Jim Marurai, Premier ministre des îles Cook

« Les engagements maintenant sur la table ne garantissent pas l’avenir de nos enfants »

2 janvier 2010

Le 16 décembre dernier à Copenhague, le Premier ministre des îles Cook est intervenu à la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique. Son pays est un des plus vulnérables du monde à la montée du niveau des eaux de l’océan, et à l’augmentation de la fréquence et de la violence des cyclones.

« M. le Président, merci pour cette opportunité de prendre la parole dans cette très importante conférence.

Vos Excellences, distingués délégués, je tiens à vous transmettre des salutations dans ma langue : « Kia Orana ».
Littéralement, cette formule de politesse signifie : « puissiez-vous vivre longtemps ». « Kia Orana » exprime l’espoir que non seulement un individu vive, mais aussi ses descendants vivent également dans le futur. Alors une fois de plus, laissez-moi saluer le monde en disant : « Kia Orana, puissiez-vous TOUS vivre longtemps ».

M. le Président, je m’adresse à vous aujourd’hui pour apporter aux dirigeants du monde le plaidoyer de mon peuple, qui peut continuer à "survivre" dans son propre pays pour les générations à venir.

En premier lieu, les Îles Cook soutiennent les déclarations faites par Grenade au nom de l’Alliance des petits États insulaires - AOSIS.
Pour la population des Îles Cook, cette conférence représente l’espoir. L’espoir pour mon peuple qui a déjà expérimenté les effets indésirables du changement climatique — la perte de leur maison, de leurs sources de nourriture, de leurs églises, des tombes de leurs défunts — , et craint la perte imminente de son territoire, et par conséquent de ses moyens de subsistance.

M. le Président, les Îles Cook ont contribué très faiblement au problème du changement climatique. Maintenant, nous payons si chèrement pour cela.
La science est claire. De quelles preuves supplémentaires avons-nous besoin ? Seulement, les engagements maintenant sur la table ne garantissent pas l’avenir de nos enfants.
Chaque année, le monde se rassemble avec l’intention de progresser sur le changement climatique. Quasiment vingt ans plus tard, les pourparlers n’ont pas suffisamment tenus leurs promesses.
Maintenant c’est le moment.
Maintenant c’est le moment de mettre les paroles en actes.
M. le Président, il est triste de constater que d’après ce que j’ai entendu, quelques-uns ne sont pas prêts à respecter notre droit — notre droit de survivre.

Mon peuple veut un accord équitable, juridiquement contraignant, de la part de cette Conférence — un accord qui assurerait une réduction significative des émissions, et garantirait le soutien à l’adaptation aux effets indésirables du changement climatique.

Nous risquons de tout perdre. Mais cette perte et ce dommage sont moralement inacceptables, et humainement injustes.
Je suis venu de loin pour vous donner ce message. Et ce sera un long voyage de retour pour dire à mon peuple que l’on a fait la sourde oreille à son plaidoyer pour sa survie.

L’opportunité est maintenant. Laissez le cri du monde être entendu à Copenhague et transformez l’espoir en certitude.
Dites « oui », maintenant, à un accord équitable et juridiquement contraignant.

Kia orana e kia manuia ».

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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