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Les décès annuels liés à la chaleur vont augmenter de 370% d’ici 2050
Scénario d’un réchauffement planétaire de 2°Celsius d’ici la fin du siècle
lundi 20 novembre 2023
Près de cinq fois plus de personnes risquent de mourir sous l’effet de la chaleur extrême sur Terre dans les prochaines décennies, ont indiqué des experts internationaux dans un rapport publié le 15 novembre. Ils attestent que « la santé de l’humanité est en grave danger » si rien n’est fait contre le changement climatique.
Dans le scénario d’un réchauffement planétaire de 2°Celsius d’ici la fin du siècle. Ce scénario est actuellement en voie d’atteindre 2,7°C d’ici 2100. Les décès annuels liés à la chaleur devraient augmenter de 370% d’ici 2050, soit une multiplication par 4,7, selon l’édition 2023 d’un document de référence publié chaque année par la revue médicale, The Lancet.
La chaleur fatale représente une des principales menaces pour la santé humaine découlant de l’usage croissant des combustibles fossiles. C’est ce qu’ont confirmé les experts, attestant que ce « compte à rebours sur la santé et le changement climatique » à quelques semaines de la conférence internationale sur le climat (COP28) de Dubaï.
Cette COP28 consacrera pour la première fois, une journée à la santé, le 3 décembre. Cette journée sera l’occasion de réunir des ministres et acteurs clés pour discuter des liens entre climat et santé. La question du financement sera centrale, notamment l’augmentation des fonds destinés à la santé dans le cadre de l’action climatique. Tous s’accordent à dire qu’il faut une action coordonnée et ambitieuse pour faire face aux défis sanitaires posés par les changements climatiques.
Des sécheresses plus fréquentes exposant des millions de personnes au risque de mourir de faim, des moustiques voyageant plus loin et transportant des maladies infectieuses, des systèmes de santé peinant à faire face au fardeau figurent dans les autres dangers évoqués dans ce rapport, qui présente 47 indicateurs.
De nombreux acteurs ont appelé à une action mondiale, car les émissions de carbone liées à l’énergie ont atteint de nouveaux sommets en 2022. Ces pointent du doigt les gouvernements, entreprises et banques qui subventionnent et investissent encore massivement dans les combustibles fossiles alimentant le réchauffement planétaire.
En 2022, les habitants du monde entier ont été exposés, en moyenne, à 86 jours de températures potentiellement mortelles, selon le « compte à rebours » de la revue The Lancet. De plus, le nombre de personnes de plus de 65 ans décédées à cause de la chaleur a bondi de 85% entre 1991-2000 et 2013-2022, a estimé ce rapport.
Les estimations faites interviennent alors que l’année 2023 est désormais l’année la plus chaude de l’histoire de l’humanité : l’Observatoire européen du climat a déclaré que le mois d’octobre avait été le plus chaud jamais enregistré. « Les effets observés actuellement pourraient n’être qu’un symptôme précoce d’un avenir très dangereux », a déclaré Marina Romanello, directrice exécutive du rapport. Dans le scénario d’un réchauffement de 2°C d’ici 2100, l’impact sur la santé humaine dépasserait la surmortalité.
Environ 520 millions de personnes supplémentaires se retrouveraient en insécurité alimentaire modérée ou grave d’ici le milieu du siècle, selon les projections publiées par The Lancet. Concernant les maladies infectieuses propagées par les moustiques, elles continueront à se répandre dans de nouvelles zones. Face à ces multiples impacts du changement climatique, plus d’un quart des villes étudiées par les chercheurs a exprimé la crainte de systèmes de santé débordés.
« Nous affrontons crise sur crise », a confié aux auteurs du rapport Georgiana Gordon-Strachan, qui a indiqué que « les habitants des pays les plus pauvres, souvent moins responsables des émissions de gaz à effet de serre, payent le prix des impacts sur la santé, mais ont moins de capacités financières et techniques de s’adapter à des tempêtes mortelles, des mers qui montent ou des sécheresses dévastatrices, aggravées par le réchauffement mondial ».
Le secrétaire général des Nations unies Antonio Guterres, qui ne cesse d’alerter sur le changement climatique, a répondu au rapport en jugeant que « l’humanité est confrontée à un futur insupportable ». « Nous voyons déjà la catastrophe pour la santé et la vie de milliards d’humains dans le monde, mis en danger par des chaleurs records, des sécheresses dévastatrices pour les récoltes, des famines croissantes, des flambées grandissantes de maladies infectieuses, des tempêtes et inondations meurtrières », a-t-il souligné dans un communiqué.