Vers un Plan national d’adaptation au changement climatique

Paul Vergès rappelle la vulnérabilité spécifique des régions d’Outre-mer

26 novembre 2010

La clôture de la concertation nationale pour la réalisation d’un plan national d’adaptation au changement climatique mardi à Paris a été l’occasion pour Paul Vergès, président de l’ONERC, de souligner que « le réchauffement climatique n’est plus seulement une question lointaine, mondiale, qui ne se règle que dans les conférences internationales. C’est devenu une question du quotidien qui, du fait de ses impacts déjà ressentis, s’inscrit peu à peu dans la réalité de nos territoires ». Voici quelques éléments du discours tenu mardi lors de cet événement, en présence notamment de Nathalie Kosciusko-Morizet, ministre de l’Écologie en charge des négociations sur le Climat.

« La question du changement climatique pose de redoutables défis aux décideurs politiques. Ils sont sommés d’agir face à des risques dont les contours demeurent incertains, très variables et parfois encore méconnus.

Il importe de préparer le territoire national à affronter ces bouleversements dans les meilleures conditions, par la mise en oeuvre d’un véritable plan national d’adaptation, secteur par secteur. Ce défi ne saura être relevé sans l’engagement des collectivités territoriales, des élus et des acteurs locaux. Car le réchauffement climatique n’est plus seulement une question lointaine, mondiale, qui ne se règle que dans les conférences internationales. C’est devenu une question du quotidien qui, du fait de ses impacts déjà ressentis, s’inscrit peu à peu dans la réalité de nos territoires. C’est la vocation de l’ONERC que d’informer, encourager et aider les élus et acteurs locaux à adopter une stratégie et des pratiques d’adaptation pour limiter les impacts du changement climatique et, autant que de possible, en tirer le meilleur parti.

Mais que de chemin parcouru depuis la création de l’ONERC en 2001 !

Après avoir élaboré la stratégie nationale, adoptée par le gouvernement en 2006, l’ONERC a poursuivi son action en faveur de l’adaptation au changement climatique en pilotant le groupe de travail interministériel sur le coûts des impacts du changement climatique puis l’ensemble de la concertation préparatoire à l’élaboration du plan national d’adaptation.

Depuis 2001, l’ONERC n’a cessé de rassembler les éléments de la connaissance sur le changement climatique et d’alerter la population et les décideurs de ce péril qui nous menace tous. Je citerai simplement deux des moyens utilisés à cette fin :
• le site internet de l’ONERC, qui est une mine considérable d’informations mises à jour et complétées régulièrement et qui est la référence française sur ce sujet,
• et la lettre trimestrielle aux élus diffusée à 7.000 exemplaires en particulier à tous les toutes les Régions, les Départements et les intercommunalités.

L’organisation de la concertation

Le ministre d’État m’avait demandé de présider cette concertation, ce qui est un honneur et une reconnaissance du travail entrepris par l’ONERC et qu’il faut poursuivre pour construire un futur possible pour les générations à venir.

Je tiens à remercier tous les participants à cette concertation, aussi bien ceux des groupes de travail nationaux ou d’Outre-mer, qu’ils soient membres des collèges du Grenelle ou experts associés aux travaux, ainsi que ceux qui ont assuré la réussite des réunions interrégionales. Je salue également l’engagement de tous les Français qui ont participé à la consultation publique. Le résultat est conséquent, avec un rapport volumineux qui préfigure ce plan national qui permettra de mettre la France en ordre de marche vers l’adaptation au changement climatique.

Cette concertation, qui a été lancée par Chantal Jouanno le 8 décembre 2009, visait à engager, aux côtés de l’État, les collectivités et toutes les forces vives de la nation dans ce combat contre la dérive du climat que l’homme a provoquée de manière inconsidérée.

La phase nationale de la concertation a été organisée sur la base des collèges du Grenelle Environnement en trois groupes de travail qui ont traité :
• pour le groupe 1, présidé par M. Michel Havard, député du Rhône, de thèmes transversaux : “eau, biodiversité, santé, risques naturels”,
• pour le groupe 2, présidé par M. Jean Jouzel, climatologue et membre du GIEC, de thèmes sectoriels : “agriculture, forêt, pêche, énergie, tourisme, infrastructures de transport, urbanisme et cadre bâti”,
• pour le groupe 3, présidé par M. Martial Saddier, député de Haute-Savoie : de la gouvernance, de la connaissance, de l’information-éducation et du financement.

Environ 180 personnes ont participé à ce travail qui a donné lieu à un rapport remis à Chantal Jouanno le 15 juin et qui comprend plus de 200 recommandations.

Les régions, de métropole ou d’Outre-mer, ont pu se saisir de ce sujet lors de réunions organisées par les préfets et c’est plusieurs centaines de personnes qui ont pu participer à cette concertation.

Enfin, l’avis du public a été sollicité par une consultation électronique qui a permis l’expression de près de 4.000 Français.

Comme la France métropolitaine, les régions d’Outre-Mer seront concernées par l’évolution du climat : hausse des températures, perturbation du régime des précipitations, etc. Néanmoins, leur localisation géographique, leur climat très différent de la zone métropolitaine et leurs particularités géomorphologiques induiront un changement climatique très différent de celui de la métropole. Cette évolution du climat couplée aux particularités socio-économiques font que les impacts du changement climatique et les mesures d’adaptation à envisager pourront être très différenciés de celles de métropole.

Les régions d’Outre-Mer ont de plus une vulnérabilité spécifique du fait que les zones côtières sont les principales zones d’habitation et d’implantation économique : les évolutions futures du niveau de la mer de plusieurs dizaines de centimètres et les phénomènes d’érosion/sédimentation pourraient affecter ces zones concentrant de forts enjeux.
Les régions d’Outre-Mer sont par ailleurs exposées au risque de tempêtes tropicales. Plusieurs études projettent une hausse de leur intensité en lien avec le changement climatique mais également une diminution de leur fréquence. Ces tendances sont à prendre avec précaution mais incitent à ne pas sous-estimer le phénomène.

Les éléments généraux des contributions

Il ressort de l’ensemble des contributions les éléments généraux suivants :

1°) La plupart des recommandations formulées par les groupes de travail nationaux recouvrent des besoins d’adaptation en Outre-Mer. Certaines mesures nécessiteraient cependant une adaptation quant à leur mise en œuvre et déclinaison en Outre-Mer : des compléments ont été ainsi formulés et seront explicités ci-après.

2°) Certains besoins particuliers en terme d’adaptation débouchent sur des recommandations complémentaires à celles des groupes nationaux.

3°) Il a été souligné lors des débats que de nombreuses propositions pertinentes d’adaptation nécessiteront, pour leur déclinaison en Outre-Mer, une phase d’approfondissement technique préalable (cas notamment de la connaissance des scénarios climatiques futurs, des fonctionnements hydrologiques, etc.).

4°) Enfin, toutes les régions ont soutenu et insisté sur les propositions visant à renforcer la communication et la sensibilisation sur le changement climatique, ses effets et ses conséquences. À l’image de la concertation nationale, un fort besoin a été identifié à destination du public et des décideurs ».

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique Paul Vergès

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