Environnement : aggravation des inondations en France

Le rôle incontestable des activités humaines

21 juillet 2004

Le numéro 92 des ’données de l’environnement’ publié hier par l’Institut français de l’environnement (IFEN) apporte quelques éclairages sur les facteurs expliquant la répétition d’inondations graves en France depuis le début des années quatre-vingt-dix. Évolutions climatiques, modifications de l’usage agricole des sols et extension des constructions en zones inondables peuvent jouer un rôle différent selon les régions. Un renforcement récent de la réglementation procure de nouveaux outils pour réduire l’impact des activités humaines sur l’aggravation des dommages.

La répétition d’inondations graves en France (particulièrement dans le Sud-Est, l’Ouest et le Nord) depuis le début des années quatre-vingt-dix paraît liée à plusieurs facteurs, dont l’importance varie selon les régions.
Les changements climatiques seraient susceptibles d’augmenter la fréquence des pluies fortes hivernales dans l’Ouest de la France ; la réduction des prairies et le développement des surfaces imperméabilisées jouent par endroits un rôle important. L’extension des constructions en zone inondable accentue nettement les dommages.
La réglementation se renforce pour limiter ou compenser ces risques. Les plans de prévention des risques, qui visent notamment à interdire les constructions dans les zones les plus exposées concernaient, fin 2003, 9.500 communes sur 13.000 considérées à fort risque d’inondation.

Doublement des pluies

La fréquence des pluies s’est accrue dans certaines régions du Nord-Ouest ; en revanche, aucun élément ne permet de suspecter une dérive climatique dans le Sud-Est. Pour l’avenir, les modèles mis en œuvre par les chercheurs de Météo-France et de l’Institut Pierre Simon Laplace des sciences de l’environnement (IPSL) simulent, pour la fin du siècle, un possible doublement de la fréquence des pluies fortes en hiver dans tout l’Ouest de la France.
Selon l’IFEN, la transformation du paysage rural peut accroître le ruissellement pour les crues ordinaires. En effet, les bois et les prairies, qui favorisent l’infiltration de l’eau dans le sol et retardent ainsi le ruissellement et la formation des crues, évoluent en sens contraire : les premiers voient leurs surfaces augmenter sur la quasi totalité du territoire français ; les secondes sont en nette régression depuis plusieurs décennies pour être remplacées en partie par des cultures laissant le sol nu en hiver. Dans les secteurs sensibles à l’érosion et au ruissellement, tels que les terres limoneuses de l’Ouest et du Nord-Ouest de la France, la fréquence des crues moyennes à fortes augmente. Depuis une dizaine d’années, les opérations de remembrement sont réalisées avec une meilleure prise en compte des risques d’érosion et d’inondation. Les pratiques culturales de conservation du sol progressent lentement. Lors des pluies exceptionnelles en intensité et durée, ces différents facteurs interviennent peu : le ruissellement est généralisé quels que soient la nature et l’occupation des sols.

De zones inondables peuplées

L’urbanisation en zone inondable augmente fortement les dommages, poursuit l’Institut français de l’environnement. De nombreuses agglomérations et infrastructures se sont développées à proximité des berges des cours d’eau, en amplifiant les conséquences des inondations. La protection des constructions a souvent été assurée par des digues, mais ce type d’ouvrage procure un sentiment de sécurité et encourage les comportements à risques, ce qui explique en partie l’augmentation des dommages humains et matériels induits par des crues de même fréquence. L’IFEN constate que les crues du Gard les 8 et 9 septembre 2002 ont entraîné le double de dégâts par rapport aux événements passés, du fait de l’importance des constructions de moins de trente ans dans les zones inondables ou à l’arrière des digues.
Dans les départements côtiers de la région Languedoc-Roussillon, environ un habitant sur six vit actuellement en zone inondable. Cela veut dire que dans cette région du Sud de la France, 384.000 personnes vivent en zone inondable, dont 321.000 dans les zones à risque fort à très fort (hauteur d’eau supérieure à 1 mètres).


Les émissions de gaz à effet de serre en baisse dans l’Union européenne

Les émissions des six gaz à effet de serre couverts par le protocole de Kyoto ont diminué pour la première fois de 0,5 % en 2002 dans l’Union européenne de l’époque (15 pays), selon des données publiées jeudi par la Commission européenne et l’Agence européenne pour l’environnement.
Les principaux facteurs de cette diminution sont le remplacement progressif du charbon par le gaz et la réduction des émissions provenant des industries de fabrication et des familles, a expliqué la Commission, rappelant qu’en 2000 et 2001, les émissions des six gaz à effet de serre dans l’Europe des Quinze avaient augmenté de 0,2 puis de 1,3 %
En dépit de cette baisse, l’Union européenne a encore un long chemin à faire pour respecter ses engagements au titre du protocole de Kyoto. L’objectif est de réduire les émissions de gaz à effet de serre de 8% par rapport au niveau de 1990 d’ici à 2008-2012, a-t-on ajouté.


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