Comment s’adapter à la succession des événements extrêmes ?

Le climat change trop vite

16 novembre 2013

Selon une nouvelle série d’études, les facteurs de stress climatique comme les sécheresses et inondations portent d’ores et déjà atteinte aux moyens de subsistance de certaines populations, affaiblissant leur capacité à s’adapter ou à améliorer leur vie. 

Les auteurs de ces études ont exhorté les négociateurs réunis à Varsovie, conformément à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), de redoubler d’efforts pour atténuer les effets du changement climatique.
Ils ont également préconisé la constitution d’une « structure institutionnelle » dans le cadre de la CCNUCC pour les « pertes et dommages » causés par le changement climatique. Il n’existe pas de définition convenue des « pertes et dommages », mais l’expression fait globalement référence à toute une série de préjudices subits dans les pays en développement ne pouvant pas être évités par des efforts d’atténuation ou d’adaptation au changement climatique. Les négociateurs de la conférence de Varsovie doivent décider d’un cadre institutionnel pour répondre à ces pertes et dommages. Ils doivent notamment déterminer le mode d’évaluation de ces préjudices et juger de la nécessité d’une réparation financière pour les pays touchés.
La nécessité d’aborder la question des pertes et dommages a été reconnue pour la première fois lors du sommet de Cancún sur le climat en 2010. Lors de la dernière conférence, qui s’est tenue à Doha en 2012, les pays ont évoqué la possibilité de discuter, lors des négociations de Varsovie, d’un mécanisme pour répondre à ce problème, comme la mise en place d’une compensation financière, par exemple.
Aucun nouveau traité sur le changement climatique n’entrera en vigueur avant 2015, lors d’une réunion de la CCNUCC à Paris.
« Bien que la question des pertes et dommages ne fasse pas encore partie des négociations de 2015, les principales variables des pertes et dommages — le souhait d’en atténuer les effets et la mise en place de mécanismes d’adaptation — font partie intégrante de l’accord de 2015 », ont noté les auteurs de l’étude dirigée par Koko Warner, scientifique de l’Université des Nations Unies à Bonn. « Aborder la question des pertes et dommages devrait donc se faire de manière formelle ou sous forme de discussion de fond à l’approche de la réunion de Paris ».

Efforts vains

Quatre des études, menées en Éthiopie, au Mozambique, au Burkina Faso et au Népal, ont révélé que les efforts d’adaptation étaient insuffisants. Dans certains districts éthiopiens, par exemple, 96% des foyers signalaient que leurs efforts pour s’adapter aux inondations récurrentes avaient été vains. Soixante-dix-huit% des foyers interrogés dans certaines régions choisies du Népal, 72% de ceux du Burkina Faso et 69% de ceux du Mozambique déclaraient que, malgré leurs efforts pour s’adapter aux bouleversements climatiques, ceux-ci grevaient encore considérablement leur budget familial. Trois foyers interrogés sur quatre signalaient qu’ils avaient dû réduire le nombre de repas ou la taille des portions, signe manifeste d’une capacité d’adaptation insuffisante.
Dégâts irréparables

« À la suite d’une grave inondation en Éthiopie en 2007, 94% des personnes interrogées ont signalé que leurs cultures avaient été fortement endommagées, voire entièrement détruites. La dévastation à grande échelle des cultures a également entraîné une hausse des prix des denrées alimentaires, qui a rendu les produits alimentaires de base comme le maïs inabordables », a dit dans un communiqué de presse Fatima Denton, coordinatrice du Centre africain pour la politique en matière de climat, un partenaire des études de cas africaines. « Mainte et mainte fois, l’étude a découvert que les foyers qui éprouvent déjà des difficultés s’enfoncent encore plus profondément dans la pauvreté à cause des conséquences du changement climatique. Lorsque l’adaptation est insuffisante pour faire face aux facteurs de stress climatique, les pertes et dommages qui en résultent menacent le bien-être de l’homme et le développement durable ».
Quelle assurance peut remplacer un pays ?

« Limiter la réponse aux pertes et dommages dans le cadre de la CCNUCC à la gestion des risques serait une erreur », a cependant dit dans un courrier électronique Harjeet Singh, coordinateur international d’ActionAid pour la réduction des risques de catastrophes et l’adaptation au changement climatique. « C’est ce qu’essayent de faire la plupart des pays développés [...] Alors que les programmes relatifs aux pertes et dommages favoriseront l’atténuation et l’adaptation, leur tâche principale est d’informer, de travailler en coordination avec les institutions concernées et de développer des manières de régler la situation lorsque l’adaptation et la gestion des risques sont inefficaces ! Le problème est de savoir quoi faire quand les terres et la biodiversité sont complètement perdues, que les terres deviennent non arables, que des îles sont immergées et que l’écosystème marin est perturbé par la hausse des températures. »
Par ailleurs, les assurances ne couvriront pas des pertes qui ne sont pas quantifiables, comme la perte d’un pays, de la biodiversité ou d’une culture, comme dans le cas des Peuls. Comment peut-on réparer de telles pertes ? C’est le genre de questions auxquelles M. Singh et Mme Warner cherchent à répondre.

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