COP 21 : Plan climat des États-Unis

Le plan audacieux de Barack Obama

7 août 2015, par @celinetabou

À moins de six mois de la conférence sur le climat (COP21) de Paris, le président américain, Barack Obama, a annoncé un plan inédit de lutte contre le changement climatique. Appelé « America’s Clean Power Plan », celui-ci réunit une série de règles et de réglementations environnementales, qui seraient une avancée « jamais franchie » par les Etats-Unis dans le domaine.

Centrale thermique charbon-bagasse à La Réunion. Le plan d’Obama veut notamment réduire la consommation de charbon pour produire de l’électricité.

L’une des mesures les plus importantes de « America’s Clean Power Plan » est la limitation de 32 % d’ici 2030 - par rapport à 2005 - des émissions de gaz à effet de serre des centrales thermiques nationales, liées à la production d’électricité. Ces installations représentent 40 % des émissions américaines en dioxyde de carbone, qui contribuent au changement climatique.
Pour Barack Obama, « les centrales électriques sont la principale source de pollution par le carbone nocif qui contribue au changement climatique. » « Mais jusqu’à présent, il n’y a eu aucune limite fédérale à la quantité de cette pollution que ces centrales peuvent rejeter dans l’air », a-t-il indiqué.

« Cela va bientôt changer »

La lutte contre le réchauffement climatique était une promesse de campagne de Barack Obama en 2008. Il aura fallu attendre 7 ans, à quelque mois de la fin de son second mandat, pour que le président des États-Unis décide de lancer un plan de grande ampleur. D’ailleurs, ce dernier pourrait être rapidement mis de côté par la nouvelle présidence en janvier 2017.
Mais « dans l’intérêt de nos enfants, pour la santé et la sécurité de tous les Américains, cela va bientôt changer », a assuré le président américain. Toutefois, l’objectif de cette limitation vise d’une part à diminuer les factures d’énergie des particuliers, créer des emplois dans le secteur des énergies renouvelables et avoir des services énergétiques plus fiables.
Pour de nombreuses organisations, ce plan est considéré comme un pas en avant. Ainsi, Pierre Cannet, responsable énergie/climat au WWF France, a assuré auprès de l’AFP, que « ce plan est de bon augure pour la COP21, la grande conférence sur le climat organisée à Paris début décembre. » Ce dernier a indiqué qu’il est « important de voir que les Etats-Unis sont crédibles et passent à l’action. »
De son côté, le réseau international d’experts, appelé « Carbon action tracker » (CAT) a assuré que le plan pour une énergie propre de Barack Obama « démontre la confiance dans le potentiel des énergies renouvelables de la première économie mondiale. » En effet, la part des énergies renouvelables dans la production électrique américaine en 2030 devrait passer de 16 % à 20 %, selon CAT.

Le compte n’y est pas

Cependant à quatre mois d’un sommet jugé crucial, les experts mettent en avant le manque d’objectifs de la part des Etats-Unis pour parvenir à limiter la hausse des températures à 2°C au niveau mondial par rapport à l’ère préindustrielle.
Pour CAT, le plan de Barack Obama devra être complété par d’autres actions dans les transports et l’habitat, par exemple, afin réduire de 26 à 28 % l’ensemble des émissions nationales de gaz à effet de serre entre 2005 et 2025.
Les scientifiques ont indiqué que l’action du gouvernement met le pays en position de force, et il pourra ainsi en inciter d’autres à suivre la même démarche. Mais les objectifs évoqués sont en deçà des préconisations des scientifiques. Ces derniers souhaitent que les pays industrialisés fassent des efforts plus marquants afin de réduire plus fortement les émissions de CO2, a souligné, Pierre Cannet (WWF France).
De son côté, Pierre Radanne, conseiller climat pour certains pays africains, le niveau d’engagement des Etats-Unis “faible”, révèle l’AFP. « On est loin d’un leadership » a-t-il estimé. Ce dernier met en avant les objectifs de l’Union européenne qui s’est engagée à réduire de 40 % ses émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030. Sur une même période, les Etats-Unis les réduisent de 13 %.
« Avec les engagements de la Chine et des USA, qui font à eux deux près de la moitié des émissions, on est loin des 2 degrés, alors à un moment donné, il faudra refaire les comptes », a déploré Pierre Radanne.

Un plan salué pour ses objectifs

Malgré les insuffisances, l’ « America’s Clean Power Plan » (plan pour une énergie propre) a été salué par le gouvernement français, hôte de la COP21. La ministre de l’Ecologie, Ségolène Royal, a félicité sur les réseaux sociaux, le président américain « pour son engagement », avant la conférence de Paris. Cette dernière a indiqué que « le parlement français a adopté la loi sur la transition énergétique », comme gage de l’évolution de la politique environnementale du gouvernement.
Jean-Christophe Cambadélis, premier secrétaire du PS, a indiqué qu’il s’agit d’un « plan majeur contre le réchauffement climatique est une heureuse et déterminante nouvelle », ajoutant « que le président de la première économie du monde estime qu’il est de la dernière génération à pouvoir agir est un encouragement pour tous ceux qui ont fait de l’écologie LA question des temps contemporains. »
Du côté américain, les Républicains attendent la prochaine élection présidentielle de 2016 pour empêcher la mise en place de ce plan. Majoritaires au congrès, les Climato-sceptiques, lobbys industriels et Etats charbonniers ont annoncé leur intention de faire barrage à ce plan. Le lobby du Charbon, l’Association nationale minière, a annoncé qu’elle va le contester devant la justice fédérale.
Mais Barack Obama a décidé d’utiliser le seul instrument disponible pour passer en force : la loi sur la pureté de l’air (clean Air Act) dont l’application dépend de l’Agence pour la protection de l’environnement. De fait, le « America’s Clean Power Plan » ne sera pas soumis au vote du congrès.

A la Une de l’actuBarack ObamaAccord de Paris sur le climat

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