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par le Dr Raymond Vergès

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« Réchauffement climatique : trop tard ? »

Environnement : Pour quatre ministres, « la maîtrise du changement climatique détermine l’avenir de l’humanité »

samedi 26 juin 2004


’Le Monde’ daté d’hier a publié une tribune du ministre des Affaires étrangères, Michel Barnier, du ministre de l’Écologie et du Développement durable, Serge Lepeltier, du ministre britannique des Affaires étrangères, Jack Straw, et de la ministre d’État britannique de l’Environnement, de l’Alimentation et des Affaires rurales, Margaret Beckett. Son titre est évocateur.


"Il faut avoir le courage de le dire à nos concitoyens : l’accélération du réchauffement climatique est devenue une donnée structurelle de l’évolution de notre planète", indiquent les ministres français et britanniques, "c’est incontestablement le défi majeur auquel l’humanité doit faire face, sur le long terme, pour assurer son avenir". Multiplication des phénomènes climatiques extrêmes, fonte de la banquise, "illustrent les premiers effets du bouleversement climatique".
Un constat confirmé par les études scientifiques. "L’augmentation des concentrations de gaz à effet de serre liées à l’activité humaine a d’ores et déjà engendré des changements climatiques significatifs". "Sans céder aux clichés des films-catastrophes, il faut répéter que l’urgence est là", poursuivent-ils, déplorant que "la volonté collective des États demeure bien trop faible par rapport à la gravité du défi".

"Nous pouvons anticiper"

"Nous pouvons anticiper les conséquences du changement climatique actuel sur l’écosystème et les conditions de vie des générations futures", estiment-ils, "leur coût - sanitaire, économique, écologique - est incalculable, et manifestement bien supérieur au coût économique des mesures visant à maîtriser le phénomène".
Dans l’immédiat, les objectifs sont "d’assurer que l’Europe remplisse les engagements pris à Kyoto" et de maîtriser la croissance des gaz à effet de serre dans les années à venir. Les quatre membres de gouvernement affirment que "la France et le Royaume-Uni sont déterminés à y contribuer. Ils souhaitent l’entrée en vigueur du protocole de Kyoto, signé en 1997, et respecteront leurs engagements chiffrés, malgré les réticences de certains États".
"Dans une seconde étape, il faudra amorcer une réduction des gaz à effet de serre dans l’atmosphère. Ce n’est qu’à ce prix que notre civilisation pourra continuer sa route, grâce à un développement contrôlé, au service de l’Homme", insistent les quatre ministres, "la maîtrise du changement climatique détermine l’avenir de l’humanité".

La responsabilité personnelle des dirigeants politiques

"La responsabilité collective des États comme la responsabilité personnelle des dirigeants politiques sont engagées", poursuivent-ils, "et la poursuite de la concertation internationale s’impose comme une nécessité absolue".
"La tâche est immense. L’enjeu, pour les gouvernants et la société civile, est de se mobiliser, par-delà les cycles de la vie politique, par-delà les échéances de court terme et les préoccupations du moment".
Et d’évoquer plusieurs moyens de faire face à ce défi : "c’est à nous qu’il incombe de maîtriser en premier notre consommation énergétique ; de faciliter les transferts technologiques, en matière d’énergie renouvelable notamment ; de soutenir, sur les plans financier et technique, les initiatives des pays en développement".
"Ces initiatives sont nombreuses et sources d’espoir", poursuivent les ministres qui citent en exemple la Chine qui a présenté au début du mois "un programme national d’action visant à porter à 10% la part des énergies renouvelables dans sa production d’électricité à l’horizon 2010". Les actions du Brésil et de la Corée du Sud sont également saluée.

"Faisons vite !"

"En France, l’Assemblée nationale vient de voter la Charte qui accorde au droit de l’environnement une valeur constitutionnelle", rappellent les signataires de la tribune, "le Royaume-Uni, qui assumera la présidence du G8 en 2005, a inscrit comme ses deux principales priorités le changement climatique et l’Afrique".
Les quatre ministres affirment que leurs gouvernements "sont fermement engagés, avec leurs partenaires de l’UE", à relever le défi crucial du réchauffement climatique. "Solidaires, ils sont pleinement conscients de l’urgence de l’action et résolus à mobiliser autour d’eux la communauté internationale", précisent-ils avant de conclure sur un appel : "ensemble, relevons ce défi. Convainquons nos partenaires et amis. Il est aujourd’hui grand temps d’agir. Faisons vite !".


Extraits de la tribune des quatre ministes

Accélération sans précédent
"Alors que le réchauffement naturel de la terre évoluait à un rythme très lent depuis des dizaines de milliers d’années, la croissance exponentielle de la consommation énergétique mondiale a bouleversé l’ordre des choses.
Le réchauffement climatique s’est emballé, évoluant 100 fois plus vite que son rythme naturel. Les scientifiques tablent sur un réchauffement de 1,4 à 5,8 degrés à l’horizon 2100, même si des mesures de grande envergure visant à réduire les émissions de gaz à effet de serre étaient prises dans les prochaines années.
N’oublions pas qu’il a suffi au cours de la période glaciaire d’une variation de seulement 5 degrés pour que l’ensemble de l’Europe du Nord, la Grande-Bretagne comprise, soit recouverte de glaciers de plusieurs kilomètres d’épaisseur..."

Rendre la croissance éco-compatible
"Pour que cette prise de conscience s’opère, dissipons d’abord certains malentendus. D’aucuns affirment que la croissance ne pourrait aller de pair avec la protection de l’environnement. Prise comme un principe absolu, cette idée est fausse. Ce qui compte, c’est de rendre la croissance éco-compatible en continuant à faire évoluer nos modes de production et de consommation. C’est le développement durable.
De 1990 à 2002, le Royaume-Uni a réduit ses émissions de 15% et a connu dans le même temps une croissance de 30%. L’Allemagne, qui s’est fermement engagée sur la voie des énergies renouvelables, a investi dans des technologies de pointe avec un retour sur investissement important. Quant à la France, elle se situe toujours parmi les pays développés dont les émissions de gaz à effet de serre par habitant sont de loin les plus faibles, du fait notamment de sa politique énergétique. Enfin, des entreprises de plus en plus nombreuses, partout dans le monde, intègrent concrètement une dimension environnementale dans leur stratégie de développement".

"Une réponse internationale solidaire"
"Phénomène global, le changement climatique n’en aura pas moins des conséquences différenciées selon les régions du monde. Pour des raisons géographiques, pour des raisons liées au niveau de développement, les pays du Sud - et en particulier l’Afrique et les petits États insulaires - seront les premiers touchés par les conséquences du changement climatique. Ce défi nécessite donc une réponse internationale solidaire, et en premier lieu de la part des États industrialisés, qui portent, rappelons-le, une responsabilité historique dans les émissions de gaz à effet de serre".


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