Les enjeux du changement climatique selon Greenpeace

Prévoir et s’adapter

16 novembre 2005

Les changements climatiques, dus à l’utilisation massive des combustibles fossiles, sont sans conteste le péril environnemental le plus grave auquel l’humanité ait jamais été confrontée. C’est ce qu’affirme Greenpeace dans un rapport publié mardi intitulé “France : les enjeux du changement climatique”. En voici ci-après quelques extraits.

La part de responsabilité humaine et la réalité du réchauffement global sont désormais reprises largement dans les discours politiques et diffusées par les médias. Néanmoins, les décideurs feignent encore d’ignorer qu’il est urgent d’agir car nous ne disposons que de peu de temps pour contenir l’ampleur d’un phénomène déjà amorcé. Pour preuve, les politiques et mesures récemment adoptées comme le Plan Climat sont loin d’être à la hauteur des enjeux.
Le dérèglement du climat va progressivement modifier notre vie quotidienne, altérer notre santé, changer notre agriculture, affecter notre économie... (...)

Une réalité

Le réchauffement global est une réalité. La température globale de l’air en surface est de 0,75°C plus chaude qu’au début du 20ème siècle. 9 des 10 dernières années (1994 - 2004) sont parmi les plus chaudes que le globe ait connu au cours des 145 années d’enregistrements instrumentaux et que l’hémisphère nord ait connu au cours des 1.000 dernières années.
Le réchauffement observé de la température de surface est cohérent avec d’autres observations telles que la réduction de la couverture neigeuse, le raccourcissement des saisons de gel, le retrait des glaciers et de la glace de mer, l’augmentation de la température des océans, l’élévation globale du niveau de la mer, et l’augmentation de la température et de la vapeur d’eau des couches supérieures de l’atmosphère.
Les changements des valeurs moyennes s’accompagnent d’un changement amplifié des valeurs extrêmes : en attestent l’augmentation des précipitations moyennes à fortes (même dans les régions où les précipitations sont en récession) ; l’augmentation en intensité et durée des sécheresses ; la diminution du nombre de jours de gel ; l’élévation des extrêmes de température journalière ; la réduction du nombre de nuits froides ; etc. La fréquence des tempêtes dans l’Atlantique Nord reste encore dans les seuils de variabilité naturelle, mais on constate une intensité accrue d’ouragans et typhons (catégorie 4 et 5 notamment).

Améliorer les prévisions

La compréhension scientifique du climat permet désormais de montrer sans équivoques que les changements climatiques liés au réchauffement global sont déjà en cours. Les mesures d’atténuation entreprises aujourd’hui ne produiront leurs effets que dans 50 ans. Elles diminueront l’ampleur et le rythme du changement climatique futur, mais elles ne l’arrêteront probablement pas, car le rythme des changements projetés dépasse tout phénomène naturel constaté sur les 10.000 dernières années.
En conséquence, nous devrons nous adapter aux changements climatiques en les planifiant et en améliorant les prévisions de leur déroulement probable. Le choix des actions à entreprendre ne dépend plus de la science mais de nos systèmes de valeurs. Il s’agit d’équité entre générations, d’équilibre entre pays en voie de développement et pays développés, de développement durable, de confiance dans les capacités d’adaptation de la technologie, et d’impacts sur l’économie et l’industrie.

Source : Greenpeace


Pour consulter et télécharger l’intégralité du rapport ou son résumé, rendez-vous sur : http://www.greenpeace.fr/impactsclimatiques/index.html


"Le prix de l’inaction est bien plus élevé"

Mobiliser les citoyens et pousser les décideurs à prendre des mesures courageuses dès aujourd’hui pour prévenir une catastrophe future est difficile tant que les effets locaux du réchauffement global demeurent incertains et mal connus. La canicule de 2003 a certes accéléré la prise de conscience du problème du réchauffement climatique, mais combien d’entre nous appréhendent aujourd’hui de manière exhaustive l’étendue des impacts prévus dans notre pays ?
Pour le directeur général de Greenpeace France, "le réchauffement climatique, induit par l’utilisation massive des combustibles fossiles, est sans conteste le péril environnemental le plus grave auquel l’humanité ait jamais été confrontée". "Les décideurs feignent encore d’ignorer qu’il est urgent d’agir car nous ne disposons que de peu de temps pour contenir l’ampleur d’un phénomène déjà amorcé", estime-t-il avant de préciser que "les politiques récemment adoptées ne sont pas à la hauteur des enjeux et n’ouvrent pas encore la voie vers une société sobre en carbone".
Greenpeace affirme avoir sollicité les meilleurs experts français et internationaux pour contribuer à ce rapport sur les impacts des changements climatiques en France.
Il constitue la dernière synthèse des données scientifiques et socio-économiques disponible sur les menaces climatiques.
"Si la lutte contre les changements climatiques a un coût, le prix de l’inaction est assurément bien plus élevé : telle est l’information que ce rapport porte à la réflexion de chacun", indique Greenpeace.


Changements climatiques futurs globaux

La modélisation globale du climat a fait au cours des dernières décennies des progrès considérables : les modèles actuels sont très différents des modèles utilisés dans le premier rapport du GIEC sans pour autant les infirmer.
Les simulations réalisées dans le cadre du GIEC utilisent les scénarios d’émissions de GES connus du RSSE. Le réchauffement global annoncé pour 2100 par le rapport 2001 se situe dans une fourchette de 1.8°C à 6°C. Cet écart apparemment très grand reflète en fait une incertitude due pour moitié à la physique des modèles et pour moitié aux scénarios d’émissions eux-mêmes. C’est ainsi que la valeur de 1.8°C de réchauffement, correspondant au bas de la fourchette, ne peut être atteinte qu’en supposant à la fois un scénario de stabilisation des émissions en 2100 au niveau de 2000 environ, et un modèle très peu sensible à l’augmentation des GES.
Les changements climatiques ne sont pas uniformément répartis au niveau géographique. Le réchauffement est accentué sur les continents (par comparaison aux océans) et aux hautes latitudes, tendance que l’on retrouve de manière atténuée au niveau européen.
Le système climatique comporte des sous-systèmes qui évoluent lentement, ainsi le relèvement du niveau de la mer de quelques dizaines de centimètres attendu en 2100 dépend très largement des émissions de GES qui ont déjà eu lieu. Des rétroactions amplificatrices du réchauffement telles que le rôle de la végétation dans la capture du carbone, commencent à peine à être prises en compte. Ces effets peuvent ajouter un ou plusieurs degrés au réchauffement global attendu.
Les impacts globaux des changements climatiques d’origine anthropique se traduisent par des effets néfastes sur les écosystèmes naturels ; des dommages liés aux événements climatiques extrêmes sur la santé, les biens et l’environnement ; une inéquité croissante entre pays en voie de développement et pays développés ; des effets défavorables sur la plupart des personnes même lors de faibles réchauffements globaux et le danger de futurs changements à grande échelle du système climatique qui pourraient être désastreux pour la civilisation. Ces impacts s’aggraveront progressivement avec le temps et la poursuite de taux élevés d’émission des GES. Les impacts sur l’Europe se font déjà ressentir : aridité croissante au Sud, inondations aggravées dans le Nord, fonte du permafrost et vagues de chaleur largement répandues.
L’affaiblissement de la circulation thermohaline en Atlantique Nord pourrait causer des changements majeurs au climat européen.
Par ailleurs, plusieurs développements récents indiquent que le réchauffement sera probablement plus rapide que ce qui est projeté dans le rapport de 2001 du GIEC. Dès lors, une approche de type “gestion du risque” exige que les possibilités extrêmes de changements climatiques graves, de grande échelle et irréversibles soient prises en considération.


Principe de précaution

Aujourd’hui le réchauffement est dans une grande mesure “un coup parti”. Cependant, ralentir les émissions nous donne une chance de nous adapter à un coût modéré. La bonne question ne serait pas : "donnez-nous des chiffres des dommages pour voir si cela vaut le coup de faire de grands efforts d’abattement" mais "dites-nous, dans telle ou telle activité, où sont les ruptures possibles, et le prix des politiques de réduction des émissions qui nous permettraient de les éviter ?" Dans ce dernier cas, on reviendrait à une application mieux informée du principe de précaution, en discutant du prix que nos sociétés seraient prêtes à payer pour éviter les évolutions qu’elles ressentiraient comme relevant d’une forme moderne de pari Faustien.


Signaler un contenu

Un message, un commentaire ?


Témoignages - 80e année


+ Lus