’Plan Climat’ de la Commission européenne

Nouvelle étape dans la réduction des émissions de CO2

29 janvier 2008, par Sophie Périabe

La Commission européenne a dévoilé mercredi dernier un plan historique d’action contre le réchauffement climatique, mais s’attend à d’âpres négociations avec les pays de l’UE, car nombre d’industriels y voient une menace face à une concurrence étrangère moins soucieuse de l’environnement.
Une des conséquences de ce plan énergétique sera l’ouverture du marché européen des biocarburants, une réelle opportunité pour le Brésil, premier producteur de bioéthanol.

Il s’agit du « paquet de mesures le plus complet au monde » en matière de climat, pour un coût estimé à « 3 euros par semaine et par personne » d’ici 2020, a déclaré José Manuel Barroso, son Président, en présentant au Parlement européen le projet à Bruxelles.
Le projet, qui a suscité de nombreuses réactions, entend donner à l’Union Européenne les outils pour atteindre l’objectif qu’elle s’était fixée en mars 2007 : réduire ses émissions de gaz à effet de serre de 20% par rapport à leurs niveaux de 1990 d’ici à 2020 et, sur cette même période, de porter à 20% la part des énergies renouvelables dans la consommation.
L’une des mesures phares consiste à faire payer, à partir de 2013, aux industries les plus polluantes de l’Union Européenne des « permis de polluer » jusqu’ici gratuits.

Le transport aérien concerné

Le secteur de l’électricité, d’où provient une grande partie des émissions de CO2, va devoir intégralement payer pour obtenir des droits à polluer vendus aux enchères à compter de cette date.
Les autres secteurs d’activités concernés, comme les industries de l’aluminium et les producteurs d’ammoniaque, ainsi que le transport aérien rentreront dans ce système payant par étape, a souligné la Commission.
Ainsi, la France et l’Allemagne devront réduire leurs émissions de 14% d’ici 2020, le Danemark de 20%, la Belgique de 15%, la Suède de 17%.
Les pays en phase de rattrapage économique pourront, eux, les augmenter de façon limitée : pas plus de 14% pour la Pologne, 9% pour la République tchèque, 20% pour la Bulgarie.
Une autre mesure clé vise à attribuer à chaque pays des objectifs contraignants en matière de part des énergies renouvelables dans la consommation : la France devra ainsi les faire passer de 10,3% en 2005 à 23% en 2020, l’Allemagne de 5,8% à 18%, la Suède de 39,8% à 49% et la Pologne de 7,2% à 15%.
Le président de la Commission européenne espère un accord du Parlement européen et des Etats membres pour la fin de l’année.

Un bon plan pour l’éthanol brésilien

Le Brésil, premier producteur mondial d’éthanol de cannes à sucre, doit se préparer aux perspectives de consolidation du marché européen des biocarburants, ouvertes par le plan énergétique contre le changement climatique de la Commission européenne annoncé la semaine dernière.
Également premier exportateur mondial, le Brésil voit dans ce plan énergétique davantage une perspective qu’une opportunité réelle, car le problème auquel est confronté l’éthanol brésilien en Europe reste les tarifs élevés qui lui sont appliqués (60% au-dessus de son prix).
Les Etats-Unis et le Brésil comptent à eux deux pour 70% de la production mondiale d’éthanol. Au Brésil, plus de 80% des autos neuves fonctionnent indistinctement à l’éthanol ou à l’essence, mais à laquelle sont incorporés 25% d’éthanol.
En 2007, le Brésil a approvisionné le marché européen de quelque 800 millions de litres d’éthanol, soit 30% de la consommation européenne.
Et le secteur calcule que le plan européen pourrait se traduire en une demande évaluée à un maximum de 21,5 milliards de litres d’éthanol par an, soit un peu plus de ce que le Brésil aujourd’hui produit, consomme (16,7 milliards de litres) et exporte (3,4 milliards de litres).
Même si l’industrie brésilienne est suffisamment engagée en termes d’investissements pour répondre à la demande interne qui a augmenté de 3,7 milliards de litres en 2007 pour atteindre les 16,7 milliards, les opportunités d’exportations obligeraient le Brésil à se tenir prêt, à s’engager à des provisions et des contrats de moyen et long termes, ce qui n’est pas le cas aujourd’hui.
Toutefois, compte tenu de la rapide croissance du secteur, de telles provisions pourraient être réalisées à plus ou moins brève échéance.
Sachant, en outre, que la dimension sociale de cette culture était une question sensible aux yeux des Européens, l’industrie brésilienne a déjà diminué de 60% la coupe de la canne à sucre qui s’effectuait à la main, d’autant que la justice de Sao Paulo enquête sur 19 cas de décès, depuis 2005, peut-être dus à l’épuisement.

S.P.


Fonte record surprenante de la banquise en Arctique en 2007, selon le CNRS

Et une des conséquences directes de l’émission de CO2, l’océan Arctique a subi l’été dernier une fonte record surprenante de la banquise, une situation qui devrait encore empirer en raison du réchauffement climatique, selon des chercheurs du Centre national de la recherche scientifique (CNRS).
« L’été 2007 a été marqué par un retrait majeur de la banquise auquel on ne s’attendait pas », a souligné au cours d’une conférence de presse Jean-Claude Gascard, Directeur de recherche au CNRS et coordinateur du programme européen Damoclès d’observation de l’Arctique.
En septembre, les glaces ne recouvraient plus que 4,13 millions de km2, soit une diminution de 23% par rapport au précédent record de 5,3 millions km2 enregistré en 2005. Un recul de plus de 1 million de km2, soit environ 2 fois la surface de la France.
Il a par ailleurs rappelé qu’en 20 ans, le recul des glaces au pôle Nord avait été de 40% et que l’épaisseur moyenne avait été divisée par 2, passant de 3 m à 1,50 m, que les glaces pérennes, pluriannuelles, diminuaient, et que la durée des périodes de fonte augmentait.
Par ailleurs, l’accélération de la vitesse de dérive des glaces de mer est 2 à 3 fois plus rapide qu’auparavant. Ainsi, le navire Tara, qui vient d’effectuer une traversée de l’Arctique, pris dans les glaces, est allé 2 fois plus vite qu’anticipé par les organisateurs et 3 fois plus vite que par les modèles.
« L’année 2008 s’annonce très critique sur tous ces plans, la fonte pourrait encore faire disparaître 1 million de kilomètres carrés supplémentaires en un été », a affirmé le scientifique.


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