Menace sur la pêche

16 février 2009

Le changement climatique pourrait avoir de graves conséquences pour des millions de personnes qui dépendent de la pêche en Afrique, en Asie et Amérique du Sud. Cette étude a été publiée la semaine dernière à la demande des Nations Unies.

Pour plus de 2,6 milliards de personnes, principalement dans les pays en développement, manger du poisson constitue à peu près un cinquième de l’apport en protéines en plus de constituer une importante source de revenus.
Or, dans une étude publiée jeudi dernier, « l’impact du réchauffement climatique sur la biodiversité marine et les pêcheries va être énorme », prévient William Cheung, de l’Ecole des sciences environnementales à l’Université de East Anglia (Grande-Bretagne), auteur principal de l’article.
L’équipe de Cheung a utilisé un ordinateur très puissant pour modéliser ce qui pourrait arriver d’ici 2050, selon différents scénarios de changement climatique, à quelque 1.066 espèces de poissons et de crevettes.

Extinctions de nombreuses espèces locales dans les régions sub-polaires et sous les tropiques

« Nos projections montrent que le changement climatique pourrait provoquer l’extinction de nombreuses espèces locales dans les régions sub-polaires et sous les tropiques », a-t-il indiqué.
Le réchauffement de l’eau va provoquer une « redistribution à grande échelle » de ces espèces, une grande partie devant migrer vers les pôles, progressant de plus de 40 kms par décade.
La région Arctique de la Norvège devrait profiter d’une augmentation des ressources poissonneuses, mais dans les régions sub-polaires, les tropiques et les mers semi-fermées, « le changement climatique devrait se traduire par de nombreuses extinctions locales », selon l’étude.
Dans la mer du Nord par exemple, les stocks de morues pourraient chuter de plus d’un cinquième alors que l’espèce remontera vers des eaux plus froides, tandis qu’aux Etats-Unis, la baisse pourrait atteindre 50% pour les pêcheries de la côte Est.
D’autres chercheurs du World Fish Centre, dont le siège est en Malaisie, confirment que des millions de personnes, dépendantes de la pêche, risquent de pâtir du changement climatique.
En raison du réchauffement planétaire, les récifs de corail sont en mauvais état. Or, plusieurs espèces de poissons se nourrissent de coraux.
Par ailleurs, les inondations et les sécheresses à répétition ont un impact sur la reproduction des poissons.

33 pays vulnérables

Selon les chercheurs, 33 pays pourraient être touchés par une crise de la pêche. Il ajoute que tant les pays côtiers qu’enclavés d’Afrique, comme le Malawi, la Guinée, le Sénégal et l’Ouganda, ainsi que quatre pays asiatiques tropicaux — le Bangladesh, le Cambodge, le Pakistan et le Yémen — ont été identifiés comme les plus vulnérables sur le plan économique aux effets du réchauffement climatique sur le secteur de la pêche.
« La pêche à travers le monde fournit à plus de 2,6 milliards de personnes au moins 20% de leurs apports annuels moyens en protéine par habitant », selon l’Organisation des Nations Unies pour l’alimentation et l’agriculture. Les pays « hautement vulnérables » identifiés dans le cadre de l’étude du Centre mondial de la pêche ont à leur actif 20% des exportations mondiales de poissons (en termes de valeur), révèle le rapport.

Les chercheurs ont noté que ces pays doivent être prioritaires dans le cadre des efforts d’adaptation qui vont leur permettre de supporter les effets du changement climatique et de maintenir ou de renforcer la contribution de la pêche à la réduction de la pauvreté.

Risham Badroudine


La pêche à La Réunion

A La Réunion, l’activité de pêche se répartit en trois catégories : la petite pêche, la pêche palangrière et la grande pêche. La flotte réunionnaise est largement constituée d’embarcations de moins de 10 mètres (soit 86,3% des navires de pêche) qui pêchent à proximité des côtes en sorties de moins de 24 heures (petite pêche). (Voir graphique “Navire de pêche selon le genre de navigation à La Réunion”).

Plus de la moitié des marins inscrits au rôle du quartier des Affaires maritimes de La Réunion pratiquent cette petite pêche. Les prises de ce type de pêches sont destinées en quasi-totalité à l’approvisionnement du marché local. On constate que la quantité péchée par la petite pêche est en diminution depuis 2006 (quantités péchées de l’ordre de 700 tonnes). Ceci est lié en grande partie aux conditions climatiques (houle, fréquence des phénomènes cycloniques...) qui limitent les sorties en mer, mais aussi à la raréfaction des poissons près des côtes. Par contre, on constate que la tendance de quantités importées est à la hausse (aussi bien en volume qu’en valeur). Notre île a importé en 2007 pour 9.695 tonnes de poissons, soit l’équivalent de 45,3 millions d’euros. Le déficit de notre balance commerciale de la filière pêche s’est creusé en 2007 pour atteindre 10,7 millions d’euros.

R.B


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Messages

  • bonjour,
    je prépare un documentaire sur l impact du réchauffement climatique sur la pêche, dans quels endroits du monde pensez vous que les pêcheurs sont les plus touchés ? est-ce que cela a forcé des pêcheurs a changer de vie ou de lieu d’habitation ?
    Merci d’avance
    Fred
    Goyave Production


Témoignages - 80e année


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