Copenhague : discussions sur le climat suspendues trois heures

Les délégués de 80% de l’humanité refusent de voir la fin du Protocole de Kyoto

14 décembre 2009, par Manuel Marchal

La réunion informelle entre les chefs de délégation, les ministres déjà présents et la présidence de la Conférence de Copenhague a pris une dimension nouvelle. Les délégués des pays en voie de développement ont en effet décidé d’aller se réunir entre eux pour voir quelle suite donner aux discussions. Ils veulent que le Protocole de Kyoto continue à s’appliquer après 2012, et donc que les pays riches s’engagent à réduire considérablement leurs émissions sans remettre en cause le droit pour les pays du Sud d’avoir une chance de se développer.

De 30 à 45% de réduction des émissions de gaz à effet de serre avant 2020, tel est l’engagement prévu pour les pays riches dans le document présenté par le Comité de suivi sur les engagements du Protocole de Kyoto. Manifestement, cette perspective n’enchante guère les représentants de l’Occident qui sont pour la fin du Protocole de Kyoto. Le nouveau texte serait contraignant pour le Sud.

La ligne de fracture entre les représentants de 20% de la population du monde et les autres se révèle à Copenhague. Depuis 13h30, les négociations sont suspendues. Les représentants de 80% de l’humanité voient en effet dans les discussions informelles une tentative de la part de l’Occident de remettre en cause le Protocole de Kyoto. Ce traité international prévoit des engagements des pays riches à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre, tandis que les pays en développement peuvent souscrire à des engagements sur la base du volontariat.

Le Sud veut que ce traité continue après 2012, et qu’entre 2012 et 2020, l’Occident s’engage sur des seuils beaucoup plus ambitieux. Le G-77 a notamment évoqué au moins 40% de réduction des émissions de gaz à effet de serre des pays riches par rapport à 1990.

Le premier "draft" proposé par le Comité de suivi des engagements du Protocole de Kyoto va dans ce sens : il propose entre 30 et 45% de réductions des émissions de gaz à effet de serre pour les pays riches par rapport à 1990. Cette proposition va au-delà de ce que le groupe de pays occidentaux le plus avancé dans ce domaine propose : 30% de réduction avancés par l’Europe. Les États-Unis et le Japon sont bien loin derrière.

La tension a dû être vive durant ces heures de discussions qui ont débouché sur un premier clash. Car des pays comme le Japon ou l’Australie ont réussi à stopper les négociations sur le Protocole de Kyoto, commente Oxfam.

Pourquoi remettre en cause le Protocole de Kyoto ? Un objectif des représentants de l’Occident est le suivant : ils souhaiteraient que les pays pauvres s’engagent également à réduire leurs émissions de gaz à effet de serre.

Responsabilité historique de l’Occident

Une telle attitude renie totalement la responsabilité historique de l’Occident dans cette situation d’une part, et d’autre part il tente de condamner 80% de l’humanité dans le sous-développement puisqu’il est demandé aux plus pauvres de freiner leurs émissions de gaz à effet de serre ce qui équivaut à nier l’augmentation de la population sans précédent qu’ils connaissent. Derrière ce geste enrobé de préoccupations environnementales se cache manifestement la tentative de l’Occident de préserver son hégémonie économique issue de la colonisation, car aujourd’hui, les pays du Sud ne représentent que 20% des émissions de gaz à effet de serre, contre 80% pour l’Occident.

Révoltés par une telle attitude, les délégués des pays du Sud ont décidé de se réunir entre eux afin d’étudier une solution pour surmonter la crise déclenchée par le refus réitéré de l’Occident d’admettre sa responsabilité historique et les conséquences qu’elle implique.

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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