Le moment décisif de la conférence de Copenhague a eu lieu le 19 décembre à 3 heures 20 du matin, lorsque le délégué de Tuvalu a dit ceci : « M. le Président, notre futur n’est pas à vendre. J’ai le regret de vous informer que Tuvalu refuse d’accepter ce document ».
Tuvalu a refusé de signer. Ce pays a été aussitôt soutenu par le Venezuela, la Bolivie, Cuba. Il suffisait qu’un seul pays ne mette pas sa signature sur l’Accord de Copenhague pour que ce dernier soit rendu nul et non avenu.
Le président de la Conférence pensait faire une brève présentation du texte, suspendre la séance pendant une heure, le temps que tout le monde en prenne connaissance puis passer au vote. Il a été rappelé à l’ordre par les représentants de nombreux pays qui ont demandé la parole. Car le texte dit "Accord de Copenhague" n’est pas le résultat d’un consensus, c’est la conclusion de discussions d’un groupe de pays dont la représentativité est loin d’être unanimement reconnue.
Résultat : la tactique du passage en force a échoué.
Tuvalu a appris l’existence d’un accord à la télévision, et qui plus est, cet accord signifie la fin des îles Tuvalu. Deux degrés d’augmentation de la température vont faire suffisamment monter le niveau de la mer pour engloutir Tuvalu et d’autres pays insulaires.
« Nous travaillons sous les auspices des Nations Unies, le secrétaire général de l’ONU est à vos côtés à la tribune », a dit le représentant de Tuvalu au président de la conférence, le Premier ministre du Danemark. À l’ONU, « nous travaillons de manière collective. Mais nous avons appris à la télévision qu’il y a un accord. Les négociations par médias sont peut être la norme dans certains pays, mais nous, nous respectons la démocratie ».
Pour la survie de Tuvalu, la température ne doit pas augmenter de plus de 1,5 degré, alors que "l’Accord de Copenhague" prévoyait deux degrés. « Nous n’avons pas de garantie que le Protocole de Kyoto continue au-delà de 2012 », a-t-il dit en substance.
Pour mémoire, Tuvalu a proposé depuis plus de six mois un amendement au Protocole de Kyoto qui prévoit une baisse des émissions de gaz à effet de serre de 45% d’ici 2018.
Tuvalu indique que l’accord prévoit un fonds d’adaptation. Mais son représentant ajoute aussitôt : « M. le Président, notre futur n’est pas à vendre. J’ai le regret de vous informer que Tuvalu refuse d’accepter ce document ».
La décision de Tuvalu signifie la fin de "l’Accord de Copenhague".
Aussitôt, le Venezuela, la Bolivie, Cuba, le Costa-Rica soutiennent Tuvalu. Le Venezuela dit au Premier ministre du Danemark qu’il aura à assumer ce « Coup d’État » contre les Nations Unies.
De vendredi matin à samedi matin, soit durant plus de 31 heures non-stop, l’Occident allait utiliser tous les moyens à sa disposition pour imposer sa vision. Retours en images sur le fil de cette dernière journée décisive.