« La planète se rappelle au bon souvenir des négociateurs de l’Accord de Paris », affirme l’Organisation météorologique mondiale

Le changement climatique affiche de nouveaux records

22 avril 2016

La persistance de températures record et de conditions météorologiques extrêmes à l’échelle de la planète, la fonte rapide des glaces de l’Arctique et le blanchissement des coraux à grande échelle sont, explique l’Organisation météorologique mondiale (OMM) dans un communiqué, autant de signaux qui montrent à quel point il est urgent de signer et d’appliquer l’Accord de Paris sur les changements climatiques.

Températures records pour un mois de mars en 2016.

Le Secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, a fait remarquer que 2016 avait déjà éclipsé 2015, pourtant année de tous les records.

« L’ampleur des changements a surpris jusqu’aux climatologues les plus avertis. La planète se transforme sous nos yeux » a indiqué M. Taalas.

« Si la communauté internationale s’attache sans plus tarder à enrayer la hausse des émissions de CO2, nous pouvons encore espérer stabiliser le réchauffement de la planète au cours des prochaines décennies. Si elle n’agit pas, la planète en subira les conséquences pendant des dizaines de milliers d’années ».

« L’OMM se réjouit de ce qu’un nombre record de gouvernements s’apprêtent à signer, le 22 avril, cet accord historique sur le climat. Avec l’aide des services météorologiques nationaux, l’Organisation fera son possible pour que l’Accord de Paris soit appliqué rapidement et que des mesures d’adaptation aux changements climatiques soient prises » a ajouté M. Taalas.

Il ne faut pas négliger l’adaptation, car la multiplication alarmante des catastrophes d’origine météorologique devrait persister au moins jusqu’à la seconde moitié du siècle. Il convient d’investir toujours plus dans des systèmes modernes d’alerte précoce aux catastrophes et dans des services climatologiques performants, en particulier dans les pays en développement.

L’OMM a entrepris de mettre en place un Système mondial intégré d’information sur les gaz à effet de serre qui permettra aux gouvernements de recenser les différentes sources d’émissions à l’échelle nationale et de les surveiller étroitement, afin de définir des mesures plus ciblées pour limiter les émissions.

En outre, l’Organisation a placé au premier rang de ses priorités l’élaboration de produits d’information sur le climat qui soient fiables et accessibles et que le secteur de l’énergie puisse mettre à profit pour gérer le plus finement possible les sources d’énergie renouvelables, telles que l’énergie solaire et éolienne, et accroître ainsi l’efficacité énergétique.

Incidences des changements climatiques

Le puissant El Niño de 2015 a, certes, exacerbé le réchauffement et les phénomènes extrêmes observés ces derniers mois, mais le changement climatique à long terme d’origine anthropique n’en demeure pas moins la principale cause. Chacune des décennies passées a été nettement plus chaude que la précédente. La période 2011–2015 a été la plus chaude jamais enregistrée, record également détenu par l’année 2015.

Selon les chiffres provisoires de l’Administration américaine pour les océans et l’atmosphère (NOAA), de la NASA et du Service météorologique japonais, au cours du premier trimestre de 2016, des records de chaleur ont à nouveau été battus, et ce, plus largement que jamais.

D’autres phénomènes préoccupants ont été observés depuis le début de l’année :

  • La concentration de dioxyde de carbone dans l’atmosphère a atteint 403,28 parties par million en février 2016, selon la NOAA.
  • Le maximum saisonnier de la banquise arctique, observé en mars 2016, était le plus faible jamais enregistré pour la deuxième année consécutive, selon le Centre national américain de données sur la neige et la glace (NSIDC), qui a indiqué que « l’Arctique a connu un hiver chaud hors normes ».
  • La fonte de la nappe glaciaire du Groenland a atteint des proportions inhabituelles et a débuté exceptionnellement tôt (semaine du 11 mars), battant avec un mois d’avance le record précédent, caractérisé par la fonte de plus de 10 % de l’inlandsis. L’Institut météorologique danois a dû vérifier si ses modèles étaient toujours fiables.
  • Dans la mer de Beaufort, au nord de l’Alaska, la débâcle est survenue inhabituellement tôt.
  • L’épisode dévastateur de blanchissement des coraux, amorcé en octobre 2015, s’est aggravé en 2016 en raison des valeurs record affichées par les températures de surface de l’océan. La célèbre Grande barrière de corail, en Australie, figure parmi les récifs les plus touchés.
  • La sécheresse induite par l’épisode El Niño a entraîné une insécurité alimentaire généralisée et des pénuries d’énergie hydroélectrique dans la corne de l’Afrique et en Afrique australe, alors que certaines régions d’Amérique du Sud – en particulier l’Argentine, le Paraguay et l’Uruguay – ont subi de graves inondations.

Moyens d’adaptation

Les émissions, tant passées que présentes, vont entraîner une multiplication des journées de canicule, de nuits chaudes et de vagues de chaleur, ce qui aura des incidences sur la santé publique et mettra les populations à rude épreuve. Cependant, il est possible de réduire les risques sanitaires liés à la chaleur en mettant en place des systèmes d’alerte précoce multidanger capables d’alerter en temps opportun les décideurs, les services de santé et le grand public.

Il convient d’être plus réactif face à la sécheresse grâce à une gestion intégrée, qui permettrait également d’infléchir les politiques publiques et les stratégies de gestion des terres.

Les changements climatiques augmentent également les risques de pluies torrentielles et d’inondation. Les alertes axées sur les impacts, qui donnent des indications détaillées sur les conséquences matérielles d’un phénomène dangereux, et non des chiffres difficiles à transposer dans la réalité, tels que « vent soufflant à 100 km/h » ou « onde de tempête de 3 m », sont de plus en plus utilisées. Grâce à ces alertes, les responsables de la gestion des catastrophes sont à même de prendre des mesures en temps opportun et de protéger les personnes et les biens.

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