Conséquence du retard pris dans la transition vers les énergies renouvelables

Le nucléaire appelé à l’aide contre le changement climatique

10 octobre 2019, par Manuel Marchal

Le président du GIEC a insisté cette semaine sur l’importance de développer le nucléaire afin de remplacer rapidement les énergies fossiles, responsables des émissions de gaz à effet de serre qui contribuent au changement climatique.

Cette prise de position du GIEC, le conseil scientifique de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, rappelle l’urgence d’agir, et souligne que le retard pris dans l’action amène à des décisions qui d’une part peuvent aider à une solution, mais qui créent de nouveaux problèmes à long terme. Tout d’abord parce que l’énergie nucléaire est dangereuse comme le rappellent les catastrophes de Tchernobyl, qui a pollué toute l’Europe, et celle de Fukushima, qui a durablement contaminé les océans. Ensuite parce que la question des déchets nucléaire est laissée en héritage aux générations suivantes. Voilà le résultat du refus de prendre en compte la réalité du changement climatique, et de la volonté de maintenir le mode de consommation actuel. Voici un résumé de la position du GIEC, au travers d’un article publié par la Revue générale nucléaire.

M.M.

« Cette semaine (du 7 au 11 octobre 2019), se tient à l’Agence Internationale de l’Energie Atomique à Vienne (AIEA) une conférence internationale exceptionnelle sur le thème « le changement climatique et le rôle de l’énergie nucléaire ». Organisée par l’AIEA en collaboration avec l’Agence de l’énergie nucléaire (AEN) de l’Organisation de coopération et de développement économiques (OCDE), elle rassemble près de 550 participants, représentant entre autres 79 Etats membres et 18 organisations internationales, comme le Groupement International des Experts pour le Climat (GIEC) et la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC).
Hoesung Lee, président du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC/IPCC), est revenu sur les conclusions du rapport spécial SR1.5 publié l’année dernière.

Il a rappelé d’abord que pour contenir le réchauffement en dessous de 1,5°C (au-dessus des niveaux pré-industriels), le monde devrait parvenir à la neutralité carbone en seulement quelques décennies, induisant un effort considérable de réduction des émissions. Pour cela un « large portefeuille d’options d’atténuation serait nécessaire, ainsi qu’un très large accroissement de l’investissement dans ces options ». Réduire les émissions dans le secteur énergétique, si dépendant des énergies fossiles depuis plus de cent ans, nécessiterait trois grandes stratégies : des efforts d’efficacité énergétique, l’électrification des usages, et la décarbonation de l’électricité.
Le Président du GIEC a alors détaillé plus spécifiquement les travaux sur le nucléaire. Sur la base des 21 modèles disponibles, le GIEC a étudié 89 trajectoires permettant de contenir la hausse de la température globale à 1,5°C à l’horizon 2100. Ces trajectoires montrent un effort important en termes d’efficacité énergétique, ainsi qu’un doublement de la part de l’électricité dans l’énergie totale (de 19 % en 2020 en valeur médiane à 43 % en 2050). Le nucléaire contribue aux efforts de décarbonation de l’électricité dans la très grande majorité des 89 trajectoires. Les variations sont importantes entre les différentes trajectoires, allant d’une diminution jusqu’à une multiplication de la production nucléaire par 10. Ces variations sont principalement dues aux incertitudes sociétales mais aussi à des différences de prise en compte des futurs développements technologiques possibles par les modèles utilisés par le GIEC lors de ses travaux : moins d’un tiers des 21 modèles utilisés incluent par exemple les SMR, ou la possibilité pour le nucléaire de générer de la chaleur bas carbone. Et de rappeler que « le temps presse. La part du nucléaire dans le futur mix dépendra de la vitesse à laquelle la technologie peut être déployée. De toute évidence, nous ne savons pas et ne pouvons pas savoir quelles technologies seront disponibles au cours des 30 prochaines années et quelles en seront les performances ».

Pour le Président du GIEC, le nucléaire doit relever deux principaux défis : la compétitivité par rapport aux autres technologies non fossiles, et l’accélération de son rythme de déploiement. Et de conclure : « Je vous souhaite de réussir à relever ces défis car le climat a besoin de toute l’aide possible ! ». »

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