Nombreux étaient les experts pour exposer communément les dangers qu’encourent la planète et l’espèce humaine. Le Président de Région s’est dit profondément marqué par ce qu’il a vécu pendant ces deux événements. Autant par la richesse du débat, mais aussi, sinon surtout, par l’accentuation concernant le caractère impérieux d’une prise de conscience des Hommes, et notamment des politiques.
Paul Vergès a souligné tout particulièrement deux idées principales : il est maintenant établi que ce phénomène de réchauffement climatique est conséquent de l’activité humaine. Et il est grand temps de réagir. « Nous serons devant l’irréparable, devant l’irréversible. Le temps qui nous reste se compte en décennies. C’est un avertissement à un niveau de responsabilité considérable », rappelle le Président de la Région Réunion. Personne aujourd’hui, et surtout pas le décideur politique, ne peut se permettre de sous-estimer l’ampleur des conséquences. Et Paul Vergès de préciser qu’il ne s’agit pas des générations futures. « Ce sont les générations qui sont déjà nées qui paieront tout le poids de l’inaction d’aujourd’hui », poursuit Paul Vergès.

La Réunion, un modèle !

Il faut une révolution de nos attitudes, de nos habitudes, sur tous les plans : économiques, politiques entre autres. Le Président invite tout le monde également à réfléchir sur la signification même de la croissance, qui devrait être basée sur une autre conception que celle uniquement du profit. Les décideurs doivent fixer des priorités dans leurs actions, adaptées à chaque pays cela s’entend. « Il faut prendre des mesures pour arrêter le processus », insiste Paul Vergès, qui rappelle la pertinence de l’ONERC*, l’organisme dont il a été l’initiateur et qu’il préside. Collecter et diffuser des informations sur les risques liés au réchauffement climatique, c’est important.
L’ONERC se charge aussi de formuler des recommandations pour l’élaboration d’une véritable politique de prévention et d’adaptation, basée sur deux mesures phares : la poursuite des efforts pour réduire les émissions de gaz à effet de serre selon les préalables fixés par le protocole de Kyoto, mais aussi, sinon surtout, l’adaptation des politiques environnementales, pour que les territoires et les populations puissent affronter les impacts liés au changement climatique, le tout dans les meilleures conditions.
Paul Vergès note que les suggestions de l’ONERC ont été entièrement retenues dans la stratégie française. L’État n’a pas eu à choisir, au vu de la pertinence des propositions, et c’est avec fierté que Paul Vergès a entendu, lors de la Conférence de Paris pour une gouvernance écologique mondiale, que La Région Réunion était une collectivité exemplaire, vu le bien fondé de sa politique des énergies renouvelables. « C’est une certaine satisfaction que de voir l’action de La Réunion être prise en compte ».

L’après Kyoto

Après le constat des catastrophes qui touchent l’Indonésie et les États-Unis, les Hommes doivent comprendre que les effets du réchauffement global du climat s’inscrivent peu à peu dans notre réalité. En a-t-on vraiment conscience ? Se préoccupe-t-on véritablement de ce problème mondial ? Les Réunionnais, que pensent-ils de cette priorité nationale ?
La semaine dernière, avec les experts internationaux et les chefs de gouvernements ou les responsables politiques, étaient soulevées plusieurs préoccupations quant à l’avenir de la Terre et de l’Homme, par rapport au réchauffement climatique.
L’augmentation des catastrophes naturelles inquiète. Il faut aujourd’hui appréhender la fréquence et la violence accrues des inondations, des ouragans, des tempêtes et des cyclones tropicaux. L’intensification du cycle hydrologique global pose la question de la perturbation du régime des pluies, causant des sécheresses plus fréquentes au Nord de la zone subtropicale, et le renforcement de la désertification dans les zones arides ou semi-arides. Les pénuries d’eau risquent de s’aggraver.
Comment ne pas se préoccuper de la hausse du niveau de la mer et des océans par la fonte des glaciers ? Doit-on s’attendre dans un proche avenir à la fragilisation des zones littorales à cause de la hausse du niveau de la mer ? Certaines petites îles du Pacifique et de l’Océan Indien risquent une quasi-disparition. Les écosystèmes se modifient, et on constate la recrudescence des maladies infectieuses. La dengue, le paludisme ou la fièvre jaune - éradiquées au Nord - risquent de réapparaître. Sans compter le chikungunya, la leptospirose, etc. Comme le soulignait Serge Lepeltier, Sénateur du Cher, auteur du rapport sénatorial sur la lutte contre l’effet de serre, « les décisions prises demain (en ce domaine) le seront pour les cinq premiers siècles du prochain millénaire ».
Les États fondent un front uni pour préparer l’après Kyoto. Déjà, si chaque état appliquait scrupuleusement le protocole de Kyoto, le problème de la pollution de la planète serait résolu d’ici 3 siècles. Mais force est de constater que notre planète se porte mal, et les conséquences seront à déplorer.
Aussi, au niveau mondial, le président Chirac a appelé la création d’une organisation de l’ONU en charge de l’environnement. Car, le problème est global.

Marche à suivre ...

Le Président de la Région Réunion note que tous les beaux discours ne remplaceront pas l’action. Il faut établir un plan climat et se prémunir des risques qu’encourent l’île, sa population, les équipements.
La prise en compte de toutes les contraintes climatiques et géologiques de l’île appelle une question : « Par quels moyens appliquer chez nous la mise en garde ? ». Mieux vaut prévenir que guérir, le message est simple. Paul Vergès en appelle à l’élaboration d’un consensus dans l’intérêt général de... chacun. L’important est d’aménager le territoire en tenant en compte des changements climatiques. L’endiguement de la rivière des galets peut sembler disproportionné pour une rivière où il n’y a pas d’eau. « Il s’agit de prévenir le risque de voir en péril les populations et les équipements stratégiques de la ville du Port », explique Paul Vergès. Reste à protéger toutes les vies réunionnaises. L’érosion, les dégâts des eaux, l’élévation du niveau de la mer, la présence d’un volcan actif, les glissements géologiques ... Les Réunionnais ont encore beaucoup à faire face aux risques naturels.

Bbj

* Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique.