Les efforts mondiaux depuis l’Accord de Paris sont insuffisants

"Le monde n’est pas sur la trajectoire pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris"

9 septembre 2023

Selon un premier bilan publié vendredi par l’ONU sur la mise en œuvre des objectifs fixés en 2015, "le monde n’est pas sur la trajectoire pour atteindre les objectifs de l’accord de Paris". Les pays du monde entier doivent faire "beaucoup plus sur tous les fronts" pour lutter contre le réchauffement climatique, selon le rapport publié par l’ONU.

Ce document est une étape initiale, technique, du premier bilan mondial des efforts engagés depuis l’accord de Paris de 2015, et qui sera au cœur de la COP28 en décembre prochain à Dubaï.

Ce bilan (« Global stocktake », ou GST) représente "l’évaluation la plus complète de l’action mondiale contre le changement climatique à ce jour", selon les Nations unies. Il jauge les progrès réalisés par les États pour limiter le réchauffement à 2°C (et si possible 1,5°C) d’ici à 2100.

Dans le cadre de l’article 4 de l’accord de Paris, chaque pays devait communiquer ses objectifs de réduction des émissions de gaz à effet de serre, sous la forme de Contributions déterminées au niveau national (CDN), renouvelées tous les cinq ans.

Le premier bilan collectif est alors réalisé cette année. Les pays auront ensuite jusqu’en 2025 pour renvoyer leurs CDN réactualisées, avant un nouveau bilan, qui sera réalisé en 2028.

Le document technique publié le 8 septembre est le résultat de deux ans de travaux,. Il s’appuie sur ces CDN et sur la consultation d’experts gouvernementaux, de chefs d’entreprise et de membres de la société civile.

Il s’agit d’un "élément très important dans le processus de l’accord de Paris", a estimé Laurence Tubiana, présidente de la Fondation européenne du climat, qui rappelle que toutes les parties se sont prêtées au jeu "malgré le contexte international".

Si le texte assure que "l’accord de Paris a été le moteur d’une action climatique quasi universelle", il note que "les émissions mondiales ne sont pas conformes" aux objectifs.

Avant cet accord, le monde se dirigeait vers un réchauffement de +4°c à la fin du siècle, sur la base des engagements actuels, ce serait désormais plutôt +2,5°C.

Mais pour parvenir à respecter l’objectif de +1,5°C, il faudrait réduire les émissions mondiales de 20 à 24 milliards de tonnes de CO2 équivalent* en 2030. Soit une réduction de presque 50% par rapport aux émissions de 2019.

Pour y parvenir, il faut augmenter la part des énergies renouvelables et abandonner progressivement les énergies fossiles non adossées à des dispositifs de captage ou de stockage de carbone, note le rapport.

"Ce qui est très clair, c’est que toute nouvelle infrastructure d’énergies fossiles est incompatible avec les objectifs" de l’Accord de Paris, a réitéré Laurence Tubiana, architecte de cet accord en 2015.

Le texte publié ce 8 septembre rappelle qu’il faut freiner drastiquement la déforestation pour renforcer les puits de carbone, ou encore améliorer les pratiques agricoles pour réduire les émissions.

Le Global stocktake a une vocation plus politique. Le texte, discuté officiellement lors de la COP28 , vise à renforcer l’ambition collective et intensifier la coopération internationale. Il dresse un bilan collectif des efforts de chaque État, et ne détaille pas quel pays a été bon élève ou quel autre devrait mieux faire.

"Personne n’est pointé du doigt. Ça n’a jamais été la logique de l’exercice, et ce pourrait d’ailleurs être contre-productif", a estimé un négociateur européen pour le climat. Cependant, le but est d’inciter à l’esprit d’équipe. "Le GST doit surtout permettre de montrer la direction pour les années à venir", en termes de réduction des émissions comme d’adaptation aux conséquences du réchauffement, ajoute Laurence Tubiana.

Les États devraient prendre le temps d’évaluer le contenu de cette synthèse avant la publication, lors de la COP28, d’une déclaration politique finale juridiquement contraignante (mais non assortie de sanctions…) sur la trajectoire à suivre. Le succès de la COP28 de Dubaï dépendra en grande partie de la réponse apportée au document publié le 8 septembre.

Les dirigeants du G20 se retrouvent les 9 et 10 septembre à New Delhi, autour de trois questions : le triplement des capacités mondiales en matière d’énergies renouvelables, la réduction progressive de l’utilisation des combustibles fossiles comme le charbon, mais aussi le financement de la transition verte dans les pays en développement.

*L’équivalent CO2 est une mesure qui prend en compte le dioxyde de carbone, principal gaz à effet de serre, mais aussi les autres, dont le méthane.


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