Rapport du Groupe de travail I au sixième Rapport d’évaluation du Groupe d’experts intergouvernemental sur l’évolution du climat -9-

Que sont les budgets carbone ?

30 septembre 2022

Il existe plusieurs types de budgets carbone. Le plus souvent, le terme fait référence à la quantité totale nette de dioxyde de carbone (CO2) qui peut encore être émise par les activités humaines tout en limitant le réchauffement climatique à un niveau donné (par exemple, 1,5 °C ou 2 °C au-dessus des niveaux préindustriels). C’est ce que l’on appelle le « budget carbone restant ». Plusieurs choix et jugements de valeur doivent être faits avant de pouvoir l’estimer sans ambiguïté. Lorsque le budget carbone restant est combiné à toutes les émissions de CO2 passées à ce jour, un « budget carbone total » compatible avec une limite spécifique du réchauffement climatique peut également être défini. Un troisième type de budget carbone est le « budget carbone historique », qui est un moyen scientifique de décrire toutes les sources et tous les puits de CO2 passés et présents.

La circulation automobile contribue à la pollution de l’environnement.

L’expression « budget carbone restant » est utilisée pour décrire la quantité totale nette de CO2 que les activités humaines peuvent encore rejeter dans l’atmosphère tout en maintenant le réchauffement climatique à un niveau donné, par exemple 1,5 °C ou 2 °C par rapport aux températures préindustrielles. Les émissions de CO2 dues aux activités humaines sont la principale cause du réchauffement de la planète.
Il est possible de définir un budget carbone résiduel en raison de la manière spécifique dont le CO2 se comporte dans le système Terre. En d’autres termes, le réchauffement climatique est à peu près proportionnel à la quantité totale nette d’émissions de CO2 rejetées dans l’atmosphère par les activités humaines — également appelées émissions anthropiques cumulées de CO2. Les autres gaz à effet de serre se comportent différemment et doivent être pris en compte séparément.

Ce que l’atmosphère peut encore absorber...

Le concept de budget carbone résiduel implique que, pour stabiliser le réchauffement climatique à un niveau donné, les émissions mondiales de CO2 doivent être ramenées à un niveau net nul à un moment donné. L’expression « émissions nettes de CO2 » désigne une situation dans laquelle toutes les émissions anthropiques de CO2 sont compensées par des absorptions anthropiques délibérées, de sorte qu’en moyenne, aucun CO2 n’est ajouté ou retiré de l’atmosphère par les activités humaines. Dans une telle situation, les concentrations de CO2 atmosphérique diminueraient progressivement jusqu’à un niveau stable à long terme, l’excédent de CO2 dans l’atmosphère étant absorbé par les puits océaniques et terrestres. Le concept de budget carbone restant signifie également que, si les réductions des émissions de CO2 sont retardées, des réductions plus importantes et plus rapides sont nécessaires par la suite pour rester dans le même budget. Si le budget carbone restant est dépassé, il en résultera soit un réchauffement climatique plus important, soit la nécessité d’éliminer activement le CO2 de l’atmosphère pour ramener les températures mondiales au niveau souhaité.

40 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en une seule année

L’estimation de la taille des budgets carbone restants dépend d’une série de choix. Ces choix comprennent :
(1) le niveau de réchauffement planétaire qui est choisi comme limite (par exemple, 1,5 °C ou 2 °C par rapport aux niveaux préindustriels) ;
(2) la probabilité avec laquelle nous voulons nous assurer que le réchauffement est maintenu en dessous de cette limite (par exemple, une chance sur deux, deux chances sur trois ou plus),
(3) le degré de réussite de la limitation des émissions d’autres gaz à effet de serre qui affectent le climat, comme le méthane ou le protoxyde d’azote.
Ces choix peuvent être éclairés par la science, mais représentent en définitive des choix subjectifs. Une fois ces choix effectués, pour estimer le budget carbone restant pour un objectif de température donné, nous pouvons combiner les connaissances sur : l’ampleur du réchauffement de notre planète ; l’ampleur du réchauffement par tonne cumulée de CO2 ; et l’ampleur du réchauffement encore attendu une fois que les émissions nettes mondiales de CO2 seront ramenées à zéro. Par exemple, pour limiter le réchauffement climatique à 1,5 °C par rapport aux niveaux préindustriels avec une chance sur deux (50 %) ou sur trois (67 %), les budgets carbone restants s’élèvent respectivement à 500 et 400 milliards de tonnes de CO2 à partir du 1er janvier 2020. Actuellement, les activités humaines émettent environ 40 milliards de tonnes de CO2 dans l’atmosphère en une seule année.

2560 milliards de tonnes de CO2 entre 1750 et 2019 dues aux activités humaines

Le budget carbone restant dépend de l’ampleur du réchauffement de la planète à ce jour. Ce réchauffement passé est dû aux émissions historiques, qui sont estimées en examinant le budget carbone historique — une manière scientifique de décrire toutes les sources et tous les puits de CO2 passés et présents. Il décrit comment les émissions de CO2 dues aux activités humaines se sont redistribuées entre les différents réservoirs de CO2 du système terrestre. Ces réservoirs sont l’océan, la végétation terrestre et l’atmosphère (dans laquelle le CO2 a été émis). La part de CO2 qui n’est pas absorbée par l’océan ou la terre, et qui augmente donc la concentration de CO2 dans l’atmosphère, est à l’origine du réchauffement climatique.
Le bilan historique du carbone nous apprend que, sur les quelque 2560 milliards de tonnes de CO2 qui ont été libérées dans l’atmosphère par les activités humaines entre les années 1750 et 2019, environ un quart a été absorbé par l’océan (provoquant l’acidification des océans) et environ un tiers par la végétation terrestre. Environ 45 % de ces émissions restent dans l’atmosphère. L’ajout de ces émissions historiques de CO2 aux estimations des budgets carbone restants permet d’obtenir une estimation du budget carbone total compatible avec un niveau de réchauffement climatique spécifique.
En résumé, la détermination d’un budget carbone résiduel — c’est-à-dire la quantité de CO2 pouvant être libérée dans l’atmosphère tout en stabilisant la température mondiale en dessous d’un niveau choisi — est bien comprise mais repose sur un ensemble de choix. Cependant, il est clair que, pour limiter le réchauffement en dessous de 1,5 °C ou 2 °C, le budget carbone restant à partir de 2020 est beaucoup plus petit que le total des émissions de CO2 libérées à ce jour.

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