Rajendra Pachauri, Président du GIEC : « Il nous reste sept ans pour inverser la courbe des émissions de CO2 »

10 juillet 2008

« Si vous voulez que le monde change, vous devez incarner ce changement ». C’est par cette phrase attribuée à Gandhi que le président du GIEC, Rajendra Pachauri, a apostrophé les dirigeants des 27 pays membres de l’Union européenne lors du conseil informel des ministres de l’environnement et de l’énergie réunis à Saint-Cloud (Hauts-de-Seine), le vendredi 4 juillet.
Celui qui reçut le Prix Nobel de la Paix 2007, conjointement avec l’ancien vice-président américain Al Gore, après quatre rapports qui tous cherchaient à alerter les opinions publiques sur la réalité du changement climatique, ne cesse de vouloir éveiller les pays riches à la prise de conscience de leur responsabilité dans l’exemple qu’ils doivent donner à tous les pays émetteurs.

Six mois se sont écoulés depuis la conférence de Bali, en décembre 2007 et le constat déjà dressé à ce moment-là par le Prix Nobel était désastreux.
Quinze à seize ans après la Convention cadre des Nations Unies sur les changements climatiques (CCNUCC), proposée à la ratification dès 1992, les mesures préconisées pour réduire les émissions de gaz à effet de serre dans l’atmosphère n’ont pas été suivies d’engagements assez significatifs pour maintenir les facteurs de réchauffement en deçà du seuil critique. « Pour contenir la hausse des températures en deçà de 2°C-2,4°C, qui est selon nos travaux la ligne à ne pas franchir pour ne pas se mettre gravement en danger, il ne nous reste que sept ans pour inverser la courbe mondiale des émissions de gaz à effet de serre. C’est très peu » a déclaré récemment le président du GIEC au journal Le Monde.
Au contraire, les mesures faites en 2006 plaçaient les pays émetteurs - et le reste de la planète entraîné dans leur aveuglement -, dans les pires scénarios établis par le Groupe intergouvernemental sur l’évolution du climat (GIEC). Ces scénarios projettent une hausse des températures de 6,4°C, une augmentation du niveau des océans de près de 60 cm et une concentration en CO2 de 1.550 parties par million (ppm).
Alors que les conséquences de ce réchauffement du climat sont déjà visibles et catastrophiques en plusieurs points du globe (violence des cyclones ou typhons, fonte des glaciers, inondations de bandes côtières et de delta), l’aveuglement qui reste de mise chez les dirigeants des Etats-Unis - seul pays développé à ne pas avoir ratifié le Protocole de Kyoto - ou la tiédeur des pays émergents (Chine, Inde, Brésil...) à programmer leur lutte contre la pauvreté selon un modèle économique différent, montrent que les principales leçons données au monde depuis les années 90 ne sont pas encore pleinement intégrées.
« La première chose que devraient faire les pays riches serait de balayer devant leur porte et de commencer à réduire leurs émissions » avait tempêté Rajendra Pachauri à Bali, devant l’évidence que même les constats et les projections économiquement chiffrés de Sir Nicholas Stern ne suffisaient pas à ramener à un réalisme minimal les pays les plus pollueurs.
Pendant ce temps, la cote d’alerte est déjà atteinte dans certains pays insulaires. Les Maldives, les îles Kiribati, les Bahamas ou les îles Caïman - ces dernières culminant à 20 mètres au-dessus du niveau de la mer - sont directement menacées par l’élévation du niveau des océans, lui-même tributaire notamment de la fonte des glaces. Les îles Kiribati, dont une partie de la population s’est déjà déplacée vers la Nouvelle-Zélande, seraient submergées avant la fin du siècle, selon un scénario présenté comme très vraisemblable.

P. David

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