier le sommet COP15 de l’ONU sur la désertification.
Selon le responsable, les richesses naturelles de l’Afrique vont des minéraux nécessaires à la technologie des énergies renouvelables aux forêts, au vent, au soleil et aux vastes réserves d’eau souterraine.

Les cinq régions de l’Afrique. (image SyntaxTerror, CC BY-SA 4.0 <https://creativecommons.org/license...> , via Wikimedia Commons)

Ne pas attendre l’aide et l’aumône

« L’Afrique est un continent de solutions. C’est un continent où vous avez le plus de ressources naturelles. Les gens qui ont les finances devraient aider les gens qui ont les ressources naturelles. C’est une situation gagnant-gagnant, une situation de partenariat », a-t-il déclaré.
Cependant, il a souligné que les Africains ne devraient pas attendre l’aide et l’aumône, mais devraient saisir les opportunités offertes par la nature de leur patrie. Alain-Richard Donwahi a appelé ses compatriotes à être prêts à travailler ensemble pour créer un avenir meilleur pour les générations à venir.
« Si les Africains réalisent que l’Afrique est une solution, ils agiront différemment — ils viendront avec une attitude plus positive, que vous vous battez pour trouver des solutions ensemble. C’est ainsi que nous devrions penser — vous ne voulez pas toujours être le celui qui attend l’aide, l’aumône, la casquette à la main », a expliqué Alain-Richard Donwahi.

Accélération de la crise

Il a averti que le monde pourrait faire face à des perturbations majeures de l’approvisionnement alimentaire avant même que les températures n’atteignent l’objectif de 1,5 degré, un seuil climatique fixé par les dirigeants mondiaux lors d’une conférence des Nations Unies à Paris en 2015 pour limiter l’augmentation de la température causée par le changement climatique.
Avec l’impact de la sécheresse sur la sécurité alimentaire, la migration et l’activité économique qui se produisent plus rapidement que prévu, il est temps d’agir maintenant, a-t-il souligné.
« Le changement climatique est une pandémie que nous devons combattre rapidement. Voyez à quelle vitesse la dégradation du climat va encore plus vite que nous ne l’avions prévu », a-t-il déclaré, ajoutant : « De très mauvaises choses pourraient arriver, en termes de la dégradation des sols, de la rareté de l’eau et de la désertification, bien avant 1,5 degré […]. Nous pourrions avoir une accélération des effets négatifs, autres que la température. »
Alain-Richard Donwahi a rappelé que ces dernières années, les problèmes de hausse des températures, les vagues de chaleur et les sécheresses et inondations plus intenses ont menacé la sécurité alimentaire dans de nombreuses régions, notamment en Afrique. Il a également abordé la question des mauvaises pratiques agricoles, expliquant que la dégradation des sols s’accompagne de « mauvaises habitudes ».

2,5 milliards de dollars d’engagements

En mai dernier, la Côte d’Ivoire a accueilli la 15e Conférence des Parties (COP15) de la Convention des Nations Unies sur la lutte contre la désertification (UNCCD). Au cours de la conférence, des militants et des dirigeants du climat du monde entier ont renouvelé leurs appels pour inverser le cocktail désastreux de la dégradation des terres et de la désertification qui alimente l’insécurité, la pauvreté et la faim.
Pour mettre en œuvre le programme d’Abidjan lancé lors de la COP15, la Côte d’Ivoire a levé plus de 2,5 milliards de dollars d’engagements auprès de donateurs internationaux. Le nouveau cadre de coopération mondiale vise à restaurer les forêts et les terres, à augmenter la production alimentaire et à sortir les populations de la pauvreté dans les régions les plus vulnérables du monde.

A la Une de l’actuAccord de Paris sur le climatCOP28

Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus