Rapport de l’ONERC remis hier au gouvernement

Les certitudes sont suffisantes pour agir

1er octobre 2013

Voici des extraits du résumé à l’attention des décideurs du rapport de l’ONERC. L’instance présidée par Paul Vergès apporte des éléments de décision à tous les élus qui ont une responsabilité dans l’aménagement du territoire.

Hier lors de la présentation des travaux du GIEC, Paul Vergès, président de l’ONERC, était assis au premier rang à côté de Rajendra Pachauri, le président du GIEC.

« Le changement climatique pèsera sur les modèles et trajectoires de développement des Outre-mer. Dans toutes les réflexions de long terme, il est important de toujours considérer les impacts du climat futur sur la société future, et non sur la société d’aujourd’hui.

Les conditions environnementales et de développement actuelles déterminent la capacité d’adaptation des territoires et donc leur aptitude à engager une démarche d’adaptation sur le long terme. Le changement climatique va essentiellement avoir pour effet, aux échelles locales, d’exacerber des pressions existantes, liées à des modes de développement non soutenables.

Commencer par régler les problèmes actuels de dégradation de l’environnement et de déséquilibres socio-économiques constitue un premier pas pour une adaptation sur le long terme. Le changement climatique doit avant tout être considéré comme une source supplémentaire d’incitation à mettre en œuvre, au travers d’un processus d’adaptation, les principes du développement durable.

Dans tous les secteurs, plusieurs solutions dites « sans regret » sont identifiables. Pour de nombreux domaines, les certitudes en matière de changement climatique sont suffisantes pour déterminer des actions d’adaptation. Attendre passivement que la science du climat affine ses modèles pour engager des actions d’adaptation serait préjudiciable dans la mesure où les capacités d’adaptation peuvent se réduire à l’avenir. Accepter l’incertitude est donc un impératif, et cela suppose une évolution des attitudes et des comportements de l’ensemble des composantes des sociétés.

S’il est légitime d’analyser principalement les menaces associées au changement climatique, il faut considérer également les opportunités potentielles sous forme, par exemple, de transfert d’activité économique. »

Biodiversité menacée

« Le changement climatique est en passe de devenir l’un des principaux catalyseurs du processus d’extinction des espèces au XXIème siècle. Certaines espèces déjà menacées sont particulièrement vulnérables aux conséquences du changement climatique, facteur aggravant des menaces déjà constatées.

Les écosystèmes se sont adaptés aux changements dans le passé, mais les changements actuels surviennent à un rythme jamais subi précédemment.

En règle générale, plus les changements climatiques sont rapides, plus leurs conséquences se font sentir sur les écosystèmes. Le changement climatique affecte déjà leur santé et les services qu’ils rendent dans les Outre-mer. L’acidification des océans, produite par l’augmentation de la teneur en dioxyde de carbone dans l’atmosphère, pourrait affecter les poissons et tous les organismes marins à squelette calcaire, comme la plupart des coraux, mais aussi les oursins, certains mollusques et certaines espèces de zooplancton à enveloppe calcaire. »
Influence sur le tourisme

« Le climat est l’un des grands déterminants des formes et de la dynamique du tourisme. Il agit à la fois de manière directe (clémence et faible variabilité des conditions, ensoleillement important...) et indirecte (biodiversité, température de la mer, paysages...). Aussi, les conditions climatiques sont en général considérées comme étant la principale ressource de l’industrie touristique de l’outremer tropical.

Les grandes tendances de l’évolution du climat sont dommageables à la compétitivité et à la durabilité du tourisme littoral.

La prise en compte du changement climatique comme paramètre dans les schémas de développement touristique revêt donc une importance stratégique malgré un contexte de fortes incertitudes sur l’évolution de la demande.

La sensibilisation des acteurs privés du tourisme au coût des impacts et aux options techniques d’adaptation de leurs activités ou le développement d’un tourisme durable et diversifié est un exemple de mesure sans regret. »
Effets sur la pêche

« L’Outre-mer confère à la France le deuxième espace maritime au monde. Malgré l’insuffisance de données spécifiques sur le secteur de la pêche outre-mer, les connaissances actuelles laissent envisager un fort impact sur les migrations des espèces et la dégradation des milieux de vie.

L’anticipation des migrations d’espèces doit servir à renforcer les capacités des pêcheurs pour faire évoluer leurs techniques et matériels à moyen terme, ainsi qu’à favoriser les coopérations régionales. Le suivi de l’état écologique de ressources essentielles, notamment pour les activités comme la perliculture, doit être renforcé. La hausse du niveau marin rendra nécessaire l’évolution en conséquence des infrastructures de pêche et d’aquaculture. »
La sécheresse pénalisera l’agriculture

« Les impacts négatifs qu’aura le changement climatique sur le secteur agricole sont plus faciles à entrevoir que les opportunités qu’il pourrait créer. L’évolution attendue du climat pourrait affecter de façon sérieuse les grandes productions sucrières et bananières des Outre-mer. L’élevage peut également être fortement pénalisé par la plus grande fréquence des épisodes de sécheresse dans de nombreux territoires.

La structuration du secteur, l’interaction avec les consommateurs pour continuer la diversification et la hausse des consommations locales peuvent contribuer à l’adaptation.

Les techniques culturales limitant l’érosion et la consommation d’eau sont des mesures sans regret. Il existe aujourd’hui des variétés mieux adaptées au climat à venir, mais pour de nombreux produits agricoles la sélection reste à développer, sans quoi certaines productions pourraient disparaître à moyen terme dans certaines zones. »
Augmentation des risques de feu de forêt

« Les principales forêts naturelles se concentrent en Guyane et dans les îles tropicales montagneuses.

L’augmentation des températures va provoquer le déplacement en altitude des bioclimats et des forêts associées. Les formations forestières qui ne trouveront pas d’espace refuge en altitude en raison de l’anthropisation ou de leur position sommitale sont menacées de disparition. La modification du régime des précipitations pourrait avoir un effet perturbateur tout aussi important.

Dans la plupart des Outre-mer, la sécheresse devrait augmenter les risques de feu de forêt et réduire la capacité de fixation des sols pour cause de dépérissement. »
Amplification des maladies existantes

« L’impact attendu du changement climatique sur la santé consiste principalement en un effet amplificateur (en fréquence comme en extension géographique) sur des affections existantes plutôt que l’apparition de “nouvelles” maladies.

Le changement climatique influera probablement sur quatre types d’affections : les pathologies liées aux vagues de chaleur et épisodes caniculaires intenses ; les affections liées à la hausse du rayonnement solaire ; les maladies vectorielles ; les maladies hydriques et alimentaires. Si les infrastructures et l’offre de soin sont très variables d’un territoire à l’autre, les plus grandes difficultés dans l’amélioration du secteur de la santé se concentrent dans les collectivités du Pacifique. »
Importance des énergies renouvelables

« La dépendance énergétique est d’autant plus préoccupante que le parc automobile et la consommation d’électricité augmentent, du fait notamment de la croissance démographique, de la décohabitation des ménages, de l’amélioration du niveau d’équipement et du dynamisme économique.

Le développement de modèles économiques plus sobres en énergie est une solution d’adaptation sans regret pour les Outre-mer, à la fois pour faire face aux impacts directs du changement climatique sur la production et la consommation électrique, mais également pour gérer la hausse des coûts des énergies fossiles importées. La diversification des ressources énergétiques, notamment renouvelables, est à encourager dans une perspective d’adaptation, car un bouquet de solutions permet de répartir les risques en cas d’événement extrême ou de défaillance d’un mode d’approvisionnement. Le développement d’énergies robustes au changement climatique comme les énergies marines et géothermiques est une orientation sans regret. »
Dangers du littoral

« La combinaison de leurs caractéristiques physiques et humaines confère aux territoires d’Outre-mer des niveaux d’exposition variables aux risques littoraux incluant l’érosion côtière, les submersions marines, les inondations, les mouvements de terrain et la salinisation. La très forte concentration d’habitats et d’activités économiques sur le littoral crée un niveau de risque élevé et en augmentation. La croissance démographique et urbaine générera d’autant plus de vulnérabilité qu’elle sera spontanée et s’effectuera en dehors des zones autorisées.

La plupart des risques actuels vont rester identiques ou s’amplifier dans le futur : la correction des insuffisances constatées est donc une option sans regret. »
A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique Paul Vergès

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