Le professeur Nicholas Stern alerte la communauté internationale

Le changement climatique et la pollution de l’air tuent "à grande échelle"

15 octobre 2022

Lors de sa conférence à Londres le 13 octobre, le professeur Nicholas Stern a tenu à alerter des conséquences dramatiques du changement climatique.

Le changement climatique et la pollution de l’air tuent déjà "à grande échelle" a martelé lors d’une conférence à Londres le professeur Nicholas Stern, auteur d’un célèbre Rapport précurseur sur la sévérité du réchauffement, publié il y a plus de 15 ans.

Le rapport Stern sur l’économie du changement climatique (Stern Review on the Economics of Climate Change) est un compte rendu détaillé sur l’effet du changement climatique et du réchauffement global sur la planète adressé au gouvernement du Royaume-Uni.

Publié le 30 octobre 2006, ce rapport de plus de 700 pages est le premier rapport financé par un gouvernement sur le réchauffement climatique mené par un économiste et non par un climatologue. Décrié pour son alarmisme, l’économiste a annoncé avoir sous-estimé l’ampleur des changements climatiques, deux ans après sa publication.

Nicholas Stern a averti qu’une élévation de 3 à 4 degrés de la température planétaire, "de l’ordre du possible", serait "dévastatrice" et provoquerait des température "extrêmes" voire "meurtrières" dans des zones très peuplées du monde.

Cette situation conduirait au déplacement ou à la mort de centaines de millions de personnes. "Nous tuons les gens à grande échelle" avec "la pollution de l’air", entre autres, a noté M. Stern lors de la conférence Energy Intelligence Forum.

"Nous n’avons pas vu une élévation de 3 degrés depuis 3 millions d’années, bien avant l’apparition des homo sapiens", a déclaré le professeur de la London School of Economics, devant une salle pleine de cadres d’entreprises énergétiques.

De fait, un réchauffement de ce niveau pourrait entraîner une hausse du niveau de la mer de 10 à 20 mètres et bouleverser la vie côtière avec des effets économiques et sociaux extrêmes.

"Nous ne savons pas à quel point nous sommes proches de l’effondrement du système de l’Amazonie, de la fonte du permafrost", qui diffuserait d’énormes quantités de méthane, un puissant gaz à effet de serre, ou de la fonte de la glace de l’Antarctique, a souligné Nicholas Stern.

Il a estimé que son Rapport de 2006 n’était pas si alarmiste que ses détracteurs l’assuraient. "Cette transition dans laquelle nous sommes tous embarqués est l’histoire de la croissance du XXIe siècle. Il y aura des dislocations et nous devons aussi créer des occasions", a-t-il assuré. Ce processus est "extrêmement attrayant" pour les acteurs économiques mais tous vont devoir "investir beaucoup".

Lors de cette conférence, Graham Weale, professeur d’économie énergétique à l’université Bochum de la Ruhr, en Allemagne, a expliqué que la transition énergétique dans ce pays avait été largement éclipsée par les préoccupations d’accès à l’énergie depuis le début de la guerre en Ukraine.

L’Allemagne "comptait sur le gaz bon marché de Russie, qui a disparu presque du jour au lendemain" et se "bat à présent pour chaque mètre cube de gaz". Berlin "n’a pas la capacité de planifier sa décarbonation tout en luttant pour sa survie", selon lui.


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