Changement climatique à La Réunion

Les trois mois les plus secs depuis 50 ans

21 août 2013

D’après un communiqué de la préfecture suite à la réunion du Comité “Sécheresse”, les mois de mai, juin et juillet ont été les plus secs depuis 50 ans. Le déficit en eau n’est pas un fait nouveau, va-t-il devenir la norme dans un pays où la population ne cesse d’augmenter ?

À l’heure où les États-Unis sont touchés par d’immenses feux de forêt, quelques jours après que l’Europe ait vécu le passage de la canicule, La Réunion est également touchée par un phénomène climatique extrême. Il s’agit de la sécheresse, elle montre que le changement climatique ne s’arrête pas aux portes de La Réunion.

Le Comité “Sécheresse” a constaté que les mois de mai, juin et juillet ont été les plus secs depuis 50 ans à La Réunion. Cela signifie que la dernière fois qu’un tel manque d’eau a été constaté, c’était en 1963. Depuis cette date, La Réunion a changé considérablement. La population a plus que doublé, et les besoins en eau ont suivi une tendance encore plus rapide du fait de la diffusion partout du modèle de vie occidental.

Autant dire que la pression sur les ressources en eau augmente, tandis que la disponibilité de cette dernière ne va pas dans ce sens.

En effet, le Comité “Sécheresse” note que malgré le passage de deux cyclones dans la même année, «  les précipitations n’ont pas été suffisantes et leur répartition n’a pas permis de compenser les déficits accumulés depuis 2010 ». Dumile et Feleng ont eu pour effet d’apporter une amélioration au début de l’année, mais depuis le mois de mars, c’est le retour vers la baisse.

C’est donc d’ores et déjà une « situation déficitaire précoce ».

Dans l’Ouest, les planteurs souffrent particulièrement de cette crise, c’est ce qu’a rappelé dimanche dernier la CGPER. Ils vont subir d’importantes baisses de revenu si rien n’est fait pour les aider à faire face à cette catastrophe naturelle.

Les dernières données du Comité “Sécheresse” montrent donc une aggravation de la sécheresse dans notre île. Ce type de climat dessine-t-il la norme des prochaines décennies à La Réunion ? C’est en tout cas très inquiétant, car la population se concentre là où la ressource en eau est la plus rare.

Dans les comportements et l’aménagement, c’est une donnée qui devra être rapidement prise en compte. L’adaptation sera-t-elle suffisamment rapide ?

Communiqué de la préfecture

Comme prévu par l’arrêté préfectoral cadre du 23 octobre 2006, le Comité “Sécheresse” s’est réuni en préfecture le 14 août 2012 afin de faire le bilan de la situation hydrologique et météorologique du premier semestre.

Le Comité a constaté que la saison des pluies 2012-2013 a été légèrement excédentaire, sauf sur l’Ouest, mais que les trois derniers mois (mai, juin, juillet) ont été les plus secs depuis 50 ans. Depuis le début de l’année, s’agissant de la pluie, on observe un excédent dans les Hauts et le Sud Sauvage, un léger déficit sur les littoraux Nord-Ouest, Nord-Est, et Est, et un fort déficit sur la frange littorale Ouest.

Aussi, si la saison des pluies 2012-2013 a permis d’améliorer l’état des ressources en eau par rapport aux années précédentes, les précipitations n’ont pas été suffisantes et leur répartition n’a pas permis de compenser les déficits accumulés depuis 2010. Après une légère amélioration en janvier puis en février 2013, l’état des ressources en eau est en baisse sur l’ensemble du département depuis le mois de mars, particulièrement sur les rivières de l’Est. Par ailleurs, certains aquifères des secteurs Nord et Sud-Ouest ont déjà atteint les seuils de crise, notamment celui de la plaine du Gol.

Le constat de cette situation déficitaire précoce, dès le mois d’août, associé à l’accroissement prévisible des besoins en eau en fin de période sèche, notamment pour l’irrigation (période de repousse de la canne à sucre), permet d’anticiper de possibles perturbations dans la distribution d’eau plus tôt que les années passées, en l’absence de nouvelles précipitations conséquentes ou en cas d’incidents sur les réseaux.

A ce stade et malgré certains signaux d’alerte, le Comité a considéré qu’il n’y avait pas lieu de mettre en œuvre des mesures de restriction des usages de l’eau sur l’ensemble du territoire.

Le Comité rappelle, en cette période inter-cyclonique sèche, les mesures de précaution suivantes :

- signaler en temps réel les perturbations d’alimentation et les fermetures de réseaux susceptibles d’être utilisés par les services de secours et de lutte contre l’incendie ;

- favoriser les techniques d’irrigation économe en eau ;

- maintenir une vigilance particulière sur les aquifères sensibles, et adapter leur exploitation en fonction de l’évolution de la salinité ;

- renforcer la surveillance des bassins de baignade, dont les conditions sanitaires ont tendance à se dégrader avec les faibles débits, notamment avec l’augmentation du risque de contamination par la leptospirose.

Compte tenu de la situation particulièrement déficitaire des Hauts de l’Ouest et des conséquences déjà observées pour les agriculteurs, une réunion de travail sera organisée dans les jours à venir par le Commissaire à l’Aménagement des Hauts et la DAAF pour définir les mesures adaptées, permettant de pallier la diminution de la ressource et répondre aux besoins des éleveurs et de la défense contre l’incendie.

L’évolution de la situation sera suivie dans les prochaines semaines et le Comité “Sécheresse” sera réuni avant la fin du mois de septembre pour un nouveau point de la situation.
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