Inondations : menace ou opportunité ?

Le Bangladesh s’adapte déjà au changement climatique

11 avril 2011

Du 28 au 31 mars s’est tenue à Dacca, capitale du Bangladesh, la Conférence internationale sur les adaptations des communautés face au changement climatique. Cet événement est l’occasion de donner un coup de projecteur sur les moyens mis en œuvre par les habitants de ce pays qui est un des plus vulnérables au changement climatique.

À Gaibandha, deux organisations — Gana Unnayan Kendra (GUK) et Practical Action Bangladesh — aident les populations locales à gérer les risques en cas de catastrophe.
Ils nous ont emmenés au village de Belka, où 2.500 ménages vivent dans un lieu qui est de plus en plus touché par les inondations et l’érosion. Ces phénomènes ont fait d’agriculteurs des paysans sans terre. L’érosion a affecté les moyens de subsistance en emportant des terres riches.
Il y a besoin de s’adapter à ces risques pour survivre. Et la communauté a admirablement relevé le défi. Avec l’appui technique de Practical Action Bangladesh, 20 des agriculteurs déplacés de Belka ont commencé à travailler sur des jardins flottants et font de l’élevage de poissons.
Chaque agriculteur gère jusqu’à deux jardins flottants où l’on cultive les légumes à feuilles tels que le cancong et l’amarante rouge. Ce type de culture a aidé les agriculteurs à la fois à répondre aux besoins nutritionnels de leur famille et gagner de l’argent en vendant des légumes excédentaires et du compost pour le marché à proximité.
D’autres agriculteurs sont devenus des pisciculteurs. Le système peut produire de 25 à 40 kg de poissons par cage, par cycle de culture, et une inondation trois de mois peut supporter jusqu’à trois cycles de culture.
Par ailleurs, 80 agriculteurs — dont 60 femmes — ont commencé à tirer un meilleur parti des bancs de sable en y faisant pousser des citrouilles et des courges. Cette culture a été possible parce que les inondations ont déposé un sol riche sur le banc de sable.
Les agriculteurs font donc des efforts énormes et leur travail acharné porte ses fruits. Cette « adaptation au niveau communautaire » a permis de diversifier les moyens de subsistance et de fournir de l’argent pour acheter du bétail tel que les chèvres et les bovins. Mais son avenir demeure incertain, notamment parce que les agriculteurs n’ont pas les droits formels d’utiliser la terre.


Un centre de coordination

Kundar Para est aussi un village menacé par les inondations et l’érosion. Les inondations et les graves sécheresses des 20 dernières années ont causé l’émergence de maladies, des maisons endommagées, des cultures et l’approvisionnement en eau, et réduisent l’accès aux écoles, centres de santé et les marchés. Ces phénomènes ont forcé des villageois à abandonner leurs terres et à s’installer sur des îles.
Pour faire face à ces changements, un centre a été créé en collaboration avec Gana Unnayan Kendra (GUK). Il est géré par un comité de 23 personnes, qui est responsable de l’établissement de plans de préparation aux catastrophes, y compris la surveillance de la rivière, l’identification des ménages vulnérables et la planification participative.
La communauté peut accéder aux marchés de biens, de l’eau potable et à des services de base, et a accès à l’énergie solaire et réchauds portatifs (avec bois de chauffage et médicaments essentiels).


Conférence internationale sur les adaptations des communautés face au changement climatique

La cinquième Conférence internationale sur les adaptations des communautés face au changement climatique (CBA) s’est tenue la semaine dernière à Dacca, capitale du Bangladesh, pays où l’heure n’est désormais plus à la négociation. Car si beaucoup d’États réfléchissent encore à la définition exacte du réchauffement climatique et de ses effets, le Bangladesh en ressent déjà pleinement les conséquences et tente d’y faire face.
Ses habitants s’y adaptent déjà dans leur vie quotidienne, comme ont pu le constater plus de 300 experts répartis en 8 groupes d’observation qui sont allés sur le terrain examiner comment les différents acteurs interagissent dans un contexte contraignant.
Face aux sécheresses, aux inondations et autres nouvelles contraintes de l’environnement, les Bengalis sont dans l’obligation d’optimiser les ressources en eau. Des techniques d’irrigation ou de récupération d’eaux de pluie sont ainsi mises en place pour subvenir aux besoins quotidiens des habitants. De nombreuses ONG sont également présentes sur place et d’ingénieux systèmes de flottaisons ont été construits pour sauver certaines cultures des inondations.
Les problèmes des Bengalis sont aussi ceux de millions d’autres personnes sur la planète. En exposant ces problèmes, la CBA, dont la sixième édition se déroulera au Vietnam, met aussi en avant des solutions susceptibles d’être bénéfiques pour d’autres pays. Celles-ci vont être publiées pour être connues à l’échelle internationale. Nul doute que les États insulaires et riverains de l’Himalaya seront très intéressés.

(Source Ze green web)


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