Réduire d’urgence la consommation de combustibles fossiles.
Les concentrations de gaz à effet de serre dépassent les records de 2022
16 novembre 2023
Les concentrations de gaz à effet de serre, responsable du changement climatique, ont battu des records en 2022, une tendance qui n’est pas près de s’inverser, a alerté l’ONU.
Pour la première fois, en 2022, les concentrations moyennes mondiales de dioxyde de carbone (CO2), le gaz à effet de serre le plus polluant, ont dépassé de 50% les valeurs préindustrielles.
Les concentrations ont continué à augmenter cette année, d’après le Bulletin des gaz à effet de serre de l’Organisation météorologique mondiale (OMM), publié quelques temps avant la CO28 depuis l’accord de Paris, qui se tiendra du 30 novembre au 12 décembre à Dubaï.
Les concentrations de méthane (CH4) et les niveaux de protoxyde d’azote (N2O) ont également battu des records en 2022, enregistrant leur plus forte progression annuelle jamais observée.
« Malgré des décennies d’avertissements de la part de la communauté scientifique, la publication de milliers de pages de rapports et l’organisation de dizaines de conférences sur le climat, nous continuons à aller dans la mauvaise direction », a indiqué le secrétaire général de l’OMM, Petteri Taalas, dans un communiqué.
L’objectif de l’accord de Paris de 2015 était de limiter le réchauffement de la planète « bien en deçà » de 2 degrés Celsius depuis l’époque préindustrielle (1850-1900), et de 1,5 degré si possible.
Cependant, un rapport de l’ONU a souligné que la température moyenne de la planète en 2022 était supérieure de 1,15°C à celle de l’époque préindustrielle. « Le niveau actuel des concentrations de gaz à effet de serre nous conduit vers une augmentation des températures bien supérieure aux objectifs de l’Accord de Paris d’ici à la fin du siècle », a averti Petteri Taalas.
Le chef de l’OMM est pessimiste sur l’avenir de la planète : « les conditions météorologiques deviendront plus extrêmes : chaleur intense et fortes précipitations, fonte des glaces, élévation du niveau de la mer et réchauffement et acidification des océans », et « nous assisterons à une flambée des coûts socio-économiques et environnementaux ».
« Pas de baguette magique »
En 2022, la concentration dans l’atmosphère en
- dioxyde de carbone s’élevait à 417,9 parties par million (ppm), soit une progression de 150% par rapport à l’année 1750,
- méthane à 1.923 parties par milliard (ppb), soit une progression de 265% par rapport à l’année 1750,
- protoxyde d’azote à 335,8 ppb, soit une progression de 124% par rapport à l’année 1750.
Le dioxyde de carbone, responsable d’environ 64% de l’effet de réchauffement du climat, provient principalement de la combustion de matières fossiles et de la production de ciment, a indiqué l’OMM.
Le CO2 continuera à s’accumuler dans l’atmosphère et à générer une hausse de la température mondiale, tant que les émissions se poursuivront. En raison de la durée de vie du CO2, le réchauffement déjà observé persistera durant plusieurs décennies, même si les émissions nettes sont rapidement réduites à zéro.
« Il n’y a pas de baguette magique pour faire disparaître l’excès de dioxyde de carbone de l’atmosphère », a relevé Petteri Taalas, qui juge « urgent de réduire la consommation de combustibles fossiles ».
Le méthane, contribuant à hauteur de quelque 16% au réchauffement climatique, est lui un puissant gaz à effet de serre qui demeure une dizaine d’années dans l’atmosphère. Son taux d’accroissement en 2022 a été légèrement inférieur au taux record observé entre 2020 et 2021.
Mais il a été largement supérieur au taux d’accroissement annuel moyen des dix années précédentes. Concernant le taux d’accroissement l’an dernier du protoxyde d’azote, à l’origine de 7% environ du réchauffement, « il n’a jamais été aussi élevé à l’époque moderne ».