Hubert A. Ingraham, Premier ministre des Bahamas

« Seule une réponse collective au changement climatique garantira la sécurité et l’intégrité des pays les plus vulnérables »

28 décembre 2009, par Manuel Marchal

Le 17 décembre 2009 à Copenhague, Hubert A. Ingraham, Premier ministre des Bahamas s’est adressé aux chefs d’États et de gouvernement et à l’ONU pour souligner les conséquences catastrophiques du changement climatique sur son pays, alors que les Bahamas émettent une quantité négligeable de gaz à effet de serre. Voici le texte de son discours, avec des intertitres de ’Témoignages’.

« M. le Président,
Chers collègues,

Les Bahamas joignent leur voix avec celles des États qui ont le même point de vue, pour un accord politique fort à Copenhague qui provoquera une réduction mondiale des émissions de gaz à effet de serre.
Un ingrédient essentiel à la réussite sera le financement qui permettra au monde en développement de prendre des mesures pour atténuer les conséquences du changement climatique et de mettre en œuvre des technologies pour réduire les émissions de gaz à effet de serre.
À cette fin, nous avons l’espoir d’arriver ici à un accord, avant qu’à la mi-2010 soit adopté un accord contraignant.
Les émissions de gaz à effet de serre des Bahamas sont négligeables. Les Bahamas souffriront des conséquences catastrophiques si les émissions ne sont pas stabilisées et réduites. Les Bahamas sont le 5ème plus vulnérable pays face à la montée du niveau de la mer.
Une hausse de la température de 2 degrés signifiera une hausse de 2 mètres du niveau de la mer, et submergera 80% de notre territoire. Cela affectera gravement la santé de notre barrière corallienne ; d’où notre fort soutien à la revendication de l’AOSIS : "1,5 degré pour rester en vie".

Des engagements insuffisants

Les engagements annoncés jusqu’ici sont inadéquats et insuffisants pour provoquer une réduction des gaz à effet de serre, même seulement pour un niveau de stabilisation.

Et quand bien même, si le monde développé devait atteindre ses objectifs annoncés en termes de réductions des émissions de gaz à effet de serre, et que le monde en développement continue sa croissance, la réduction sera insuffisante. La température de la planète est en train d’augmenter jusqu’à peut être 4 degrés, ce qui générera plus de conséquences néfastes pour les petites îles et les États côtiers.

M. le Président,
Les Bahamas subissent la répétition d’attaques par des ouragans tropicaux plus intenses et plus destructeurs. La houle cyclonique et les inondations nécessitent des réparations régulières, dont le coût se chiffre en plusieurs centaines de millions de dollars.
Un lent processus continue d’éroder les rivages, de polluer les nappes phréatiques et d’augmenter la température de la mer, ce qui a pour conséquence une large dégradation de notre barrière corallienne.

Des financements pour le transfert de technologie

Les Bahamas ne sont pas une île, mais une famille d’îles, avec des besoins d’adaptation pour centres urbains, mais aussi pour des îles peuplées par quelques familles.
Trouver des mesures appropriées d’adaptation est vital. Nous avons déjà l’expérience du relogement d’une communauté toute entière, de Crossing Rock à Abaca, à la suite de l’impact d’un ouragan dévastateur.

Nous demandons au monde développé de soutenir les efforts des petits États insulaires vulnérables, par un accès simplifié au financement de la modernisation de notre infrastructure électrique, pour produire de manière plus intelligente, pour adopter les énergies renouvelables, pour mettre en œuvre une planification écologique rationnelle et le développement de stratégies de protection pour les côtes et les zones humides.
Nous demandons en particulier que les mécanismes de financement pour l’atténuation et l’adaptation comprennent un compte spécial pour les îles et États côtiers vulnérables.

Une menace à laquelle nous faisons tous face

Je ne peux pas minimiser l’importance et l’urgence du développement de mécanismes spécifiques afin que des pays comme les Bahamas puissent accéder à un renforcement de leurs capacités, grâce à des mesures innovantes et écologiquement rationnelles.

Seule une réponse collective au changement climatique garantira la sécurité et l’intégrité des pays les plus vulnérables, une réponse collective et exhaustive que nous souhaitons incluse dans le résultat de cette rencontre.

En conclusion, les Bahamas, reconnaissant que le changement climatique est une menace à laquelle nous faisons tous face, s’engagent à collaborer avec la famille des nations pour garantir notre survie et la survie de l’humanité dans un modèle de développement durable pour la planète Terre.

A la Une de l’actuConvention-cadre des Nations-Unies sur le changement climatique

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