Conférence de Durban sur le Climat

Pour la justice et contre un apartheid climatique

5 décembre 2011, par Manuel Marchal

Ce samedi à Durban, c’était la journée internationale d’action pour le climat. Des milliers de personnes ont défilé pour appeler les négociateurs à des décisions permettant d’éviter l’aggravation du changement climatique.

« Nous sommes pour la justice, nous ne voulons pas d’un apartheid climatique », tel était un des mots d’ordre de la journée d’action pour le climat samedi à Durban.
Pour de nombreux habitants de notre planète, les conséquences du changement climatique sont déjà catastrophiques. Dans les îles, la montée du niveau des océans amène des peuples à rechercher une terre d’asile. Dans l’agriculture, le dérèglement des saisons pénalise les rendements et accélère l’exode rural. Les victimes de ces phénomènes subissent les effets d’une pollution située à des milliers de kilomètres de chez eux, et commencée voici deux siècles : les émissions massives de gaz à effet de serre par le modèle occidental.

Ceux qui paient ne polluent pas

Au cours des 200 dernières années, les pays européens, l’Amérique du Nord, le Japon et quelques autres nations ont connu un progrès matériel important. Le moteur de cette croissance reposait sur l’exploitation d’autres peuples, c’était la colonisation. En dominant le monde, ces pays pouvaient fixer des prix très avantageux pour les matières premières, notamment le pétrole.
Avec le charbon, le pétrole est depuis le 19ème siècle le combustible utilisé pour produire l’électricité, faire fonctionner l’industrie et les transports.
En brûlant des quantités considérables d’énergies fossiles, quelques pays dans le monde ont donc réussi à atteindre le développement. Mais le modèle qu’ils ont utilisé ne permet aux autres pays d’atteindre ce stade, car les ressources de la planète ne suffisent pas. De plus, l’accumulation des gaz à effet de serre due à la combustion de pétrole et de charbon favorise les phénomènes climatiques extrêmes. Mais ceux qui subissent ces effets les plus graves du changement climatique ne sont pas les pollueurs historiques.

Le défi de l’adaptation

Cette injustice doit être réparée, les peuples exposés aux conséquences du développement des pollueurs historiques doivent être protégés et dédommagés. Les responsables des émissions de gaz à effet de serre doivent donc prendre des mesures conséquentes pour limiter leur pollution, et pour donner les moyens aux autres peuples de se développer sans dégrader l’environnement, via notamment les transferts de technologie et un fonds pour financer l’adaptation. À Durban, les pollueurs historiques vont-ils enfin prendre la mesure de leurs responsabilités ?
Les défis sont en effet immenses. Car aujourd’hui, c’est la majorité de l’humanité qui est confrontée à la transition démographique vécue par l’Occident au 19ème siècle. Pour régler la question de l’accroissement de leur population, les Occidentaux sont partis coloniser le monde, et ont consommé des énergies fossiles. Les pays en voie de développement doivent aujourd’hui construire de nombreuses infrastructures (hôpital, école), et en même temps, ils doivent s’adapter au changement climatique. Ce défi était étranger à l’Occident quand il a connu sa période de forte croissance démographique.
Samedi à Durban, c’est cet appel à la justice qui a raisonné. Tous les êtres humains doivent être égaux, et dans le pays qui a subi l’apartheid, il n’est pas question que le monde soit divisé par un apartheid climatique.

Manuel Marchal

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