Après la conférence mondiale sur le climat

Renforcer la solidarité entre les peuples du monde

9 mai 2007

La conférence mondiale sur le climat vient de se terminer sur une importante conclusion : il est possible de lutter contre les émissions de gaz à effet de serre à un coût raisonnable. Dans ce combat, La Réunion est en première ligne. Sa politique énergétique régionale visant à l’autosuffisance dans la production d’électricité à partir des énergies renouvelables est souvent citée en exemple au plus haut niveau. De par son statut de région de l’Union européenne, et par sa position géographique, notre île peut également être un pôle de transferts de technologie, pour que les pays pauvres confrontés à l’accroissement de leur population puissent aussi avoir droit au développement, tout en préservant l’environnement des générations futures.

La limitation possible des émissions de gaz à effet de serre à un coût raisonnable souligne l’importance de favoriser les transferts de technologie dans les domaines des économies d’énergie et des énergies renouvelables, telle est un enseignement de la dernière conférence mondiale sur le climat de Bangkok.
Vendredi dernier, les scientifiques du Groupe intergouvernemental d’expert sur l’évolution du climat sont arrivés à un accord. Ils réaffirment tout d’abord que les vingt à trente prochaines années seront décisives pour atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Ce dernier phénomène est considéré comme principal responsable du changement climatique. Il trouve son origine dans l’utilisation massive de sources d’énergie fossile (pétrole et charbon) pour assurer le développement.

Sur fond d’accroissement démographique

L’autre conclusion marquante du GIEC dans son rapport est la possibilité de prendre des mesures pour lutter contre ces émissions. Des mesures qui ont un coût « relativement modéré », selon le président du GIEC, Rajendra Pachauri.
Il est à noter que c’est au cours des vingt à trente prochaines années que la population de La Réunion va continuer à croître de manière significative pour atteindre le million d’habitants. La majorité des pays du monde, celle qui comprend les pays les plus pauvres, est également dans ce cas. Cela souligne une conjonction de deux périodes. C’est en effet au moment où le monde voit sa population augmenter considérablement que se situe la dernière chance d’atténuer les émissions de gaz à effet de serre. Autrement dit, si aucune mesure n’est prise pour limiter l’utilisation de pétrole et de charbon, la machine climatique va s’emballer de façon irrémédiable. Nul doute que les conséquences seraient très négatives pour toutes les civilisations, avec une inégalité notable. Les pays les plus pauvres sont ceux qui ont le moins de moyens de se prémunir contre les effets du changement climatique. Ce sont eux qui risquent de payer le prix fort, alors qu’ils sont déjà pris par l’urgence de sortir de la misère.

Compétences techniques et institutionnelles

Dans ces conditions, la conclusion du GIEC est essentielle. Il est en effet possible de prendre des mesures ayant un coût raisonnable pour lutter contre l’effet de serre.
Il est à souligner que dans ce domaine, La Réunion a un rôle pionnier. Depuis plusieurs années, la Région a en effet pris l’initiative de lancer un vaste programme énergétique. Combinant les économies d’énergie et la production d’électricité à partir d’énergies renouvelables, cette volonté se traduit dans le PRERURE, document à partir duquel se construisent les bases de l’autosuffisance énergétique à l’horizon du million d’habitants.
Par ailleurs, sur la question de l’adaptation aux changements climatiques, La Réunion est aussi en première ligne. Rappelons que Paul Vergès a été l’initiateur d’une loi faisant de la lutte contre l’effet de serre une cause nationale. Cette loi a permis la création de l’Observatoire national sur les effets du réchauffement climatique (ONERC). Présidé par Paul Vergès, cet institut vise notamment à intégrer la prise en compte de l’impact du changement climatique dans toute politique, et de souligner l’importance des mesures d’adaptation.

Amplifier la solidarité

Région européenne dans l’Océan Indien, pionnière dans la lutte contre le changement climatique, que cela soit sur le plan technologique que sur le plan institutionnel, La Réunion a un rôle de premier plan à jouer dans la mise en œuvre de transferts de compétences dans ces domaines vers les pays de la région.
Cela répond à une demande forte qui a émergé lors de la conférence de Bangkok. Confronté à l’obligation de produire davantage d’énergie pour tenter de se développer, les pays du Sud consomment davantage d’énergies fossiles. Or, parmi les questions en débat la semaine dernière, celle de ces transferts était au premier plan. En effet, puisque des technologies permettant de produire de l’énergie sans émettre des gaz à effet de serre existent. Sachant qu’elles tendent à aller vers un coût raisonnable, il est alors essentiel de favoriser le transfert de ces technologies vers les peuples qui en ont besoin de toute urgence.
Tout ceci explique l’importance d’amplifier les échanges avec les peuples voisins. La mise en œuvre d’un co-développement dans notre région est le reflet de ce que doivent être des relations entre les peuples du monde animées par une démarche de progrès. Des relations où prime d’abord la solidarité, condition pour garantir aux générations futures le droit de vivre dans un environnement propice au développement.

Manuel Marchal


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