Anote Tong, président de la République de Kiribati

Pour « un accord qui garantit sans équivoque le futur de nos enfants et de leurs enfants »

14 janvier 2010

Le 17 décembre à Copenhague lors de la Conférence des Nations Unies sur le changement climatique, le président de la République de Kiribati a exprimé l’urgence d’un accord juridiquement contraignant pour limiter l’impact des phénomènes liés aux émissions de gaz à effet de serre.

« M. le Président,
Excellences,
Distingués délégués,
Représentants de la société civile,
Collègues citoyens de cette planète

Notre assemblée est un événement historique sans précédent. Jamais auparavant, il n’y a eu autant de dirigeants du monde mobilisés dans une action pour faire face à ce qui est devenu le défi le plus significatif de l’humanité.
Il y a deux ans, le Plan d’actions de Bali a commencé le processus pour rechercher un successeur au Protocole de Kyoto, en réponse au rapport accablant du GIEC sur l’état de notre planète. Nos négociateurs ont travaillé très dur et sans compter leurs efforts, et nous devons leur rendre hommage. Malgré tout, il reste vrai qu’à la date de ce matin, plusieurs questions restent en suspens et la probabilité d’un accord reste lointaine.

M. le Président,
Nous sommes conscients que vous, ensemble avec vos amis, le secrétaire général, et plusieurs dirigeants ont travaillé très dur dans les couloirs et derrière des portes closes pour s’assurer qu’un résultat sera atteint ici à Copenhague. Je crois que la plupart, sinon l’ensemble d’entre nous, sont venus à cet événement avec le souhait que nous retournerons chez nous avec un accord dans le sac, un accord qui est contraignant, un accord qui garantit sans équivoque le futur de nos enfants et de leurs enfants.

Pas venus ici en tant qu’observateurs

M. le Président,
Nous, des petits États insulaires qui représentons les plus vulnérables, avons appelé l’attention du monde à se focaliser sur ce désastre depuis de nombreuses années. Cependant, c’est seulement à travers de récents événements, incluant les conclusions du dernier rapport d’évaluation du GIEC, que des initiatives de dirigeants essentiels tels que M. Gore, et les interventions opportunes du secrétaire général de l’ONU plus tôt cette année, ont mis en perspective la nature réelle de la menace qui est face à notre planète, et tous ceux qui vivent sur elle.
Durant le Sommet de haut niveau sur le climat à New York en septembre, j’ai été très encouragé par ce que j’ai vu : une reconnaissance des dirigeants du monde de la réalité et des pleines implications du problème face à nous.
Cependant, je suis quelque peu dégrisé par le manque apparent de consensus ici à Copenhague, en particulier par ceux qui ont fait les déclarations les plus décevantes durant cette conférence.
En dépit de cela, nous devons rester optimistes pour qu’un résultat positif puisse être atteint ici à Copenhague. Le futur de notre peuple, et même du reste de l’humanité, sera déterminé par notre action des prochains jours. Nous ne sommes pas venus ici en tant qu’observateurs de ce qui va se passer. Et j’espère que nous n’avons pas fait tout ce chemin seulement pour voir l’adoption d’un futur plan d’actions qui aura pour résultat la disparition de notre peuple. C’est mon sincère espoir que nous sommes venus en tant que dirigeants, pour fournir la direction nécessaire pour changer le cours du changement climatique, pour prendre des décisions qui garantiront la survie des plus vulnérables.

Des besoins urgents

M. le Président,
Les données scientifiques du changement climatique sont très claires. La sévérité et l’urgence des menaces provoquées par le changement climatique ne sont peut-être pas les mêmes pour chacun des pays représentés ici, mais la direction est incontestablement la même. Le temps est déjà dépassé pour certains d’entre nous, alors il est impératif que nous agissions maintenant. Si nous ne pouvons pas atteindre notre objectif d’un accord juridiquement contraignant cette semaine, alors nous devrons au moins avoir un document qui prévoit la conclusion d’un tel accord d’ici le milieu de l’année prochaine au plus tard, et qui en contienne les éléments clés.
Là où il y a des lacunes dans les chiffres avancés par les négociateurs, laissons la science et notre conscience collective être notre guide sur les futures actions à prendre.
Nous demandons que des engagements clairs soient formulés sur les programmes d’atténuation et d’adaptation, en particulier les volets financiers. Nous avons besoin de financements urgents pour faire face aux besoins d’adaptation plus urgents des plus vulnérables. Beaucoup de détails ont besoin d’être précisés, mais ne laissons pas cela compromettre la voix vers un accord qui sera en principe significatif et qui aidera à restaurer la confiance chez ceux qui nous regardent.

Le soutien de la société civile

M. le Président,
La confiance et la sincérité sont des facteurs indispensables dans ce processus, leur absence peut être un des facteurs majeurs contribuant au manque de progrès dans ces négociations. Il est également important que le processus inclue tout le monde, cela pour être sûr de l’implication de tous les pays qui ont la capacité d’apporter une contribution significative face au problème. Nous reconnaissons que les positions avancées représentent les meilleures offres pour différents groupes d’intérêt et de pays. Mais la question à l’ordre du jour est beaucoup trop importante pour le futur de l’humanité, pour permettre à nos différences de prendre le pas sur le résultat.

M. le Président,
En tant que dirigeant d’un pays en première ligne de la catastrophe liée au changement climatique, je souhaite, au nom de la population que je représente, vous remercier et tous ceux qui ont contribuer à ce que j’espère désespérément : un résultat positif pour cette conférence. Je saisis aussi cette opportunité pour exprimer ma profonde gratitude à ceux qui, membres de la société civile, d’organisations religieuses, de jeunesse, et qui ont manifesté leur attention, et qui continuent de nous soutenir à ce moment critique.

Je vous remercie ».

Convention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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