Préparation de la Conférence de Paris sur le climat

Les plans de réduction des gaz à effet de serre se font attendre

2 avril 2015, par Céline Tabou

À huit mois de la conférence sur le climat de Paris, peu de pays ont dévoilé leurs objectifs de réduction de gaz à effet de serre pour 2020. Seuls l’Union européenne, le Mexique, la Norvège et la Suisse et les Etats-Unis ont fait des annonces.

Les îles comme La Réunion en première ligne pour subir les conséquences du changement climatique.

L’objectif affiché de la communauté internationale est de limiter le réchauffement de la planète à 2 °C par rapport à l’ère pré-industrielle. Raison pour laquelle, les chiffres transmis sont cruciaux, notamment ceux des Etats-Unis, bien que « l’offre actuelle est clairement insuffisante pour rester sous la barre des 2 °C », pour l’ONG 350.org.

Toujours pas d’objectifs nationaux

Les Etats-Unis, second plus gros émetteur de gaz, ont rappelé et détaillé les engagements pris en novembre 2014 au côté de la Chine. Washington s’est engagé à baisser d’environ 26 % ses émissions de gaz à effet de serre (GES) d’ici 2025, par rapport à 2005.

Initialement, tous les pays pouvaient présenter avant le 31 mars 2015 leurs contributions nationales ; destiné à limiter le réchauffement de la planète. Le but était d’avoir un premier bilan après la conférence de Lima de décembre 2014 et avant la conférence de Paris, en décembre de cette année. D’autant plus que l’ensemble des acteurs attendent un accord multilatéral à Paris, qui est en discussion depuis plusieurs années.

De plus, le dépôt du plan d’action national des pays les plus émetteurs, comme la Chine, l’Australie, le Japon, le Brésil et le Canada, devait permettre d’évaluer l’effort général et d’avoir de la visibilité sur le fossé à combler. Mais jusqu’à cette date limite du 31 mars, aucun de ces 6 pays n’a déposé d’objectif.

Pour Célia Gautier, représentante du collectif d’ONG Réseau action climat, « ce décalage dans le calendrier est problématique. Plus les pays prennent du retard, moins ils seront incités à comparer leurs engagements avec d’autres et à les rehausser, y compris via un soutien international », a-t-elle expliqué à l’Agence France Presse.
De son côté, Laurence Tubiana, négociatrice pour la France, a indiqué qu’il s’agit d’un « problème de précaution, (…) soit parce que les gouvernements ne se sont pas exercés à cet exercice de prospective, soit parce qu’ils sont prudents sur ce que permettront les progrès technologiques dans quelques années ».

Un enjeu pour la France

Laurence Tubiana connait les enjeux de la conférence de Paris pour la France et surtout le Président de la République, François Hollande, raison pour laquelle, elle tient à rester optimiste : « nous aurons beaucoup de contributions nationales en juin ».
Cependant, les précédentes conférences, notamment les plus importantes, n’ont pas abouti à un accord satisfaisant pour les experts et les organisations non gouvernementales, qui déplorent d’année en année, l’inaction des gros pollueurs. De même les représentants des territoires insulaires peinent à se faire entendre, bien que certaines îles subissent la montée du niveau des Océans et des phénomènes climatiques de plus en plus extrêmes.

D’autant plus que les pays trainent à annoncer leurs objectifs climatiques, car cela reviendrait à prévoir la part de ses différentes sources énergétiques (fossiles, renouvelables, nucléaire) après 2020. Une démarche jugée “complexe” car « elle doit prendre en compte les coûts des investissements, les besoins pour assurer le développement économique et la compétitivité, l’évolution des technologies ». Sans oublier que les énergies renouvelables sont devenues des marchés lucratifs, sujet à la concurrence particulièrement en matière de recherche et d’innovation, et d’attribution d’appel d’offre international.

Toutefois, certains pays ont fait part de leurs objectifs. L’Union européenne a prévu une baisse de 40 % des émissions de GES, en 2030 par rapport à 1990. L’entité a été la première à transmettre officiellement son plan post-2020 au secrétariat général de la Convention climat des Nations unies. L’engagement européen repose sur la volonté de porter la part des énergies renouvelables à 27 % et de réaliser 27 % d’économies d’énergie.
La Norvège a des engagements similaires à ceux de l’UE, tandis que la Suisse vise moins 50 % de gaz à effet de serre à 2030. De son côté, le Mexique a été le premier pays émergent à dévoiler ses objectifs : pic des émissions en 2026, réduction de 22 % en 2030, révisable à la hausse en fonction du soutien international.

La réduction des émissions de gaz à effet de serre passe par un changement dans le mode de transport à La Réunion. Ce n’est pas le sens de ce qui se fait à la Région.

Agir vite pour éviter le pire

La Russie s’est fixée comme objectif climat, en vue d’un accord multilatéral fin 2015 à Paris, une réduction de 25 à 30 % de ces émissions de gaz à effet de serre entre 1990 et 2030, selon le secrétariat de la Convention de l’ONU sur le climat, qui a reçu in extremis le plan de Moscou, le 31 mars.

Pour le Groupe intergouvernemental d’experts sur l’évolution du climat (GIEC), les émissions de gaz à effet de serre ne cessent de croître. Elles doivent donc être réduites de 40 à 70 % d’ici 2050 pour espérer tenir le cap des 2°C. Au-delà de ce seuil, les climatologues prévoient des risques graves et irréversibles, en premier lieu sur les territoires vulnérables, et une accélération des dérèglements climatiques.
Les annonces des gros émetteurs sont attendues d’ici juin, lors du prochain cycle officiel de négociations intermédiaires, qui aura lieu à Bonn du 1er au 11 juin. Du côté chinois, « nous ferons de notre mieux pour soumettre notre contribution au cours du premier semestre ». Tandis que l’Australie a indiqué avoir lancé une consultation nationale sur sa contribution et promet également une annonce pour mi-2015.

A la Une de l’actuImpasse du modèleAccord de Paris sur le climat

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