Selon le rapport parlementaire de la Mission d’information sur l’effet de serre

Le changement climatique : LE défi du siècle

18 avril 2006

Regroupant une trentaine de députés de divers bords politiques, présidée par Jean-Yves Le Déaut (PS), cette mission a auditionné plus de 200 personnes ; en conclusion de ses travaux, elle s’inquiète des conséquences du réchauffement climatique et affirme qu’il s’agit du ’défi principal que nous ayons à relever au cours de ce siècle’. Voici quelques extraits de l’introduction du rapport déposé mercredi à l’Assemblée nationale, les intertitres sont de “Témoignages”.

"Après 45 auditions ou tables rondes et près de 200 personnes entendues, et des déplacements au siège de la Commission européenne, en Espagne, en Grande-Bretagne, aux États-Unis, en Inde, tous les députés, membres de la mission parlementaire, partagent une même conviction, le changement climatique constitue la plus grande menace du 21ème siècle. Il est donc non seulement nécessaire d’agir, mais il faut agir vite, car si le 21ème siècle connaîtra certainement une stagnation dans la consommation du pétrole, puisque les réserves en énergie fossile vont s’épuiser, dans le même temps les émissions de CO2, ainsi que la température, continueront à augmenter.
Le climat est en train de changer. (...) L’illusion de l’abondance énergique nous a fait mener une politique de l’autruche. En six générations, les pays développés auront dilapidé la moitié des réserves d’énergies fossiles de la terre. Or ces gaz, émis lors de la combustion fossile sont dispersés dans l’atmosphère, piègent la chaleur dans notre espace vital, terrestre ou aérien, comme les vitres d’une gigantesque serre, au lieu de la laisser rayonner et s’évanouir dans l’espace.
On ne pourra plus dire, comme pour l’amiante, "on ne savait pas". Au cours du 20ème siècle, la température moyenne de la planète s’est élevée d’environ 0,6 degré et celle de l’Europe a augmenté de plus de 0,9 degré. Les travaux de la Mission ont permis de mettre en lumière les effets déjà perceptibles, notamment en France, des changements en cours : sur les précipitations, les périodes de sécheresse, l’enneigement et les glaciers, les peuplements forestiers, la biodiversité. Ils ont également mis en lumière l’implication spécifique de l’Outre-mer. (...)

Aller plus loin que Kyoto

Mais force est de constater que, jusqu’à présent, l’action au niveau national comme sur le plan international n’a pas été à la hauteur des enjeux, quelles que soient les déclarations d’intention. Le protocole de Kyoto est un pas important et positif - c’est la première fois qu’au niveau mondial des règles de maîtrise de la nature du développement économique ont fait l’objet d’un accord - mais il s’agit d’une étape encore très insuffisante par rapport à l’objectif de stabilisation du climat. (...)
Le progrès technique ne peut pas tout, il faut dire franchement dès aujourd’hui que nous devons modifier nos modes de vie. La lutte contre le changement climatique peut aussi constituer une opportunité économique. C’est vrai bien sur dans les domaines industriels liés aux énergies renouvelables et aux économies d’énergie. C’est vrai aussi pour l’agriculture, à la fois du point de vue du développement des biocarburants, et pour l’intégration, dans les marchés de crédits carbone, de projets agricoles de réduction des émissions, comme ceux liés à la production de biogaz.

Tous concernés

Il nous a semblé essentiel de souligner la nécessité de l’engagement non seulement de l’État, mais aussi de toutes les “forces vives” du pays, collectivités, syndicats, entreprises, associations. Et de chacun d’entre nous, tant il est vrai que rien ne sera possible sans la prise de conscience et l’action du citoyen : à la fois sur un plan concret de réduction des émissions, car nos comportements ont un impact important, mais aussi dans une perspective politique, car nous n’arrivons à avancer réellement que lorsque l’opinion publique sera suffisamment mobilisée. Ce qui requiert un effort majeur d’information et de formation.
(...)
Le défi du changement climatique est là. C’est un défi qui nous concerne tous, qui demande d’agir de façon résolue, qui requiert un fort volontarisme politique, dans un contexte difficile, où les pays en émergence n’acceptent pas que des pays responsables de la situation actuelle imposent des contraintes à leur propre développement.
Si nous arrivons à nous mobiliser efficacement, ce peut être l’occasion de faire advenir un monde plus solidaire, qui assume collectivement son destin, autour d’une prise de conscience partagée.
Ce n’est pas acquis, mais le combat vaut la peine d’être livré. Nous tirons donc le signal d’alarme. Notre destin commun est en jeu. N’attendons pas.


Comme toujours, les plus faibles et les plus démunis sont en première ligne par rapport aux conséquences du changement climatique, chez nous, mais aussi dans les pays en développement. Cela a malheureusement été le cas lors de la canicule en 2003.

(Source : Rapport de la Mission d’information sur l’effet de serre)


Pour lire la totalité du rapport

http://www.assemblee-nationale.fr/1...


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