Le rapport final du GIEC (Groupe d’experts Intergouvernementaux sur l’Évolution du Climat)

5 février 2007

Des scientifiques de la délégation française - Pascale Delecluse (Météo-France) ; Marc Gillet (ONERC) ; Sylvie Joussaume (LSCE) ; Jean Jouzel (IPSL) ; Michel Petit (CGTI) - ont traduit les principaux points des conclusions publiées vendredi par le Groupe des experts intergouvernemental sur l’évolution du climat. Nous en reproduisons ici l’essentiel.

« L’essentiel de l’accroissement observé sur la température moyenne mondiale depuis le milieu du 20ème siècle est très vraisemblablement du à l’augmentation observée » des gaz à effet de serre rejetés par les activités humaines, estiment les experts du GIEC.

Etat des lieux

« Le réchauffement du système climatique est sans équivoque ». « 11 des 12 dernières années figurent au palmarès des 12 années les plus chaudes » depuis 1850, date du début des enregistrements.
La température moyenne du globe a augmenté de 0,74 degré en 100 ans (1906-2005) alors qu’elle n’avait cru que de 0,6 degré entre 1901 et 2000, selon le rapport de 2001.
D’une manière générale, le réchauffement a été deux fois plus rapide dans les 50 dernières années que dans les 100 dernières années, observent aujourd’hui les experts du GIEC.
Les concentrations de CO2, de méthane et de protoxyde d’azote, les trois principaux gaz réchauffant l’atmosphère, « ont cru de façon notable du fait des activités humaines depuis 1750 ».
Celle du seul CO2 est à son plus haut niveau depuis 650.000 ans. Elle atteignait 379 parties par millions (ppm) en 2005 contre 280 ppm environ à l’ère préindustrielle.
Les activités humaines, rappellent les experts, ont des effets contradictoires sur le climat. L’utilisation des combustibles fossiles et la déforestation réchauffent la planète. L’usage des aérosols au contraire la refroidit.
Mais il y a désormais « huit chances sur dix » que ce soit le réchauffement qui l’ait emporté depuis le début de l’ère industrielle en 1750. « Les glaciers de montagne et la couverture neigeuse ont diminué dans les deux hémisphères ». La mer a monté de 17cm au 20ème siècle, une donnée affinée depuis le dernier rapport du GIEC qui donnait une fourchette de 10 à 20 cm.
« Des sécheresses plus sévères et plus longues ont été observées sur de larges étendues depuis 1970, particulièrement dans les régions tropicales et subtropicales ».
Les vagues de chaleur sont devenues plus fréquentes.
Sur les cyclones tropicaux, un sujet sensible pour la délégation américaine à la réunion de Paris, les experts estiment qu’ « il n’y a pas de tendance claire sur le nombre annuel » de ces phénomènes, et que leur lien avec le changement climatique n’est pas encore définitivement établi.
« Les observations mettent en évidence une augmentation de l’activité des cyclones tropicaux intenses dans l’Atlantique nord depuis 1970 environ, corrélée avec des augmentations de températures de surface de la mer sous les tropiques », écrivent-ils prudemment.
Mais un tableau du document est plus explicite. Il indique qu’il y a « plus d’une chance sur deux » que les rejets de gaz à effet de serre et autres activités humaines augmentent le nombre de cyclones tropicaux de forte intensité à l’avenir, et qu’il y a « deux chances sur trois » que cela ait été déjà le cas depuis 1970.

Les cataclysmes menacent en l’absence de politiques climatiques

« La poursuite des émissions de gaz à effet de serre au niveau actuel ou au-dessus provoquerait un réchauffement supplémentaire et induirait de nombreux changements dans le système climatique global au long du 21ème siècle, qui seraient très vraisemblablement (90% de chances - ndlr) plus importants que ce qui a été observé au cours du 20ème siècle », avertissent les scientifiques dans le nouveau rapport.
Selon les scénarios de croissance économique et démographique, de percées technologiques et d’émissions tendancielles des gaz à effet de serre, les « valeurs les plus probables » du réchauffement à venir vont de 1,8 degré Celsius à 4 degrés Celsius.
Les températures simulées pour la décennie 2090-2099 sont comparées à celles des 20 dernières années du XXème siècle (1980-1999).
Pour le scénario le plus optimiste (B1), la fourchette de réchauffement va de 1,1 degré à 2,9 degrés. Pour le scénario le plus catastrophique, elle s’étale de 2,4 degrés à 6,4 degrés. (...)
« Le réchauffement le plus important est attendu sur les terres émergées et aux latitudes élevées, et le moins important est escompté dans le Sud de l’Océan Indien et dans certaines parties de l’Atlantique nord ».
Le rapport table sur une élévation du niveau de la mer de 18 à 59 cm d’ici 2100. (...)

Davantage d’événements météorologiques extrêmes

Les experts ont beaucoup plus de certitudes qu’en 2001 sur ce qui se passerait si rien n’était entrepris pour combattre énergétiquement l’effet de serre. « Il est très probable (plus de neuf chances sur dix) que les chaleurs extrêmes, les vagues de chaleur et les événements de fortes précipitations continueront à devenir plus fréquents » au XXIème siècle.
La couverture neigeuse va se contracter. Dans l’Arctique comme dans l’Antarctique les glaces de mer vont diminuer, quelque que soit le scénario étudié.
Côté précipitations, les projections ont fait des progrès depuis 2001. « Des augmentations des quantités de pluies sont très vraisemblables aux latitudes élevées, alors que des diminutions sont vraisemblables dans la plupart des régions émergées subtropicales ».
En ce qui concerne les courants marins, le rapport confirme que l’arrêt du Gulf Stream n’est pas pour demain. « Il est très vraisemblable, indique-t-il, que la circulation thermohaline de l’Atlantique nord ralentira au cours du 21ème siècle ». Mais « il est très improbable qu’elle subisse une transition importante au cours du 21ème siècle », les évolutions à plus long terme ne pouvant encore être établies avec la moindre certitude.


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Messages

  • Je pense que les conclusions du 4ème rapport du Giec sont très optimistes et ne tiennent pas entièrement compte de certains phénomènes ni de leurs conséquences. Ce n’est pas seulemement une sirène d’alarme qu’il faut, mais des réactions rapides et proportionnées. Si les politiques et les décideurs n’agissent pas suffisamment vite, les populations devraient prendre l’avenir de la planète en main !


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