Tillman Thomas, Premier ministre de la Grenade, au nom de la présidence de l’AOSIS

Les pays riches doivent réduire leurs émissions de gaz à effet de serre d’au moins 45%

5 janvier 2010

Tillman Thomas, Premier ministre de la Grenade, a pris la parole le 16 décembre à Copenhague au nom de l’Alliance des petits États insulaires que son pays préside actuellement. Lors de son intervention, il a souligné que l’accord sur le Climat doit contenir des mesures significatives pour que la température moyenne de la Terre n’augmente pas au-delà de 1,5 degré de plus qu’avant l’industrialisation de l’Occident.

M. le président,
Ce n’est pas très souvent que le monde entier concentre ses ressources diplomatiques sur une question.
Ce n’est pas très souvent que des dirigeants de pays aussi divers que Kiribati dans le Pacifique ; le Ghana en Afrique ; la Pologne en Europe ; le Brésil et les Etats-Unis des Amériques se rassemblent pour se battre et réussir à faire avancer une cause commune.
Ce n’est pas souvent que les dirigeants de plus de 120 pays viennent autour de la table pour rechercher une solution collective à un défi commun.
Aujourd’hui, Mesdames et Messieurs, représente un de ces événements uniques. Le monde entier, incluant ma propre et minuscule Grenade et le reste de l’AOSIS, se rassemble pour trouver des solutions à notre problème climatique commun. Nous devons faire cela d’une manière coopérative et participative, aller vers les solutions dont nous avons besoin.
Mesdames et Messieurs, ceux d’entre nous qui sont rassemblés là aujourd’hui ont une responsabilité unique et historique d’agir.

« Il dépend de nous d’agir »

Nous DEVONS agir MAINTENANT, Mesdames et Messieurs, parce qu’il y a des millions de personnes qui dépendent de nous pour que nous leur fournissions l’assurance que leurs maisons, leurs moyens de subsistance, leurs communautés, et leurs pays ne seront pas balayés par l’onde gigantesque du changement climatique.
Il dépend de nous de fournir l’assurance que la vie des écosystèmes, les biens et services issus des écosystèmes soient préservés pour cette génération et celles du futur.
Il dépend de nous d’agir pour protéger notre planète.
Nous devons agir MAINTENANT, parce que parmi nous, dans les petits États insulaires, plusieurs n’ont plus le choix ; beaucoup de nos États sont déjà confrontés aux impacts dévastateurs du changement climatique.
Nous DEVONS agir MAINTENANT, Mesdames et Messieurs, parce que si nous ne le faisons pas, l’Histoire ne nous pardonnera pas.
Aujourd’hui représente le point d’orgue de deux ans de travaux commencés à Bali en 2007. À Bali, nous nous sommes fixés une tâche historique, et notre travail ici aujourd’hui est d’achever cette tâche. Notre travail aujourd’hui est de nous assurer que les deux voies sur lesquelles nous nous sommes engagés à Bali, une relative au Protocole de Kyoto, l’autre relative à la Convention-cadre, sont chacune à portée de conclusions séparées, mais complémentaires.
Mesdames et Messieurs, si nous remplissons cette responsabilité historique, nous devrons prendre des décisions fortes et ambitieuses, qui peuvent placer le monde sur une piste qui préviendra les impacts dangereux du changement climatique.

Des réductions de plus de 45%

Une telle voie DOIT inclure des réductions immédiates et importantes de gaz à effet de serre, en conformité avec les exigences de la science : des réductions de plus de 45% en 2020 en référence à 1990 pour les pays dans l’Annexe 1 (1), avec un pic des émissions avant 2015. Cela assurera que nous progresserons sur une voie qui maintiendra l’augmentation des températures bien en dessous de 1,5 degré de plus que l’époque pré-industrielle. Plus de 100 pays sont engagés.
Pour atteindre ce niveau de sécurité, TOUS les pays, développés et en développement, doivent prendre des mesures fortes pour réussir à réduire les émissions en accord avec le principe de la responsabilité commune, mais différenciée.
Nous devons aussi être sûrs qu’un support technique et financier adéquat est fourni aux pays vulnérables, incluant les petits États insulaires, le groupe des pays dits les moins avancés, et les pays d’Afrique touchés par la sécheresse et la désertification.

Répondre aux espoirs et aux aspirations

Pour que nous soyons capables d’apporter une réponse aux impacts qui ont déjà lieu, pour que nous soyons capables de construire des sociétés et des économies plus résistantes au climat ; et pour prévoir la perte et les dommages définitifs liés au changement climatique : ne nous y trompons pas, Mesdames et Messieurs, certains pays de l’AOSIS ont déjà commencé un processus de migration et de relocalisation.
M. le président, je vous assure que l’AOSIS est venu ici pour travailler. Nous voulons partir avec un résultat solide, juridiquement contraignant, qui engagera tout le monde dans l’action.
Nous lançons donc un appel à tous nos partenaires de rejoindre l’AOSIS dans cette ambition de faire de cette occasion unique celle qui compte pour nous vraiment.
Celle qui répondra à l’espoir et aux aspirations de millions de personnes qui nous regardent maintenant, et dont le sort dépend de nous.
Celle qui nous assurera que nous avons réussi à atteindre l’objectif d’1,5 degré pour rester en vie.
Faisons en sorte qu’aucune île ne sera oubliée.
Merci beaucoup M. le Président. »

(1) Les pays de l’Annexe 1 de la Convention-cadre des Nations Unies sur le changement climatique sont les pollueurs historiques : Europe, Etats-Unis, Canada, Australie et Japon. Ce sont les membres du groupe des pays riches.

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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