Dans 7 jours, la Conférence de Durban sur le Climat

Le GIEC place l’adaptation au centre du débat

21 novembre 2011, par Manuel Marchal

Dans un rapport sur la gestion des risques pour les besoins de l’adaptation au changement climatique, le GIEC fixe un cadre aux discussions qui vont commencer dans 7 jours à Durban, lors de la 17ème Conférence des Parties de la Convention-cadre de l’ONU sur le Changement climatique.

C’est dans 7 jours que commence à Durban, en Afrique du Sud, la 17ème Conférence des Parties (COP-17) de la Convention-cadre des Nations unies sur le Changement climatique (UNFCCC). Durant deux semaines, des milliers de délégués vont mesurer les progrès accomplis depuis la Conférence de Cancún au Mexique, et ils vont également tenter d’arriver à un accord sur devenir du Protocole de Kyoto.
Vendredi, le GIEC (Groupe intergouvernemental d’étude sur le climat) a apporté un élément très important qui cadre le débat. Dans un rapport qui sera publié en février, mais dont le résumé pour les décideurs vient d’être dévoilé, 220 scientifiques affirment une certitude : la température moyenne va continuer à augmenter.
Il apparaît également qu’avec le maintien des émissions de gaz à effet de serre à un niveau élevé, les cyclones seront plus intenses. À l’échelle de La Réunion, cela signifie que le cyclone de 1948 pourrait donc devenir la norme au cours de ce siècle.
Le rapport se concentre en particulier sur les stratégies à mettre en œuvre par les dirigeants politiques à tout niveau de responsabilité en matière d’aménagement du territoire. L’accélération du changement climatique fait évoluer les normes.
La publication de ce rapport intervient quelques jours après la célébration des 10 ans de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC) créé par la loi proposée par Paul Vergès, et votée à l’unanimité par le Parlement. Depuis une décennie, l’ONERC œuvre pour éveiller la conscience des élus sur un aspect essentiel du changement climatique : l’adaptation. Le rapport du GIEC élargit le champ de cette préoccupation aux responsables politiques de tous les pays.

Manuel Marchal

Plus de canicules, de pluies torrentielles et des vents plus forts


Dans un communiqué publié vendredi à Kampala, en Ouganda, le GIEC rend public un résumé des conclusions du rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement climatique. Ce rapport a été réalisé par 220 auteurs de 62 pays, et 18.784 commentaires y ont été apportés. Voici le communiqué du GIEC.

Le Résumé à l’intention des décideurs du Rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes pour les besoins de l’adaptation au changement climatique a été approuvé aujourd’hui par les gouvernements membres du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC).

Rajendra Pachauri, Président du GIEC, a déclaré aujourd’hui : « Ce résumé destiné aux décideurs donne un aperçu de la manière dont la gestion des risques de catastrophes et l’adaptation aux changements climatiques peuvent aider les populations vulnérables à mieux faire face à un climat en évolution dans un monde caractérisé par les inégalités ».

« Il souligne aussi la complexité et la diversité des facteurs qui déterminent la vulnérabilité des êtres humains face aux extrêmes : alors que pour certaines communautés et certains pays, ces facteurs peuvent se muer en catastrophe, pour d’autres, la situation peut être moins grave », a-t-il ajouté.

Hausse certaine des températures

Qin Dahe, coprésident du Groupe de travail I du GIEC, responsable avec le Groupe de travail II de la préparation et de la rédaction du rapport, a déclaré que l’on pouvait « affirmer avec un degré de confiance élevé que les maxima et les minima quotidiens de température ont augmenté à l’échelle du globe en raison de l’accroissement des concentrations de gaz à effet de serre ».

« Dans certaines régions, on constate une évolution des phénomènes extrêmes, par exemple des sécheresses plus longues et plus intenses, mais un degré de confiance moyen s’attache à ces constatations, selon le rapport, en raison du manque d’observations directes et parce que les analyses scientifiques disponibles dans ce domaine ne concordent pas.

Quant aux prévisions concernant l’évolution de l’intensité, de la fréquence et de la durée des cyclones tropicaux dans une perspective à long terme, le degré de confiance qui s’y rattache est assurément faible », a-t-il ajouté.

Pour ce qui est de l’avenir, le rapport conclut qu’il est pratiquement certain qu’à l’échelle du globe, les jours de canicule deviendront encore plus chauds et seront plus fréquents. « Pour un scénario d’émissions élevé, il est probable que la fréquence des jours de canicule sera multipliée par 10 dans la plupart des régions du monde », a affirmé Thomas Stocker, l’autre coprésident du Groupe de travail I du GIEC. « De la même manière, les fortes précipitations seront plus fréquentes et la vitesse des vents associés aux cyclones tropicaux augmentera alors que le nombre de cyclones sera probablement constant ou en diminution ».

Tout n’est pas encore perdu

« De nombreuses solutions s’offrent cependant à nous pour diminuer les risques. Certaines ont été mises en œuvre, mais beaucoup ne l’ont pas été. Les meilleures sont celles qui sont susceptibles de procurer des avantages pour un large éventail de scénarios de changement climatique », a déclaré Vicente Barros, coprésident du Groupe de travail II.

« Nous espérons que ce rapport constituera une solide référence scientifique pour ceux qui seront amenés à prendre des décisions en matière d’infrastructures, d’urbanisme, de santé publique et d’assurance, ainsi que pour la planification de la gestion des risques de catastrophes — tant au niveau des collectivités locales qu’à l’échelle internationale », a ajouté Christopher Field, l’autre coprésident du Groupe de travail II.

« Je tiens à remercier les scientifiques et les experts qui ont assumé les fonctions d’auteurs et d’éditeurs-réviseurs ainsi que les nombreux examinateurs de nous avoir livré un rapport et un résumé aussi détaillés et d’une si grande rigueur scientifique », a déclaré M. Pachauri.

Trois ans de recherche

À la 29ème session du GIEC tenue à Genève, en Suisse, en septembre 2008, la Norvège a présenté une proposition, élaborée avec le Secrétariat de la Stratégie internationale de prévention des catastrophes (SIPC) et visant à établir un rapport spécial.

Le Bureau du GIEC, lors de sa 38ème session tenue à Genève en novembre 2008, a décidé de convoquer à Oslo, en Norvège, du 23 au 26 mars 2009, une réunion visant à définir les grandes lignes de ce rapport. À sa 30ème session, organisée du 21 au 23 avril 2009 à Antalya, en Turquie, le GIEC est convenu que les Groupes de travail I et II établiraient conjointement un rapport spécial sur la gestion des risques de catastrophes et de phénomènes extrêmes.

Le Groupe de travail I est coprésidé par Qin Dahe, de l’Administration météorologique chinoise de Beijing, en Chine, et Thomas Stocker, de l’Université de Berne, en Suisse.

Le Groupe de travail II est coprésidé par Vicente Barros, de l’Université de Buenos Aires, en Argentine, et Christopher Field, de l’Institut scientifique Carnegie de Stanford, aux États-Unis d’Amérique.

Le Résumé à l’intention des décideurs a été approuvé par les Groupes de travail I et II du GIEC lors de leur première session conjointe à Kampala, en Ouganda, du 14 au 17 novembre 2011, et présenté officiellement le 18 novembre.

Ce résumé est disponible aux adresses http://ipcc-wg2.gov/SREX et www.ipcc.ch.
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