Début d’une semaine de négociations à Panama

Les USA ne veulent rien céder aux pays en voie de développement

4 octobre 2011

Depuis samedi se déroule à Panama la dernière série de négociations avant le sommet de Durban sur le climat, sous l’égide de la Convention cadre des Nations unies sur le Climat (UNFCCC). Les blocages persistent, certains évoquent même le maintien du statu quo deux années supplémentaires. Cette proposition n’est pas du goût des victimes du changement climatique, notamment à Tuvalu. La dépêche de l’agence Reuters que nous reproduisons ci-après illustre un point de vue occidental sur les discussions.

Les négociations sur le climat sous l’égide de l’ONU ont repris à Panama mais l’espoir est mince de sortir de l’impasse sur le successeur du protocole de Kyoto.
L’accord signé en 1997 contraint les pays industrialisés, à l’exception des Etats-Unis, à respecter des objectifs chiffrés de réduction de leurs émissions de gaz à effet de serre. Les pays concernés par Kyoto représentent moins du tiers de la pollution carbone d’origine humaine.
La première phase d’engagements du protocole expire fin 2012 et la communauté internationale s’était fixé pour but de boucler un nouvel accord, plus large, d’ici 2013.
Mais les négociateurs chargés du dossier climat ont pour l’heure échoué à concilier les divergences entre les pays pauvres, qui demandent l’extension de Kyoto pour les pays industrialisés, et les pays riches, qui souhaitent un pacte élargi associant les pays en développement à l’effort de réduction des émissions.
Les résultats du sommet de Copenhague, fin 2009, puis de la conférence de Cancún au Mexique, l’année dernière, augurent mal de l’issue de la nouvelle session de négociations formelles programmées en novembre à Durban, en Afrique du Sud.

Vers un recul de deux ans ?

L’Australie et la Norvège ont proposé un nouvel accord mais, jugeant irréaliste de vouloir le conclure d’ici 2013, suggèrent de repousser la date butoir de deux ans, en 2015.
« C’est la seule manière de progresser. Il n’y a pas d’autre voie, sinon c’est l’échec », résume un négociateur de premier rang, s’exprimant sous couvert d’anonymat.
En cas d’échec, les nations pourraient être amenées à fixer sur une base volontaire leurs propres objectifs, une issue peu à même de freiner le réchauffement climatique et d’inciter au développement d’"énergies vertes".
La proposition australo-norvégienne appelle les puissances économiques majeures à renforcer rapidement les mesures visant à réduire les émissions, à s’entendre sur une façon de standardiser les actions à entreprendre et à mettre au point un mécanisme de comparaison et de vérification des efforts de chacun.
L’enchaînement des catastrophes naturelles et autres situations de crise associées à l’élévation des températures à la surface du globe terrestre (inondations au Pakistan et en Australie, intensification de la saison des ouragans dans l’Atlantique, tornades) maintient les projecteurs braqués sur l’urgence climatique.

Tuvalu : « Cadeau offert aux Etats-Unis »

Dans le même temps, les émissions de CO2 progressent dans les pays en développement. En 1997, lors de la conclusion de l’accord de Kyoto, elles ne constituaient qu’une petite part des rejets globaux. Elles dépassent aujourd’hui celles des pays industrialisés. La Chine est devenue le premier émetteur de gaz à effet de serre (GES) et est à elle seule responsable d’un quart environ des émissions annuelles.
« Tout accord légal doit au moins s’appliquer avec la même force aux principaux pays en développement, à savoir la Chine, l’Inde, le Brésil, etc. », a récemment prévenu le négociateur américain Todd Stern.
Mais le cadre actuel avec rendez-vous annuel (Copenhague, Cancún, Durban) n’est plus opérant, note ce négociateur de premier rang s’exprimant sous couvert d’anonymat.
« Il nous faut nous éloigner de ce cycle annuel de ce que nous allons obtenir et passer à un calendrier plus réaliste sur l’horizon d’un nouvel accord. A mon sens, aucun négociateur n’en disconvient », ajoute-t-il.
Artur Runge-Metzger, négociateur en chef de l’Union européenne, partage l’objectif et juge crucial que la conférence de Durban définisse un nouvel accord-cadre pour tous les pays, Etats-Unis et principales puissances émergentes en tête.
Mais pour Ian Fry, négociateur de l’île pacifique de Tuvalu, directement menacée par une montée du niveau des océans, « ceci ne fait au fond que reporter des actions réelles pour faire face au changement climatique ».
« Les pays vulnérables ne vont pas apprécier », ajoute-t-il, poursuivant : « C’est un cadeau offert aux Etats-Unis ».


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