Réchauffement climatique : Paul Vergès au Bureau politique de la CRPM

Pourquoi une conférence des régions maritimes sur les changements climatiques

16 juillet 2004

Le 9 juillet dernier, Paul Vergès est intervenu lors de la réunion du Bureau politique de la Conférence des régions périphériques maritimes de l’Union européenne tenue à Umea (Suède) sur le problème des changements climatiques. Il a proposé à ses collègues d’organiser une conférence internationale sur ce thème afin d’aider les collectivités et les États concernés à prévenir les effets de ces phénomènes sur leurs populations. Cette proposition a été retenue et la conférence se tiendra au second semestre de l’année 2005 (voir “Témoignages” d’hier). On lira ci-après le plaidoyer du président de la Région Réunion qui, par ailleurs, conseille au public de voir le film “Le jour d’après”, sorti avant-hier dans les salles. Les intertitres sont de la rédaction.

Le rapport de la CRPM parle de la stratégie à moyen et long terme de notre organisation. Je crois qu’on ne peut parler des problèmes de la mer sans faire référence directement aux changements climatiques, surtout dans l’hémisphère Nord et en particulier dans l’Europe.
Il y a quinze jours, un journal du soir à Paris publiait un article retentissant signé de quatre ministres de pays membres de l’UE. Il s’agit du ministre des Affaires étrangères et du ministre de l’Écologie et du Développement durable de la France, de la secrétaire d’État britannique à l’environnement et du ministre britannique des Affaires étrangères.
Ces quatre ministres ont publié un article qui est un cri d’alarme, où ils disent incontestablement que les changements climatiques sont le défi majeur auquel l’humanité doit faire face sur le long terme pour assurer son avenir. Les faits, corroborés par de nombreuses études scientifiques sont patents, les phénomènes climatiques extrêmes aussi.
La canicule de l’été 2003, les inondations à répétition, la progression de la désertification, la fonte de la banquise et des glaciers illustrent les premiers effets des bouleversements climatiques et pourtant la volonté collective des États demeurent trop faible par rapport à la gravité du défi.

Plus de conséquences dans l’hémisphère Nord

Nous siégeons ici en tant que Conférence des Régions périphériques maritimes de la Communauté, or les conclusions des experts de l’ONU considèrent que les phénomènes des changements climatiques auront des conséquences plus fortes dans l’hémisphère Nord. Dans l’hémisphère Nord, si nous regardons la carte du monde, l’Europe est le plus petit continent par rapport à la masse que représentent l’Asie, l’Afrique... Par contre, c’est le continent de très loin le plus découpé avec plus de façades maritimes dans le monde.
Or les conclusions des experts du groupe international pour l’étude des changements climatiques de l’ONU considèrent que c’est en Europe, dans l’hémisphère Nord, que les changements des océans seront les plus forts : on aura d’ici la fin du siècle une augmentation qui atteindra un mètre d’élévation du niveau de la mer. Si certains d’entre nous connaîtront la date de 2100, nos enfants et petits-enfants auront la certitude de connaître ces bouleversements climatiques. Rappelons que 50% de la population mondiale habitent dans les zones littorales à moins de 80 kilomètres de la mer et dans les pays développés en Europe ; c’est dans le littoral qui est la zone la plus aménagée, avec ses grands ports, ses villes, etc.
Une augmentation d’un mètre, d’ici trois générations du niveau, de la mer remet en cause toute la conception de l’aménagement actuel. C’est quelque chose qui nous intéresse directement, nous, la Conférence des Régions maritimes de l’Europe, parce que cela pose le problème de l’aménagement, de la sécurité des ports, de la santé où il y a eu appel de l’Organisation mondiale de la santé sur le danger, avec le réchauffement climatique de la remontée vers le Nord de tout le littoral de l’Espagne, France, Italie et Grèce, des maladies éradiquées depuis plus d’un siècle. C’est un phénomène énorme et considérable qui va d’abord concerner les zones littorales.

Vers une démarche commune

C’est pourquoi - phénomène très rare en France - un projet de loi a été approuvé à l’unanimité au Parlement. Cette loi déclare que l’étude et l’information sur les changements climatiques doivent être une priorité nationale pour ne pas être surpris comme par la canicule de l’été 2003 qui a fait 15.000 morts et comme la tempête de décembre 1999...
De cette loi votée à l’unanimité est né un observatoire chargé de rassembler toutes les informations sur les changements climatiques et leurs conséquences, et les diffuser auprès des collectivités locales, communes et départements ou régions de France, pour que les élus locaux et régionaux puissent faire face à ces dangers. Il contribue aussi à l’impulsion dans la recherche sur ces effets climatiques.
Cet observatoire propose à la Conférence des Régions maritimes d’Europe d’être partenaire dans l’organisation au 2ème trimestre 2005 d’une conférence, qui apportera l’expertise des meilleurs experts et des chercheurs de l’ONU et des régions françaises. Il y a Paris, Lorient et Marseille comme volontaires pour organiser cette rencontre. C’est cette proposition que je voulais soumettre au Bureau politique.
Cette recherche et cette impulsion donnée à l’Europe vont se répandre dans les pays du Monde et surtout dans les pays en retard de développement qui n’ont pas les moyens de recherche, de l’expertise et qui se tourneront vers l’Europe pour le suivi. C’est une voie que l’Europe va ouvrir. C’est cette démarche que nous proposons à la CRPM d’accomplir.


À voir sur nos écrans : “Le jour d’après”

Les conséquences du changement climatique dans un film américain

Une énorme tempête mondiale, déclenchée par le changement de climat, gèle tout l’hémisphère Nord. Des grêlons de la taille de pamplemousses sèment la mort dans les rues de Tokyo. Il y a des ouragans à Hawaii et de la neige à New Delhi. Dans le film “Le jour d’après”, un changement climatique catastrophique fait basculer le monde dans une ère glaciaire dévastatrice.
Ce scénario pourrait-il vraiment se produire ? Oui et non. Il est vrai qu’ à l’heure actuelle, nous assistons à une histoire vraie de changement de climat. Alors que les probabilités d’un âge de glace à l’échelle de la planète sont minces mais envisageables, les désastres dus à des intempéries extrêmes connaissent une nette augmentation.
L’une des principales intrigues sous-jacentes est la rupture du courant de l’Atlantique Nord (Gulf Stream), pratiquement du jour au lendemain.
Au lieu d’évoluer progressivement, ce qui permettrait une certaine adaptation, le changement climatique pourrait provoquer un cataclysme soudain.
La fonte des glaciers et les précipitations plus abondantes “rafraîchissent” déjà l’Atlantique Nord, diluant la teneur d’eaux salées du Gulf Stream. Le passage de ce courant chaud, vital pour le climat tempéré d’Europe et d’Amérique du Nord, pourrait se fermer définitivement.
Au-delà des effets spéciaux et de l’intrigue propre à tout-type de film-catastrophe, “Le jour d’après” montre que même dans l’industrie culturelle américaine, le changement climatique est perçu comme une menace majeure pour la survie de l’espèce humaine. Un avertissement pour les dirigeants de ce pays qui refusent de signer le protocole de Kyoto visant à limiter les rejets de gaz à effet de serre, considérés comme responsables de l’emballement du climat ?


À l’affiche

“Le jour d’après” est actuellement programmé dans plusieurs salles de l’île : le Ritz à Saint-Denis, le Casino au Port, le Grand Écran à Saint-Gilles et le Rex à Saint-Pierre.


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