L’augmentation des températures liée aux activités humaines s’accroît

Le réchauffement climatique se poursuit à un rythme inédit

9 juin 2023

L’augmentation des températures liée aux activités humaines s’accroît désormais à un rythme de plus de 0,2 °C par décennie, selon une vaste étude internationale publiée le 8 juin.

Le réchauffement climatique s’accélère à un rythme inédit. Selon une étude publiée dans la revue Earth System Science Data, la hausse des températures induite par les activités humaines a augmenté « à un rythme sans précédent de plus de 0,2°C par décennie ». Ce réchauffement atteint 1,14°C en moyenne sur la période 2013-2022 et 1,26°C en 2022, par rapport à l’ère préindustrielle.

Cette étude signée par une cinquantaine de scientifiques et encadrée par l’université de Leeds « vise à réactualiser l’état des connaissances scientifiques vis-à-vis de l’influence humaine sur le climat planétaire », a précisé lors d’un point presse la climatologue et co-autrice Valérie Masson-Delmotte.

Les rapports du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat (Giec) met à jour la situation climatique dans le monde, mais « du fait du temps de préparation et de relecture nécessaire pour les élaborer, ils ne sont disponibles que tous les 5 à 10ans ». Le dernier état des lieux complet ne prenait ainsi en compte que des données allant jusqu’en 2019 ou 2020.

Cette nouvelle évaluation des indicateurs climatiques se base sur les mêmes méthodes : réalisée à partir des inventaires nationaux délivrés par tous les États concernant leur production et consommation d’énergies fossiles (charbon, gaz, pétrole) et leurs données relatives à l’affectation des terres et à la déforestation, a précisé Pierre Friedlingstein, chercheur au laboratoire de Météorologie dynamique du CNRS.

Ces travaux confirment à nouveau que le principal facteur de réchauffement reste la concentration de gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Pour le dioxyde de carbone, cette accumulation a été revue à la hausse, passant de 417 parties par million contre 410 ppm dans le dernier rapport du Giec.

La tendance n’est pas près de se stabiliser car les émissions annuelles de gaz à effet de serre ont encore atteint « un niveau record » de 54 gigatonnes équivalent CO2 en moyenne au cours de la dernière décennie, contre 53 Gt CO2 évaluées jusque-là.

L’équivalent CO2 est une mesure prenant en compte le dioxyde de carbone, ainsi que d’autres puissants gaz à effet de serre tels que le méthane ou le protoxyde d’azote. Cette hausse s’explique aussi par l’augmentation des émissions de méthane issues de l’agriculture et de l’exploitation fossile, alors que celles de CO2 ont plutôt tendance à se stabiliser, a souligné Pierre Friedlingstein.

« Nous sommes dans une décennie critique où les choses évoluent très rapidement, c’est pourquoi il nous faut des données mises à jour régulièrement », a déclaré Piers Forster de l’université de Leeds et uteur principal de ces travaux.

Ce dernier a indiqué en conférence de presse que pour la première fois « tous les ingrédients sont rassemblés sur une seule plateforme afin d’estimer l’impact humain sur le changement climatique ».

Ce nouvel état des lieux « est un appel au sursaut qui tombe à point nommé », a estimé pour sa part Valérie Masson-Delmotte, directrice de recherche CEA au Laboratoire des sciences du climat et de l’environnement, à l’université Paris Saclay.

Alors que les représentants de tous les pays sont actuellement réunis à Bonn (en Allemagne) pour préparer la COP28, les récents rapports montrent une aggravation de la situation.

L’année 2023 est donc une étape clé dans la lutte contre le réchauffement, car le premier bilan mondial des progrès collectifs accomplis pour respecter l’accord de Paris (visant à limiter le réchauffement en dessous de 2 °C, et si possible à 1,5 °C) doit être publié en septembre 2022.

Or l’étude montre justement que la fenêtre d’opportunité pour respecter l’accord de Paris se réduit inexorablement. Les scientifiques ont donné une nouvelle estimation du budget carbone restant, autrement dit de la quantité de CO2 pouvant encore être émise pour donner 50 % de chances de maintenir la hausse de la température mondiale à moins de 1,5 °C.

Ce budget se retrouve divisé par deux par rapport à la précédente estimation du Giec : il n’est plus que d’environ 250 gigatonnes de CO2. Ce qui, au rythme actuel de nos émissions, nous laisse moins de six ans.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus