Sommet de l’ONU sur le Climat

Les dirigeants mondiaux lancent un signal politique clair pour lutter contre les changements climatiques

27 septembre 2007

Les représentants de plus de 150 pays, dont plus de 70 chefs d’État et de gouvernement, ont exprimé mardi, au siège de l’ONU à New York, leur volonté de s’attaquer aux conséquences des changements climatiques, lançant ainsi un signal politique clair face au défi en la matière.

Estimant que cette réunion de haut niveau marquait le début d’une nouvelle ère, le secrétaire général de l’ONU, Ban Ki-moon, s’est félicité du signal politique fort adressé aux négociateurs de la 13ème conférence des États parties à la Convention-cadre des Nations Unies sur les changements climatiques, qui doit se tenir à Bali, en Indonésie, en décembre prochain. Il a souligné la nécessité de trouver un accord d’ici à 2012, qui marque la fin de la première phase d’engagement du Protocole de Kyoto. « La Conférence de Bali doit ouvrir la voie à l’ère post-Kyoto », a indiqué M. Susilo Bambang Yudhoyono, Président de l’Indonésie.
M. Ban a souligné le consensus qui s’est dégagé, parmi tous les orateurs, sur le caractère incontestable du lien qui existe entre les changements climatiques et l’activité humaine. « L’heure des doutes est passée », a dit M. Ban. « Le temps nous est compté, le moment d’agir est venu », a-t-il déclaré aux dirigeants mondiaux.
Selon les estimations du Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), principal organe de l’ONU chargé de l’évaluation des fluctuations climatiques, la planète pourrait connaître un réchauffement de 1,8 à 4 degrés d’ici la fin du siècle, et entre 7 et 250 millions d’habitants du continent africain pourraient être touchés par une pénurie d’eau potable avant 2020.
Le déroulement de la réunion de haut s’est articulé autour de quatre séances thématiques, chacune dédiée à un aspect de la réponse à fournir aux effets négatifs des changements climatiques : adaptations et résilience ; réduction des émissions et stabilisation du climat ; le rôle de la technologie ; et le financement.
Au cours de ces discussions, la plupart des intervenants ont insisté sur la nécessité de réduire les émissions de gaz à effet de serre de manière durable, d’améliorer les mesures d’adaptation face aux changements climatiques, de mettre en place de nouveaux mécanismes de financement, et de favoriser les transferts de technologie.
Le débat a par ailleurs révélé les inquiétudes de nombreux pays en développement qui ont souhaité que la lutte contre les changements climatiques ne mette pas en péril les objectifs de développement économique et d’éradication de la pauvreté. Le Président du Panama, Martin Torrijos, a notamment plaidé pour des ressources et des investissements supplémentaires afin d’assister ces pays. Le Ministre de l’Environnement du Kenya a pour sa part demandé que le Fonds d’adaptation prévu par la Convention-cadre soit suffisamment financé et rendu opérationnel rapidement. Le Président de Madagascar, Marc Ravalomanana, a quant à lui proposé un partenariat écologique novateur entre les pays industrialisés et l’Afrique. Quant aux chefs d’État du Cameroun et du Gabon, ils ont rappelé les sacrifices économiques que font les pays d’Afrique centrale en préservant de toute exploitation, au bénéfice de toute l’humanité, les forêts du Bassin du Congo, deuxième réserve forestière mondiale après l’Amazonie.
De nombreux orateurs, dont ceux du Nicaragua, de la Malaisie et de la Gambie, ont par ailleurs appelé les pays industrialisés à faire face à leur responsabilité historique en ce qui concerne les émissions de gaz à effet de serre.
La réunion de haut niveau a aussi mis en lumière la vulnérabilité particulière des pays les moins avancés et des petits États insulaires en développement. Le représentant du Bangladesh a pour sa part indiqué que l’élévation du niveau de la mer pourrait provoquer le déplacement de 25 à 30 millions de personnes dans son pays et a souhaité que les droits des "réfugiés climatiques" soient reconnus.
Le Président de la France, Nicolas Sarkozy, s’est lui aussi alarmé de la possible apparition de réfugiés climatiques. « L’inaction, ce serait accepter un point de non-retour », a-t-il martelé en ajoutant le risque d’une perte de 5 à 20% du PIB mondial par an. De plus il a rappelé que son pays avait inscrit dans sa loi l’obligation de réduire le niveau actuel des émissions de gaz à effet de serre de 75% d’ici à 2050. Condoleezza Rice, Secrétaire d’État américaine, pays critiqué par plusieurs orateurs pour n’avoir pas ratifié le Protocole de Kyoto, a assuré que son pays voulait promouvoir le développement des technologies propres, citant notamment les biocarburants et l’énergie nucléaire. Le Japon, pour sa part, a proposé l’élimination des droits de douanes sur tous les produits qui contribuent à réduire l’effet de serre.
Le défi sans précédent des changements climatiques appelle une réponse sans précédent et exige un sens des responsabilité sans précédent, a conclu M. Ban Ki-moon.


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