Élie Hoarau, député au Parlement européen

« Repenser le modèle de développement économique »

18 décembre 2009

Le secrétaire général du Parti communiste réunionnais analyse les raisons qui amènent les pays riches à faire des propositions jugées très insuffisantes par les représentants des pays en voie de développement.

Qu’est qui, d’après vous, peut expliquer que les propositions de l’Europe sont loin de correspondre à celles des représentants de 80% de l’humanité ?

- D’après moi, c’est un refus de voir que les changements climatiques sont la conséquence d’un mode de développement économique, utilisé par l’Occident depuis le 19ème siècle.
Si l’on veut arriver à des solutions efficaces pour ne pas aggraver la situation, voire pour inverser le processus, alors il est nécessaire de repenser le modèle de développement économique.
C’est le pas décisif qu’il conviendrait de faire, et que les responsables politiques et économiques de l’Occident ne sont pas prêts à accomplir.
C’est là que se situe le débat de fond. Et à défaut de l’engager, on se contente de demi-mesures dans l’espoir d’atténuer les craintes de l’opinion mondiale. Mais ces demi-mesures restent bien en deçà des exigences reconnues par les scientifiques, elles ne correspondent pas aux besoins réels et aux décisions nécessaires et efficaces pour atteindre les objectifs.

Les pays du Sud exigent le paiement par l’Occident de la "dette climatique". Comment La Réunion peut-elle se situer dans ce débat ?

- Nous exprimons notre solidarité vis-à-vis des pays les plus pauvres qui sont ceux qui émettent le moins de gaz à effet de serre, mais qui sont les plus touchés par les conséquences du réchauffement climatique.
La nécessité d’une aide est une exigence de justice, de morale. Le besoin de réparation a été chiffré de manière concrète.
Les propositions faites par les pays développés sont bien en deçà des besoins réels. Quand l’Union Européenne annonce 7,2 milliards d’euros par an jusqu’à 2012, elle peut dire qu’elle offre quelque chose par rapport à d’autres pays développés qui n’ont encore rien annoncé.
Force est de constater que cela est bien loin des 100 milliards d’euros estimés pour les besoins de réparation des pays pauvres.
À La Réunion, nous sommes situés dans l’hémisphère Sud, nous sommes proches des pays pauvres et sous-développés. Ce qui explique notre sensibilité plus grande vis-à-vis de ce qui touche ces pays.

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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