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Dérogation pour la fermeture des centrales thermiques : confirmation que La Réunion ce n’est pas la France
6 juin 2018, par
Le président de la République a pris un engagement : la fermeture des centrales thermiques d’ici 2022. La France s’inscrit dans le cadre de l’Accord de Paris, qui vise à réduire les émissions de gaz à effet de serre. Mais La Réunion, ce n’est pas la France. C’est ce que confirme la dérogation accordée à EDF et Albioma qui exploitent les centrales thermiques au charbon et au fuel dans notre île. Ces centrales pourront continuer à polluer les Réunionnais et l’atmosphère pour une durée encore indéterminée. La raison est très simple : les Réunionnais ne peuvent pas décider de leur politique énergétique. Elle est dictée par les intérêts d’entreprises extérieures à notre île : EDF et Albioma. C’est pourquoi la responsabilité pour plus d’autonomie est nécessaire.
Le 4 novembre 2016, l’Accord de Paris a été ratifié. Il s’impose à tous les Etats. La France devra donc mettre sa législation en conformité avec cet accord qui prévoit de diminuer les émissions de gaz à effet de serre pour maintenir la hausse de la température à 1,5 degré de plus qu’à l’époque préindustrielle. Dans une interview diffusée le 17 décembre sur France 2, le président de la République avait annoncé une conséquence de l’Accord de Paris : la fermeture des centrales thermiques d’ici 2022. Mais hier en visite à La Réunion, Sébastien Lecornu, secrétaire d’État à la Transition énergétique, a affirmé que les centrales thermiques de notre île bénéficieront d’une dérogation. Interrogé sur la durée de la dérogation, Didier Robert, président de la Région, n’a pas donné de réponse.
Ce qui veut dire que les centrales d’EDF et d’Albioma bénéficient d’un permis de polluer d’une durée indéterminée. Le motif invoqué pour ne pas appliquer à La Réunion une mesure de protection de l’environnement qui le sera en France est le suivant : La Réunion n’est pas reliée au réseau électrique français et doit produire seule son électricité sur place, et le délai est trop court pour se passer des centrales thermiques. Mais il n’y a pas de fatalité. Cette dépendance aux énergies fossiles découle du fait que les Réunionnais ne décident pas de la politique énergétique de La Réunion, et que cette politique est dictée par les intérêts d’entreprises extérieures à notre île : EDF et Albioma. Voici pourquoi.
En 1980, La Réunion avait atteint l’autonomie énergétique pour sa production électrique. La totalité de l’électricité consommée venait des énergies renouvelables, exclusivement des centrales hydroélectriques. Notre île a ensuite suivi un modèle qui n’était pas celui de la sobriété énergétique. Pour répondre à la demande, les producteurs ont privilégié les énergies fossiles. L’ex-Séchilienne Sidec, devenue aujourd’hui Albioma, a construit les centrales à charbon du Gol et de Bois-Rouge qui utilisent de la bagasse pendant la coupe. EDF a accru les capacités de l’ancienne centrale thermique du Port et a construit une turbine à combustion près du Port Est. La montée en puissance des centrales thermiques suivait alors la forte progression annuelle de la consommation.
L’arrivée à la direction de la Région en 1998 d’une équipe dirigée par Paul Vergès a changé la situation. Elle a fait de l’énergie un problème clé, et a lancé le mot d’ordre d’autonomie énergétique pour 2025. Cela concernait non seulement la production d’électricité, premier émetteur de gaz à effet de serre à La Réunion, mais aussi les transports. Pour cela, des actions concrètes ont été mises en œuvre. Ce fut le lancement de l’équipement de masse des Réunionnais en chauffe-eau solaires. La barre des 100.000 fut ainsi franchie sous la mandature de Paul Vergès. La dynamique était lancée dans ce domaine et rien ne pouvait l’arrêter. La 160.000e famille équipée a d’ailleurs fait l’objet d’une séquence médiatique de la visite de Sébastien Lecornu, c’était lundi au siège d’EDF.
Atteindre l’autonomie énergétique en 2025, cela signifiait qu’à cette date, les centrales thermiques d’EDF et d’Albioma devaient cesser de fonctionner. D’où la recherche d’un nouveau mix énergétique. Une feuille de route était mise en place, le PRERURE (Plan régional des énergies renouvelables et d’utilisation rationnelle de l’énergie), associant les producteurs d’électricité, notamment EDF. Des outils ont été créés, en particulier l’ARER, Association régionale de l’énergie Réunion. Une dynamique était en marche, et la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité était en augmentation chaque année. Pour la question des transports, le projet du tram-train à traction électrique avait commencé à s’inscrire dans le paysage, avec la construction des emprises ferroviaires sur le nouveau pont de la rivière des Pluies et sur l’axe mixte reliant Saint-Paul au Port. Le plus gros des travaux devait commencer avant d’être remis en cause par le changement de majorité à la Région en 2010.
Mais bien avant qu’une élection régionale ne débouche sur un résultat favorable aux lobbies du pétrole, des camionneurs et des vendeurs de voiture, une décision stratégique avait été prise engageant l’avenir des Réunionnais sans que les Réunionnais puissent s’y opposer.
En 2007, il était question de remplacer la centrale thermique vieillissante du Port. Elle n’allait plus être aux normes et devait fermer. EDF était le seul à soutenir un projet faisant la part belle aux énergies fossiles : le remplacement d’une centrale de 125 megawatts par une centrale au fuel de 250 mégawatts. L’ARER avait en effet réalisé une étude qui démontrait qu’il était possible de se passer de cette centrale thermique en développant un programme 100 % chauffe-eau solaires, et en développant le photovoltaïque. Cette étude ne faisait pas les affaires d’EDF qui a demandé que l’ARER ne réalise plus un travail de ce genre. Au final, EDF a pu imposer son choix, et c’est un investissement considérable qui a été consacré à la construction d’une centrale thermique. C’est autant d’argent qui n’a pas été alloué au développement des énergies renouvelables.
Pour sa part, Albioma a continué à accroître la puissance de ces centrales du Gol et de Bois-Rouge. Cela signifie que cette hausse de puissance a pour conséquence une augmentation de la consommation de charbon, car l’autre combustible, la bagasse, dépend du tonnage récolté qui reste au mieux stable chaque année. Albioma a aussi bien avancé sur un projet de turbine à combustion qui elle aussi polluera l’atmosphère.
Tout cela va à l’encontre de l’objectif d’autonomie énergétique pour 2025. Le changement de majorité a entraîné un phénomène qui n’existait pas sous la mandature de Paul Vergès : la stagnation voire le recul de la part des énergies renouvelables dans la production d’électricité. L’Observatoire de l’énergie Réunion a ainsi noté une baisse des énergies propres dans le mix énergétique entre 2015 et 2016, rapporte le « JIR » d’hier.
Cela veut dire que l’autonomie énergétique ne pourra pas être atteinte en 2025. Ce ne sera pas le cas non plus en 2030, la faute à la dérogation accordée aux centrales d’EDF et d’Albioma. Entre 1998 et aujourd’hui, c’est à dire pendant 20 ans, force est de constater que ces deux entreprises ont surtout investi dans des centrales thermiques. Qui peut croire qu’en 12 ans elles soient capables d’opérer un virage à 180 degrés, qui plus est si elles bénéficient de la mansuétude de l’État.
En France, il n’y aura plus de centrale thermique dans 4 ans. Ce ne sera pas le cas à La Réunion. Voilà qui confirme que La Réunion n’est pas la France. Mais c’est en France que se prennent les décisions pour La Réunion. Dans un secteur aussi stratégique que l’énergie, ce sont EDF et Albioma qui imposent leurs choix aux Réunionnais. La responsabilité pour plus d’autonomie permettra de mettre fin à ce néocolonialisme, et de donner les moyens aux Réunionnais de décider de vivre dans une île débarassée du pétrole et du charbon qui enrichissent des entreprises extérieures et polluent l’atmosphère.
M.M.
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