Rencontre ministérielle au Groenland

Le réchauffement climatique s’accélère

20 août 2005

Les ministres de l’environnement de vingt-cinq pays industrialisés et en développement se sont retrouvés mardi dernier - jusqu’à hier - au Groenland, territoire danois de l’Arctique, pour discuter de manière informelle et à huis clos du réchauffement climatique, fortement ressenti dans cette région du monde.

Une étude internationale sur l’impact du climat sur l’Arctique ("Arctic Climate Impact Assessment" - ACIA), publiée en novembre, révélait que cette partie du monde s’est réchauffée deux fois plus vite que le reste de la planète au cours des dix dernières années, en raison notamment des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ses glaces pourraient fondre totalement en période estivale vers 2100, mettant de nombreuses espèces animales en danger et bouleversant le mode de vie traditionnel des Inuits, sa population autochtone.
Avec les émissions futures de dioxyde de carbone (CO2) et d’autres gaz à effet de serre "modéré", les températures moyennes enregistrées dans l’Arctique risquent d’augmenter de 4 à 7 degrés Celsius d’ici à 2100, selon cette étude, la plus détaillée jamais publiée sur le sujet, réalisée par plus de 250 chercheurs.

Une « découverte dramatique »

La ministre de l’environnement danoise, Connie Hedegaard, a choisi Ilulissat, dans la baie de Disko, à l’Ouest de l’île, comme lieu de cette réunion de quatre jours, pour montrer à ses collègues l’inlandsis - la calotte glaciaire -, qui recouvre 82% du Groenland et commence à fondre par endroits. Ilulissat, à 250 kilomètres au Nord du cercle arctique, avec son fjord glacé parsemé d’icebergs, a été inscrite en 2004 au patrimoine de l’UNESCO. Mais son glacier, Sermeq Kujalleq, a reculé de plus de 11 kilomètres depuis les années 1960.
Signe plus grave encore du réchauffement climatique, la "découverte dramatique" d’une équipe de chercheurs indépendants du Climate Change Institute de l’université du Maine (États-Unis), à bord du bateau de l’organisation écologique Greenpeace “Artic Sunrise”, qui a constaté le 20 juillet que le glacier Kangerdlugssaq, sur la côte Est du Groenland, est devenu l’un des plus rapides au monde.
« Il se déplace à une vitesse annuelle de 14 kilomètres d’ouest en est vers la mer contre 5 kilomètres par an en 1988, confirmant l’accélération des changements climatiques, qui nécessite une action urgente pour la stopper », a affirmé à l’AFP Mads Flarup Christensen, directeur de campagne de Greenpeace.

« Pas une menace théorique »

« Les changements climatiques ne sont pas une menace théorique. On les ressent déjà dans cette fragile nature arctique au Groenland », selon la ministre danoise. Afin de rendre « les discussions plus libres et le dialogue plus ouvert, direct et concret », la conférence est fermée aux médias, et chaque ministre ne pourra amener qu’un seul conseiller, a-t-elle ajouté. Par une telle initiative, les hôtes danois et groenlandais veulent créer, espèrent-ils, une atmosphère plus détendue que celle qui prévaut souvent dans les réunions de l’ONU sur l’environnement.
Les ministres de pays gros pollueurs - comme les États-Unis, l’Inde, le Brésil, la Chine, le Japon et des pays d’Europe - devaient discuter notamment de la coopération climatique internationale après 2012, qui marque la fin de la première étape du protocole de Kyoto, et également des conséquences et du coût à payer si le monde ne faisait rien après cette date. Le rendez-vous d’Ilulissat doit constituer « un préparatif essentiel » à la 11ème conférence climatique des Nations unies, qui aura lieu au Canada en décembre, selon la ministre danoise.
(source : “Le Monde” avec l’AFP)


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